Conakry, Guinée : Pr Salifou Sylla, professeur d’université (Droit public, Ndlr), ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, fustigé les responsables en charge de l’Education en Guinée, dans un entretien accordé à notre rédaction.
«L’autre point nodal contre lequel les enseignants s’insurgent, c’est l’argument du gouvernement selon lequel les contractuels non admis au dernier concours de recrutement à la Fonction publique, ont un niveau faible. C’est vrai qu’on a besoin des enseignants. Mais lorsqu’on recrute des formateurs ayant le niveau faible. Est-ce qu’on parlera de la formation à ce niveau? » Interroge l’ancien ministre.
« Ceux qui sont en train de dire là : « les enseignants n’ont pas de niveau ». Est-ce que eux, ils ont le niveau ? Beaucoup de membres de gouvernement, ils ont un niveau ? Ils savent ce que c’est, les études? Est-ce qu’en Guinée, on s’est soucié de former les formateurs ? Il y a des écoles de formation des enseignants. Quand j’entends ces histoires de contractuels et autres là, c’est une démission. On sacrifie la formation des enfants. Il y a des écoles normales, des ENI (Ecoles normales d’instituteurs, Ndlr) et autres là. C’est là-bas qu’on devrait former les enseignants. Avec tout le mécanisme pédagogique qu’il faut. C’est ça qu’il faut faire’’ a ainsi répondu l’ancien Recteur de l’Université de Conakry (1989-1991) via un entretien téléphonique.
Avent d’ajouter, amer.
«Des gens font le concours. Depuis plusieurs années ils enseignent, et ils sont en classe. On organise un concours, on ramasse des gens qui sont parfois des élèves pour des raisons ethniques, politiques et tout ça, on envoie dans les classes. Ils n’ont même pas le niveau plus que ces élèves qu’ils sont partis enseigner. Vous pouvez justifier ça?’’, Interroge l’ancien membre de CNT.
Et de banaliser : ‘’On dit : « ils n’ont pas le niveau ». Oui, bien évidemment, quand vous voulez priver quelqu’un, vous l’accusez. Vous dites : ils n’ont pas le niveau. Oui, ils n’ont pas le niveau. Mais ceux qu’ils ont pris, il y a des gens qui sont pris, j’ai lu la réaction de certains proviseurs ; qu’ils ont envoyé dans leurs établissements des élèves, des gens qui n’ont pas achevé leurs études. Mais parce qu’ils ont des relatons, ils sont envoyés là-bas. Alors, quand vous jugez, essayez de ne pas écouter simplement ceux qui ont pris cette décision. L’enseignement guinéen est saboté. On a mis quelqu’un à la tête de ce ministère qui ne comprend rien à l’enseignement. Tous les ans il y a des problèmes’’, fustige Salifou Sylla.