Des échanges de coups de feu ont éclaté samedi à l’intérieur de la mosquée Al-Fateh, dans le centre du Caire, où sont retranchés des partisans du président destitué Mohamed Morsi. Selon l’AFP, la police égyptienne a commencé à sortir de force les manifestants, tabassés au passage à coups de bâtons par des résidents.
Des tirs nourris retentissaient, dont ceux des policiers qui tiraient en l’air pour disperser les résidents s’en prenant aux hommes qu’ils extirpaient un par un de la mosquée, sur une place saturée de gaz lacrymogènes.
Dans la matinée, des images de télévision avaient montré quelques soldats pénétrant calmement dans la mosquée pour négocier. Mais la tension est remontée d’un cran vers 13 h 30, rapporte Serge Michel, le correspondant du Monde sur place. Des combattants embusqués sur le minaret ont commencé à tirer sur les policiers, explique-t-il.
Des images diffusées par la chaîne de télévision privée égyptienne CBC, montre également un homme semblant tirer depuis le minaret de la mosquée. Des tirs de soldats ont alors répliqué en direction du minaret, survolé par un hélicoptère. Selon notre correspondant, la radio a annoncé qu’un des tireurs du minaret, de nationalité turque, avait été arrêté.
Les frères musulmans avaient peu avant annoncé une « immense » marche vers la place Ramses pour briser le siège de la mosquée.
Les trois filles et un fils (âgés de 21 à 27 ans) de l’imam de la plus grande mosquée d’Irlande, tous les quatre citoyens irlandais, ont déclaré samedi à la télévision RTE être dans la mosquée Al-Fath assiégée par les forces de l’ordre égyptiennes.
Omaïma Halawa, 21 ans, a affirmé par téléphone à la chaîne de télévision que les forces de sécurité présentes autour de la mosquée avaient prévenu que toute personne tentant de sortir de l’édifice religieux serait abattue. « Nous sommes encerclés dans la mosquée (..). Il y a un petit couloir dans lequel les forces de l’ordre sont entrées (..). Ils ont fait irruption il y a quelques minutes et ont lancé des gaz lacrymogènes sur nous », a rapporté Omaïma Halawa, précisant qu’elle avait été en contact téléphonique avec l’ambassade d’Irlande.
Le premier ministre de transition égyptien, Hazem El-Beblaoui, a proposé de dissoudre la confrérie des Frères musulmans, et cette idée « est actuellement à l’étude », a déclaré un porte-parole du gouvernement samedi 17 août. Hazem El-Beblaoui a soumis cette proposition au ministre des affaires sociales, dont relève l’encadrement des activités des organisations non-gouvernementales.
Le frère du chef d’Al-Qaida arrêté
Le frère du chef d’Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri, a été arrêté samedi en Egypte, pour « soutien » au président islamiste déchu Mohamed Morsi, selon des responsables des services de sécurité. Ces sources, qui s’exprimaient sous le couvert de l’anonymat, ont précisé que Mohamed al-Zawahiri, un Egyptien qui vit au Caire, a été arrêté à Guizeh, dans la banlieue de la capitale.
L’aile politique des Frères musulmans, le Parti de la liberté et de la justice, a par ailleurs annoncé qu’un des fils de Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie, a été tué vendredi au Caire au cours des manifestations de « la journée de la colère ».
Le bilan de ces affrontements très meurtriers s’est encore alourdi samedi après que le ministère de la santé a affirmé que 173 personnes avaient été tuées dans tout le pays, dont 95 au Caire. Un précédent bilan faisait état de 83 morts en Egypte. La police égyptienne a par ailleurs arrêté 1 004 partisans supposés des Frères musulmans vendredi, dont 558 au Caire, a précisé le ministère de l’intérieur.
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