Guinée-Conakry : L’affrontement de militants rivaux survenu il y a quelques jours dans la ville de Koundara, suivi de plusieurs arrestations, semble devenir le centre d’une nouvelle crise en Guinée à la veille du scrutin présidentiel.
La tension commence déjà à monter chez l’UFDG, principal parti d’opposition.
L’UFDG déplore vivement la réaction partisane des autorités administratives qui, au lieu de poser des actes d’apaisement pour ramener le calme dans la cité, se sont lancées dans une véritable chasse à l’homme contre les membres de sa Fédération de Koundara. Sur ordre du Préfet, les forces de l’ordre recherchent les responsables de l’UFDG à travers la ville et ont déjà procédé à l’arrestation de nombreux d’entre eux et à leur incarcération dans des lieux de détentions non-conventuelles comme le Camp militaire. Paradoxalement, aucun membre du RPG arc-en-ciel n’est inquiété. Ce sont d’ailleurs des responsables du parti au pouvoir qui servent d’indicateurs aux forces de l’ordre pour localiser les domiciles des personnes interpellées » lit-on dans une déclaration publiée vendredi.
Pour le parti de Cellou Dalein Diallo qui poursuit sa campagne électorale, « 37 (trente-sept) d’entre eux sont déjà transférés a Boké en vue d’un jugement expéditif dans le cadre d’une procédure judiciaire bâclée, destinée à justifier leur condamnation et leur détention. »
L’ong Amnesty International, traitant ce dossier, soutient que « selon des témoignages recueillis par Amnesty International plusieurs responsables de l’opposition arrêtés n’auraient pas pris part à ces violences et auraient appelé le reste des militants au calme. »
Mieux, l’organisation des droits de l’Homme note que « Ces membres de l’opposition ont été inculpés pour incendie volontaire, destruction d’édifices publics et coups et blessures volontaires, et sont détenus à la prison centrale de Boké située à 250 Km de leur lieu d’arrestation, loin de leurs familles, et sans accès à des avocats. Certains d’entre eux, souffrant de maladie, n’ont également pas accès aux traitements médicaux dont ils ont besoin. »
De son côté, »l’UFDG met en garde le Gouvernement contre ce déni de justice et intime aux autorités de procéder à la libération immédiate de ses responsables et militants. Elle attire l’attention sur la gravité de ces provocations qui font courir des risques réels de dérapages à la campagne électorale en cours.«
Francois Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest chez Amnesty International, appelle les autorités à « l’ouverture d’une enquête impartiale » afin de mieux éclairer ce dossier.
Une enquête impartiale doit être ouverte pour faire la lumière sur tous les actes de violence notés à Koundara, les responsables identifiés et traduits en justice. Les autorités doivent aussi veiller à ce que ceux qui sont arrêtés alors qu’ils n’avaient rien à voir avec les actes de violence soient immédiatement libérés», a déclaré François Patuel.
« Les autorités doivent garantir les droits humains de tous, indépendamment de leurs opinions politiques, et les protéger contre les arrestations arbitraires. De leur côté, les responsables de partis politiques et leurs militants doivent s’assurer que leurs réunions et manifestations restent pacifiques» a-t-il fait remarquer.