Conakry est sale. Et c’est un euphémisme tant le problème est profond. Et lorsque vous faites l’effort d’approcher les autorités communales pour comprendre la gestion des camions de ramassage des ordures, vous vous rendez compte au premier contact qu’elles évoluent dans la débrouillardise.
C’est du reste, ce que nous avons lu en filigrane dans les propos du responsable en charge de l’assainissement dans la Commune de Ratoma, Hamid Cissé interrogé le 30 décembre 2016 par le reporter de guineetime.com.
Sur la problématique de l’assainissement, Hamid Cissé a tout d’abord commencé par indiquer que la devanture de la mairie est en chantier. «On doit faire un parking payant pour les voitures. Toutes les voitures qui viendront stationner ici payeront dorénavant le ticket », a expliqué M. Cissé. C’est également, dit-il, une manière de faire des recettes renflouant la caisse de la municipalité.
Habituellement en stationnement devant la mairie, les huit (8) camions sont envoyés dans la forêt de Kakimbo (commune de Ratoma), où ils sont surveillés par la BAC (brigade ati-criminalité) Numéro 8. «Chaque matin, les camions en bon état sont programmés pour sortir sur le terrain. Aujourd’hui [30 décembre 2016, ndlr] par exemple, on a fait sortir quatre camions. Les quatre autres sont stationnés là-bas», détaille-t-il.
A la question de savoir pourquoi ces quatre autres camions sont dans la foret de Kakimbo ? Notre interlocuteur de répondre: » Parce que l’affaire de carburant se situe à deux niveaux. Nous faisons le service public. Nous opérons sur les artères publiques. Sur la route le prince : de Hamdallaye jusqu’à Lambanyi. Nous opérons sur les transversales aussi. Mais s’il y a suffisamment de carburant, le SPTD (Service public de transfert des déchets) va nous en doter chaque matin. Mais présentement, comme c’est la fin d’année, le budget est clos. Donc, le SPTD dote en carburant dès fois pour un camion ou deux.
Quand nous sommes en rupture de carburant, ce sont les citoyens qui paient le carburant…
C’est le cas aujourd’hui où deux camions sont en train d’opérer sur la route Le Prince. En ce qui concerne les autres camions, ce sont d’autres quartiers nécessiteux qui ont pris en charge l’approvisionnement en carburant pour qu’ils puissent ramasser les ordures de ces côtés-là. Donc, à chaque fois que nous sommes en rupture de carburant, des quartiers les plus nécessiteux nous envoient du carburant de 20 litres et nous nous envoyons les camions. Mais s’il y a rupture de carburant, et que les quartiers qui ont besoin de faire de l’assainissement ne trouvent pas de carburant, on ne sort pas. Les camions resteront immobilisés», explique le responsable de l’assainissement de la commune de Ratoma.
Donc, cela veut dire qu’à la commune de Ratoma, tous les quartiers ne sont pas touchés en ce qui concerne le ramassage d’ordures?
« Non », rétorque-t-il à guineetime avant d’ajouter : « Nous avons les PME (petites et moyennes entreprises) qui sillonnent les quartiers. Les secteurs même sont repartis. Ils travaillent sept jours sur sept et vingt quatre heures sur vingt quatre. Les PME font la collecte des ordures dans les ménages qu’elles acheminent au point de regroupement à Kakimbo. C’est là où le génie militaire intervient. Puisqu’il y a une équipe d’intervention mais avec les points de regroupement. Les PME opèrent au niveau des quartiers, nous nous faisons un service public sur les artères principales et secondaires. Et quelque fois dans les quartiers » explique M. Cissé.
Le génie militaire est-il devenu le point focal actuellement dans l’opération d’assainissement?
« Dans les 34 quartiers et 204 secteurs de Ratoma, il y a des PME de ramassage d’ordures. Les citoyens n’ont qu’à aller s’abonner. Une fois abonnés, ce sont les PME qui iront dans leurs foyers pour ramasser les ordures et les acheminer au niveau des points de regroupement », conclut-t-il.
Un constat effectué sur le terrain, a révélé que les mêmes camions de la commune de Ratoma font souvent l’objet de location aux Ongs qui s’activent aussi dans l’opération d’assainissement. Sylla Gassim, membre de l’ONG SIDEV (Synergie pour le développement), travaille au compte d’un projet financé par l’union européenne. « Le PARS (Programme d’appui aux réformes du secteur de sécurité), volet réinsertion socioéconomique », précise M. Sylla.
M. Sylla révèle que de façon indirecte, « nous avons un lien avec le génie militaire pour le ramassage des ordures. Puisque, notre équipe est composée de veuves, de rescapés de la formation militaire à Kaléa au temps de l’ex-chef de la junte militaire, capitaine Moussa Dadis Camara et les victimes des évènements du 28 septembre ».
Mais comment procède-t-il sur le terrain?
