mardi, avril 30, 2024

USA : comprendre l’essentiel du débat en cinq thèmes…

Le premier débat entre Barack Obama et Mitt Romney a eu lieu mercredi soir à Denver (Colorado). Pendant 90 minutes, les deux candidats à l’élection présidentielle du 6 novembre prochain se sont affrontés sur la fiscalité, le déficit budgétaire, le système de santé ou encore le rôle du gouvernement. ParisMatch.com revient pour vous sur ce qui est ressorti des thèmes principaux.

L’emploi:

Barack Obama:

Conformément à un tirage au sort, Barack Obama a pris la parole le premier. Le président sortant a reconnu qu’il restait «beaucoup à faire», mais souligné qu’il s’était battu pour remettre le pays sur le droit chemin et que cela commençait à porter ses fruits. «Au cours des 30 derniers mois, 5 millions d’emplois ont été créés dans le secteur privé. L’industrie automobile commence à redémarrer, et le logement va mieux», a-t-il fait valoir. Le secteur privé américain a créé plus d’emplois que prévu en septembre mais moins qu’en août, selon l’enquête mensuelle du cabinet privé ADP publiée mercredi, à savoir 162 000 postes contre 143 000 anticipés par les économistes de Reuters, et 189 000 en août. Le taux de chômage, lui, devrait passer de 8,1% à 8,2% de la population active. Il a ensuite élargi son propos: «Le gouverneur Romney a un point de vue selon lequel si nous réduisons les impôts, en faveur des riches, et que nous régulons moins» le marché, «nous irons mieux. J’ai un point de vue différent, a-t-il déclaré. Je pense que nous devons investir dans l’éducation et la formation. Je pense qu’il est important pour nous de développer de nouvelles sources d’énergie, ici en Amérique, que l’on change notre code fiscal pour s’assurer que nous aidons les petites entreprises et les entreprises qui investissent ici aux États-Unis, que nous prenions un peu d’argent que nous économisons en nous détachant de deux guerres pour reconstruire l’Amérique, et que nous réduisions notre déficit de manière équilibrée afin de faire les investissements nécessaires.»

Mitt Romney:

«Il s’agit évidemment d’un sujet très sensible», a introduit Mitt Romney quand fut venu son tour. Le Républicain a alors construit son argumentaire autour d’histoires personnelles, un des points forts de sa prestation de mercredi soir, qui a permis de l’humaniser, ce qu’il a eu le plus de mal à faire pendant la campagne.
«J’ai eu l’occasion au cours des deux dernières années, de rencontrer des gens à travers le pays. J’étais à Dayton, dans l’Ohio, et une femme m’a attrapé le bras, et elle m’a dit: « Je suis sans emploi depuis mai. Pouvez-vous m’aider? »» Et il a ajouté: «Ann était hier un meeting à Denver, et une femme est venue vers elle avec un bébé dans les bras et lui a dit: « Mon mari a eu quatre emplois à temps partiel en trois ans, il a perdu son emploi le plus récent, et nous venons maintenant de perdre notre maison. Pouvez-vous nous aider? Et la réponse est: « oui, nous pouvons vous aider, mais il va falloir prendre un chemin différent -pas celui que nous avons pris [ces quatre dernières années, ndlr], ni celui que le président dit que je veux emprunter, en réduisant les impôts pour les riches. Ce n’est pas ce que je vais faire.»

L’homme d’affaires a ensuite précisément, et clairement, détaillé son programme –un autre de ses points forts de la soirée. Il veut, premièrement, rendre l’«Amérique du Nord indépendante énergétiquement», ce qui créerait, d’après son programme, «environ quatre millions d’emplois». Deuxièmement, «ouvrir davantage le commerce, en particulier en Amérique latine, et sévir contre la Chine quand elle triche». Troisièmement, s’assurer que les Américains ont ce qu’il faut «pour réussir et les meilleures écoles dans le monde.» Quatrièmement, «nous conduire à un budget équilibré». Cinquièmement, se «faire les champions des petites entreprises».
Et de conclure en attaquant le bilan de son prédécesseur: «Cela me préoccupe que nous soyons sur une voie qui n’a pas réussi. Le président a un point de vue très proche de celui qu’il avait quand il était candidat il y a quatre ans: dépenser plus, taxer plus, réguler plus (…). Ce n’est pas la bonne réponse pour l’Amérique. (…) Si le président est réélu, (…) vous aurez un chômage chronique -43 mois d’affilée avec un taux de chômage supérieur à 8%. Si je suis président, j’aiderai à la création de 12 millions d’emplois.»
L’éducation :

Barack Obama:

«Tout d’abord, nous devons améliorer notre système d’éducation. Et nous avons fait d’énormes progrès» sur la question. «Nous avons un programme appelé Race to the Top, qui a entraîné des réformes dans 46 Etats à travers le pays, relevé le niveau, amélioré la façon dont nous formons les enseignants. Alors maintenant, je veux embaucher 100 milliers de nouveaux professeurs de mathématiques [en 10 ans, Ndlr] et former 2 millions de personnes dans les Community Colleges [qui permettent d’obtenir un diplôme sur deux ans, sans condition d’âge ou de niveau scolaire, Ndlr] afin que les gens puissent postuler pour les postes qui sont disponibles au moment présent.

