Conakry, Guinée : Même le borgne l’a remarqué sur les réseaux sociaux : le Premier ministre Mamady Youla, présent à la finale du concours de beauté «Miss Guinée », est devenu la risée du web. Et celui qui l’a presque «harcelé » à présider cette cérémonie, selon nos informations, le ministre de la Culture, Siaka Barry l’a enfoncé dans son «malheur » en s’empressant de «suspendre » la convention liant son département au Comité Miss Guinée. Faisant ainsi jouer le mauvais rôle à son chef de gouvernement. Enquêtes.
Beaucoup d’internautes guinéens ont traité de tous les noms d’oiseaux, le chef du gouvernement, Mamady Youla. Son crime : avoir « présidé » la cérémonie de clôture de l’élection Miss Guinée à Conakry.
Selon des sources dignes de fois, c’est Siaka Barry, lui-même Ministre de la Culture, qui a insisté pour que le Premier ministre Youla rehausse de sa présence la finale de cet évènement de beauté. En mettant dans la balance cette phrase : « c’est bon pour la culture nationale ».
Ce qui n’est pas compris dans l’opinion et jusqu’au Conseil interministériel du mardi 14 février, c’est la «suspension » de sa convention avec le COMIGUI, alors qu’il est celui qui connait mieux cette structure parmi tous les membres du gouvernement.
Et cela, au moment où les réseaux sociaux sont déchainés contre la présence du chef de gouvernement à cette cérémonie devant des mannequins en bikinis.
«Il a été allumé au Conseil interministériel » pour son attitude, affirme à GuinéeTime une source bien introduite.
Le débat houleux entre les ministres aura été un moment «chaud »pour le ministre Barry. Si la majorité des ministres guinéens sont dans la logique de la morale, mais ils n’ont pas manqué de signifier à leur homologue de la Culture, «le sale coup » qu’il a joué à leur Premier ministre, comme l’a dit un officiel.
Nous avons joint le ministre Siaka Barry cet après midi pour avoir sa version des faits, en vain.
Des contradictions du « Chevalier Blanc »
« Siaka Barry a harcelé le premier ministre pour y aller. Le premier ministre y va, et il y a un scandale…De deux choses l’une, soit le ministère de la Culture considère que c’est lui qui gère la question des Miss. Dans ce cas si ce rôle revient au ministre Siaka Barry, et qu’il n’est pas au courant du déroulé du programme, cela veut dire qu’il est incompétent. Ou alors il le savait et a poussé le premier ministre au guet-apens ! S’il y avait le maillot de bain et qu’il ne le voulait, il pouvait dire au COMIGUI d’enlever car le premier ministre arrive, parcequ’il est devenu le défenseur de l’ordre moral ou il leur dit : « la Guinée est contre les bikinis « , analyse notre source.
Le ministre de la Culture et du patrimoine historique a procédé lundi dernier à « la suspension de la convention » liant son département au COMIGUI.
Toutefois, il y a lieu relever que cette décision ministérielle rappelle que « l’élection «Miss Guinée » constitue aux yeux du Ministère en charge de la Culture une opportunité de promotion de la beauté et de la culture guinéenne authentique sur la scène internationale et non pas un facteur d’atteinte à l’image sacrée de la femme guinéenne« .
C’est bien beau le papier. L’année dernière, c’est le sieur Siaka Barry lui-même qui a présidé la finale du concours Miss Guinée. Il n’a certainement pas vu les mannequins ce jour là en bikini, défiler devant les invités. Pire, c’est le COMIGUI qui avait organisé cette édition l’an passé.
Sa décision de suspension d’ailleurs reconnait « des failles regrettables sur le plan organisationnel dans l’élection «Miss Guinée » édition 2017, ainsi que dans la gestion des éditions précédentes. »
Diantre ! Comment un ministre de la République peut-il faire tout ce constat et laisser le COMIGUI organiser l’édition 2017? C’est faire montre de laxisme. Ou, comme ses prédécesseurs, Siaka Barry n’a pas eu le courage d’affronter les « protecteurs », des ors de la République, de dame Johanna et sa bande. Ces gentils « protecteurs » du COMIGUI ont toujours mis au devant le bail de 10 ans qui a été accordé à cette organisation.Les juristes le savent, un contrat peut être revu si les clauses ne sont pas respectées.
Prérogatives
Des analystes contactés s’interrogent également sur quelques questions de droit. « Aucun Etat ne définit les critères de l’élection Miss. C’est une affaire des associations…A partir du moment où il a interdit l’organisation de toute élection Miss-Guinee, cela suppose qu’il va négocier avec le Comigui ou un autre comité. Et il va élaborer des critères. Les Miss Guinée vont défiler à Conakry ou ailleurs? » nous-a-t-on signifié. Rappelant de passage les critères que partagent en commun, les évènements Miss de par le monde.
Le lobby
Apparemment, l’image des mannequins en bikini peut être perçue comme une des causes de la décision du ministre Siaka Barry. Selon nos enquêtes, les raisons sont ailleurs. Un lobby fort de hauts cadres du ministère de la Culture, d’opérateurs culturels, d’animateurs culturels, de journalistes etc…entendent faire main basse sur cet évènement de beauté. Leur « pression » sur le ministre Barry aura été déterminant dans la prise de cette décision de suspension, sans même faire signe à la Primature.