Paradoxe, c’est ce qui résume le mieux la situation de la Guinéenne de l’électricité ! Après deux années d’investissement, les résultats restent en dessous des attentes.
Preuve, ces derniers jours, les manifestations de rue se sont multipliées dans la capitale pour tirer à boulets rouges sur la Coordination générale de l’EDG, mise en place par l’Administration Condé pour apporter du sang neuf à ce secteur si stratégique..
« EDG Zéro », c’est le slogan partagé par les quartiers de Dixinn, Ratoma, Kipé, Bambéto et Matoto etc. Certains citoyens barricadant les voies publiques, s’en ont pris par exemple à Kipé Dadia aux locaux de l’Agence EDG qu’ils ont réussi à cadenasser. D’autres, multipliant des actes de vandalisme, ont provoqué des préjudices importants aux travailleurs qui revenaient des bureaux.
Pourtant, depuis 2010, des efforts ont été déployés par le gouvernement pour l’amélioration de la desserte du courant électrique dans la ville Conakry. Le ministre secrétaire de la présidence de la République, s’est donné la peine de revenir week -end dernier sur les grands chantiers du gouvernement au niveau de ce secteur. Selon Naby Youssouf Kiridi Bangoura, une capacité de 100 MW, puis 12 MW sont entrain d’être ajoutées au réseau électrique. Pour des installations électriques posées en 1990 et le nombre de citoyens résidents de nos jours à Conakry, il trouve un fossé.
« On s’est rendu compte que le système de transport de cette capacité de production n’est pas suffisant pour satisfaire les besoins des populations de Conakry » argumente-t-il. La capitale Conakry compterait actuellement près de 3 millions d’âmes.
Par ailleurs, Kiridi soutient que plus de 500 transformateurs sont installés dans les quartiers de la capitale et 200 kilomètres de ligne tirés dans toutes les banlieues en l’occurrence Matoto et Ratoma. Même les clients de l’EDG acceptent désormais de payer leurs factures. Le taux de recouvrement de la société, estime Bangoura, est passé de 5 à 22 milliards mensuels. Contrairement à ce que soutient le chargé de communication de l’EDG, Laye Kouyaté.
« Tous ces efforts sont faits à court terme. A long terme, la solution c’est l’hydro-électricité. Le barrage de Kaléta est en chantier et évolue au rythme voulu » précise le porte-parole du Chef de l’Etat. Lequel invite la population à la patience car « l’on ne peut rien réussir sans souffrance. »
Mais face aux mouvements spontanés de descente des citoyens irrités par l’obscurité, le Chef de l’Etat guinéen, Pr Alpha Condé, était obligé de prendre les taureaux par les cornes. Vendredi 22 mars, il a annoncé la création d’une structure de mesure transitoire chargée de la surveillance et du contrôle financier de l’EDG. Cet organe, en croire les dispositions du décret présidentiel, devrait instaurer un système de gestion transparente des fonds alloués à la société pour la fourniture du courant électrique.
Le nouveau comité de gestion composé d’un Coordinateur général et de deux coordinateurs adjoints, est directement placé sous la tutelle du ministère de l’Energie, et chargé d’assurer une amélioration progressive de la fourniture de l’électricité et des performances techniques, commerciales et financières.
Cette démarche du pouvoir de Conakry prépare la voie à un recrutement d’un partenaire stratégique dans le cadre d’un contrat de gestion de la société. Ce qui ne serait pas une nouveauté pour cette compagnie dont la gestion a été auparavant confiée aux étrangers.
Cet acte présidentiel montre de manière éloquente que la gestion des finances de la guinéenne de l’électricité est peu catholique. Et si l’Etat auditait cette entreprise ?