Ouagadougou – Selon la justice burkinabè, l’ex-chef d’État ferait l’objet d’un mandat d’arrêt international dans le cadre de l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara.
Soupçonné depuis 30 ans
Au moment même où la dépouille supposée de l’ancien président Thomas Sankara n’a pas révélé de traces d’ADN, l’enquête prend une autre tournure. « Il y a un mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré », chassé du pouvoir en 2014 et qui vit en exil en Côte d’Ivoire. La justice burkinabè indique également que le président déchu était inculpé d' »assassinat », d' »attentat » et de « recel de cadavre ». Le capitaine Thomas Sankara, arrivé au pouvoir lors d’un putsch en 1983, a été tué le 15 octobre 1987 avec 12 autres responsables lors d’un coup d’État qui porta au pouvoir Blaise Compaoré. Les dépouilles supposées de l’ancien président Thomas Sankara et de ses frères d’armes se trouvent dans le cimetière de Dagnoën à Ouagadougou.
Les corps ont été exhumés fin mai afin de lever le voile sur le mystère entourant les circonstances de la mort du « père de la révolution » burkinabè. Les résultats de l’autopsie livrés mi-octobre 2015 indiquent que la dépouille du président Sankara était « criblée de balles ».
L’enquête sur la mort de Sankara a été ouverte fin mars 2015, après la chute de Compaoré en octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir. Le sujet de sa mort était tabou pendant l’ère Compaoré, ancien frère d’armes de Sankara parfois soupçonné d’avoir commandité son assassinat. Selon des sources judiciaires, ce mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré qui est en exil depuis sa chute en fin octobre en Côte d’Ivoire remonte depuis début décembre.
Une enquête, plusieurs perspectives
Dans le même temps le général Gilbert Dienderé, poursuivi dans cette même affaire, a été présenté ce jour au tribunal militaire à Ouagadougou, pour « attentat », « assassinat » et « recel de cadavre ». C’est autour de 10 heures que le général, détenu depuis deux mois à la maison d’arrêt et de correction des armées (Maca), a été conduit devant le tribunal militaire. Reste désormais à savoir si le régime ivoirien d’Alassane Ouattara, jugé proche de Compaoré, livrera à la justice du Burkina Faso son hôte burkinabè. Après des années de blocage judiciaire, l’enquête pourrait connaître une avancée décisive avec la convocation des protagonistes directs de cette affaire.
Sur les réseaux sociaux, l’annonce de ce mandat fait réagir, car elle arrive au moment même où se célèbre l’anniversaire de la naissance de Thomas Sankara : le 21 décembre 1949.
LepointAfrique