« Nous louons les camions à la commune de Ratoma. Et la location est journalière. Nous prenons en charge le carburant. On loue des fois des camions de 16m3 de 340 000 à 440 000 GNF par jour. Le prix varie. Dans notre opération de ramassage d’ordures qui va du lundi au samedi, nous consommons souvent 20 litres de carburant par jour. Ce qui fait que la location des camions nous a couté au total 600 000GNF », explique Gassim Sylla à guineetime.
Incriminé dans l’approvisionnement de la commune de Ratoma en carburant, nous avons tenté sans succès d’avoir la version de la direction générale du Service Public de transfert des déchets (SPTD).
En attendant, dans certains quartiers comme Ratoma- Plateau, nombreux sont les citoyens qui n’ont même connaissance de l’existence des camions de ramassages des ordures. En l’absence des PME, elles se débrouillent comme elles peuvent pour se débarrasser de leurs ordures. Et le plus souvent ces ordures sont déversées une fois la nuit tombée dans les caniveaux. Comme le témoigne cette dame, la quarantaine A.S qui a requis l’anonymat: » S’il n’y a aucun service pour ramasser nos ordures comment, on se débrouille pour se débarrasser tout de même des ordures… »
Dans la commune de Matam, les camions de ramassage des ordures servent à transporter du sable et du gravier… accusent certains citoyens…
Les camions de ramassage des ordures dans la commune de Matam sont mal gérés, selon certains citoyens de La commune de Matam.
Ces camions au lieu de servir à ramasser des ordures dans les quartiers, servent plutôt, pour la plupart, à transporter du sable et du gravier des carrières vers Conakry.
Frigui Camara directeur des micros réalisations de la commune de Matam se défend des accusations des citoyens de Matam concernant la gestion dit-on, calamiteuse des ordures par la commune de Matam.
« Il y’a des acteurs qui sont identifiés pour l’assainissement de la commune de Matam. Ils sont planifiés pour ramasser très tôt le matin. Je rappelle que les premiers camions de ramassages d’ordures ont été donnés par le défunt président Lansana conté. « Il y’a près de 4 à 5 ans, on a reçu les beines cacheuses, mais bien avant cela, le président feu General Lansana Conté avait offert trois véhicule de beines IVECO. »
Gestion des ordures dans la commune de Matam
Sur la question de la gestion des ordures dans la commune de Matam, le chef des micros réalisations a affirmé à guineetime que les camions sont exclusivement destinés pour le ramassage des ordures. « ces véhicules sont uniquement pour le ramassage des ordures dans la commune, aujourd’hui sur 9 camions benes, il n’ya que 4 qui sont en bon état et pas tellement, mais pour la réparation des machines, il m’est très difficile de dire que ces véhicules pourront être remplacés ou dépannés régulièrement, a partir du moment ou la tutelle de la gestion des ordures est le SPTD.
Pas de subvention…
Parlant de la subvention, Frigui Camara a rappelé que depuis le mois de Mai 2013, les communes ont cessé d’avoir les subventions par rapport à l’assainissement.
Sur le terrain, par rapport à cette situation, des citoyens dénoncent :
Madame Fatoumata Camara citoyenne de Matam
« Les camions de ramassages des ordures ne viennent pas dans notre quartier, pourtant il ya les camions dans la commune de Matam 3 à 4 camions qui sont venus uniquement pour le ramassage des ordures. Nous on ne les voie pas. Ce sont les PME qui passent chez les abonnés pour ramasser les ordures. Comme les camions d’assainissement ne viennent pas chercher les ordures, nous sommes obligés de les jeter en plaines rue ou dans les caniveaux. » déclare-t-elle.
Selon elle, des citoyens de Matam sont remontés à plus d’un titre contre les autorités communales de Matam concernant la gestion qu’elles font des camions de ramassage des ordures.
» Ceux qui gèrent ces camions, les utilisent pour autres choses. On voit souvent les mêmes camions sur la route d’Enta chargés de sable ou de gravier. .. Même quand les jeunes du quartier se retrouvent de bonne foi pour aller demander des camions en vue du ramassage des ordures, à la commune on dit toujours pas de carburant… »
Sow Ibrahim Sory, citoyen de Bonfing
« on ne voit pas les camions de ramassages les matins, mais il y’a des petites entreprises qui viennent prendre des ordures dans notre quartier et d’autres font la brulure des ordures dans leurs cours, ou ils jettent dans les caniveaux »
Mme Thiam Mariama Diallo, éducatrice dans une école privée de la place.
» Avant au temps de du général Lansana Conté, les camions de ramassage venaient prendre les ordures dans chaque concession. Maintenant, on ne les voit plus. Au moment où je venais d’arriver dans le quartier, les entreprises privées de ramassages des ordures venaient nous demander de nous abonner mais elles sont très couteuses et puis elles ne viennent pas régulièrement. Actuellement pour se défaire des ordures dans nos concessions, on confie aux enfants, les taches d’aller les jeter. Mais pendant la saison pluvieuse, on jetait les ordures dans les caniveaux ».
Aicha Soumah du quartier Mafanco,
« Moi je vois les camions dans le quartier, mais c’est uniquement pour prendre les ordures de la famille du président de la République ».
Dossier à suivre…
Nabilaye et Mariam Sylla