Les médiateurs ont proposé dimanche soir un « projet d’accord politique de sortie de crise » au Burkina Faso, prévoyant de restaurer le président Kafando, renversé jeudi par un coup d’Etat militaire, et d’amnistier les putschistes.
Les négociations se sont poursuivies toute la journée, le dimanche 20 septembre à Ouagadougou. La médiation, conduite par les président sénégalais et beninois, a finalement proposé dans la soirée un « projet d’accord politique de sortie de crise » au Burkina Faso. Il prévoit de restaurer le président Kafando, renversé jeudi par un coup d’État militaire, et d’amnistier les putschistes.
Par ailleurs, cet accord, qui devrait être présenté mardi à l’Union africaine (UA) à l’occasion d’une session extraordinaire, prévoit de maintenir les élections législatives et présidentielle, au plus tard le 22 novembre, et d’y inclure les candidats pro-Compaoré exclus ces derniers mois suite à une loi votée par l’Assemblée intérimaire.
Le projet d’accord a été lu peu après 18H30 (locales et GMT) par le président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Kadré Désiré Ouedraogo.
Il prévoit la « restauration des institutions de la transition et du prédisent Kafando », la « libération sans condition de toutes les personnes détenues suite aux événements », « l’acceptation du pardon et une loi d’amnistie sur les événements consécutifs au coup d’État ». Cette loi devra être votée avant le 30 septembre.
« Poursuite du processus électoral »
En outre, le texte préconise la « poursuite du processus électoral » au plus tard le 22 novembre, alors que jusqu’ici, les élections étaient fixées au 11 octobre.
Point important répondant au mécontentement des militaires putschistes, la proposition prévoit que « les personnes dont les candidatures ont été invalidées seront autorisées à participer aux prochaines élections ».
Le sort du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), à l’origine du coup d’État jeudi et dirigé par le général Gilbert Diendéré, un proche de Blaise Compaoré, est quant à lui « laissé à l’appréciation du président issu des prochaines élections ». Depuis plusieurs mois, la société civile réclame la dissolution de cette troupe forte de 1 300 hommes.
Le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Cédéao, a annoncé que cette solution serait proposée mardi à l’UA lors d’un sommet extraordinaire.
Le porte-parole des organisations de la société civile, Me Guy-Hervé Kam, a pour sa part jugé « honteux » le projet d’accord, laissant augurer de nouvelles tensions dans les heures et les jours qui viennent.
« C’est honteux ce qu’a proposé la Cédéao, j’ai honte d’être Africain », a déclaré Me Kam visiblement très en colère à l’énoncé de ce texte qui prévoit la participation aux élections des partisans du président Compaoré renversé l’an dernier par la rue.
Me Kam est reparti sans faire plus de déclarations. « On a oublié les morts », a lancé une femme de son entourage alors qu’elle quittait l’hôtel avec d’autres représentants de la société civile.
Selon un bilan hospitalier, les violences qui ont accompagné le coup d’État ont fait au moins 10 morts et 113 blessés.
Me Kam est le porte-parole du « Balai citoyen », un mouvement en pointe dans le soulèvement populaire contre Blaise Compaoré en 2014 qui a mené à la chute de l’ancien président après 27 ans de pouvoir.
Macky Sall a de son côté lancé « un appel pressant au calme et à la non-violence » : « N’allumons pas un feu que nous ne pourrons pas éteindre », a mis en garde le chef d’État sénégalais.
« Deux issues s’offrent à nous, a-t-il prévenu: celle que nous souhaitons tous (…), celle de la paix et de la concorde par le compromis, et la deuxième qui mène vers l’impasse (…), dans la violence et le chaos. Dieu nous en garde ! » On pourrait alors « compter non pas les bulletins de vote mais les morts et les blessés ».
Avec AFP