Le président Barack Obama a cherché jeudi à consoler Boston endeuillée et rassurer un pays inquiet, promettant de « finir la course », après le double attentat du marathon dont l’enquête se concentre notamment sur deux hommes que le FBI cherche à identifier.
Lors d’une émouvante cérémonie religieuse oecuménique dans la cathédrale de la Sainte Croix, pleine à craquer, M. Obama a rendu hommage aux trois morts et 180 blessés de l’attentat, mais aussi promis que les enquêteurs trouveraient les auteurs de cette « violence insensée » et les traduiraient en justice.
« Oui, nous vous retrouverons, et oui, vous ferez face à la justice », a déclaré le président, trois jours après le carnage qui a fait trois morts et quelque 180 blessés, traumatisant la capitale de Massachusetts et ravivant aux Etats-Unis le souvenir du 11-Septembre.
« Nous avons peut-être momentanément perdu l’équilibre, mais nous allons nous relever, et nous repartirons. Nous finirons la course », a-t-il ajouté, applaudi debout par une foule extrêmement émue.
L’ancien candidat à la présidentielle Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts (2003-2007) était présent, ainsi que de nombreux élus locaux et membres des opérations de secours.
M. Obama, qui était accompagnée de sa femme Michelle, vêtue de bleu, devait ensuite rencontrer des personnels de secours et bénévoles accourus lundi sur place pour prendre soin des blessés.
Dans l’enquête en cours, les enquêteurs n’ont pas communiqué depuis mardi.
Mais lors d’une audience au Congrès à Washington, la secrétaire intérieure à la Sécurité Janet Napolitano a évoqué jeudi des « personnes » auxquelle s’intéressent les enquêteurs. « Nous avons besoin de l’aide du public pour localiser ces personnes », a-t-elle déclaré, se refusant à « les caractériser techniquement comme des suspects ».
Plusieurs médias américains, dont le Boston Globe, ont évoqué deux hommes, repérés sur des images de caméras de surveillance, et qui portaient chacun un sac noir, près du lieu des deux explosions quasi-simultanées qui ont eu lieu, à environ 100 mètres l’une de l’autre, près de la ligne d’arrivée du marathon.
La chaîne de télévision CBS affirme que l’un d’eux parlait sur son téléphone portable après avoir déposé son sac, et que les enquêteurs ont pu identifier le téléphone et retrouver le nom qui y est associé. Sans que l’on sache si c’est l’homme qui l’utilisait.
Un porte-parole du FBI a toutefois souligné que les enquêteurs n’avaient « pas diffusé au public d’images d’individus en liaison avec l’enquête », et que « les images qui ne proviennent pas du FBI ne doivent pas être considérées crédibles. Tout ce qui n’est pas publié par nous est de la pure spéculation », a-t-il ajouté. « L’enquête est en cours, et nous irons là où elle nous mènera ».
Une ville très nerveuse
Et dans Boston très nerveuse, où des fausses alertes ont conduit mercredi à évacuer le tribunal fédéral et un hôpital, les enquêteurs n’ont encore arrêté personne.
Les enquêteurs travaillent « de manière très méthodique, très rigoureuse », avait souligné mercredi soir le gouverneur du Massachusetts Deval Patrick. « Cela va être lent », a-t-il ajouté, appelant les Américains à la patience.
Trois jours après le plus grave attentat commis aux Etats-Unis depuis le 11-Septembre, les enquêteurs n’ont encore ni motif, ni revendication, et aucune hypothèse n’est privilégiée, entre terrorisme international ou intérieur.
Mais ils ont une idée plus précise de la composition des bombes artisanales qui ont ensanglanté le centre de Boston, où des dizaines de milliers de personnes étaient massées sur le parcours du marathon annuel, traditionnellement une grande fête populaire.
Les bombes avait été assemblées dans des cocottes-minute de 6 litres, et un des couvercles a été retrouvé sur le toit d’un hôtel de six étages à proximité, témoignant de la force de l’explosion.
Les enquêteurs ont retrouvé des lambeaux d’un sac noir, un morceau de cocotte minute tordu par le souffle de l’explosion, des clous des billes métalliques qui avaient été ajoutés aux bombes pour en maximiser l’impact, et ce qui ressemble à un morceau de circuit électronique.
Les deux bombes avaient explosé à 12 secondes d’intervalle, à une centaine de mètres de distance, près de la ligne d’arrivée du célèbre marathon annuel, couru cette année par 23.000 personnes.
Parmi les 180 blessés, une dizaine ont dû être amputés, certains des deux jambes, en raison des profondes blessures causées par les clous, les échardes de métal et les billes d’acier incluses dans les bombes.
Pour certains blessés, la rééducation prendra des mois voire des années.