Mitt Romney:

«Je suis d’accord, l’éducation est essentielle. (…) Mais actuellement, 47 de nos programmes de formation sont financés par le gouvernement fédéral, (…) les frais sont écrasants», a dénoncé l’ex-sénateur, peu éloquent sur la question.
L’impôt :

Barack Obama:

Soulignant qu’il avait «réduit les impôts pour les familles de classe moyenne d’environ 3 600 dollars», il a décrié le projet de son rival de réduire l’impôt sur le revenu de 20%, entre autres. Selon lui, la suppression des réductions, déductions et abattements fiscaux pour les plus riches ne suffiraient pas à compenser la perte que subirait l’Etat. Résultat: le déficit se creuserait encore. De fait, Romney sera obligé, à un moment ou à un autre, de couper certaines prestations accordées à la classe moyenne, et/ou de réduire les dépenses consacrées aux programmes essentiels. C’est « arithmétique», a-t-il affirmé, reprenant l’expression de Bill Clinton.

Mitt Romney:

«Pratiquement tout ce qu’il a dit sur mon programme fiscal est erroné», a assuré le conservateur. «Permettez-moi de répéter ce que j’ai dit: je ne suis pas en faveur d’une réduction de 5 000 milliards de dollars d’impôts. Ce n’est pas mon plan. Mon plan est de ne pas mettre en place de réduction d’impôt qui accroitrait le déficit.» Il a soutenu qu’il n’augmenterait pas les impôts sur les familles de classe moyenne et ne réduirait pas la part des impôts payés par les Américains les plus riches. «A cause de la politique du président, la classe moyenne a été enterrée. Ecrasée. Les Américains « moyens » ont vu leurs revenus baisser de 4 300 dollars. Il s’agit d’une taxe en soi. Je vais l’appeler la taxe économique. Elle a été écrasante», a-t-il asséné. Il n’a en revanche pas détaillé sur quelles niches fiscales il reviendrait

Le déficit :

Romney a attaqué Obama sur le déficit, qui est resté supérieur à 1 000 milliards de dollars malgré les promesses de Barack Obama de le réduire de moitié.

Barack Obama: «Quand je suis entré dans le Bureau ovale, j’avais un déficit de plus de 1000 milliards qui m’attendait. Et nous savons d’où il venait», a répondu le président, qui n’a pas mentionné le nom de son prédécesseur républicain George W. Bush, mais fait allusion aux «deux guerres payées à crédit», et à «deux dispositifs de cadeaux fiscaux qui n’étaient pas financés». «Nous avons fini en déficit alors que nous avions des excédents et tout cela a fini par la récession la plus grave depuis la grande dépression», a-t-il tancé. Le Démocrate a indirectement accusé son adversaire de promouvoir le même type de propositions d’allégements fiscaux que sous Bush en 2001et 2003.

Mitt Romney: «Mathématiquement, il y a trois façons de réduire le déficit, a-t-il explosé. Personne, bien sûr, ne veut augmenter les impôts. La deuxième est de réduire les dépenses. Et la troisième de faire croître l’économie parce plus les gens travaillent plus ils paient des impôts. (…) Le président préfère augmenter les impôts, je comprends. Le problème (avec une telle méthode) est que cela ralentit le taux de croissance», ce qui empêche d’atteindre le but escompté, a-t-il expliqué. Lui, veut «réduire les dépenses et favoriser la croissance à la fois.» Pour économiser de l’argent, il compte, tout d’abord, éliminer les programmes qui ne valent pas la peine d’«emprunter de l’argent à la Chine». «L’Obamacare est sur ma liste, a-t-il ajouté. Je m’excuse, monsieur le président. J’utilise ce terme avec respect.» Ce à quoi Obama a répondu qu’il aimait ce surnom!

Autre exemple cité par Romney: mettre fin aux subventions de la chaîne publique PBS (sur laquelle était diffusé le débat), même s’il «aime Big Bird» la mascotte de Sesame Street, l’émission culte de Jim Henson. «J’aime PBS! J’aime Big Bird! En fait, je vous aime aussi!, s’est-il exclamé. Mais je ne vais pas continuer à dépenser de l’argent emprunté en Chine!»
Toujours dans un souci économique, le candidat prévoit de poursuivre les programmes importants mais de les renvoyer au niveau étatique pour plus d’efficacité. Enfin, souhaite «rendre le gouvernement plus efficace et réduire le nombre d’employés, combiner certains organismes et ministères».

L’«Obamacare»:

Mitt Romney, très offensif sur la question:

«Je ne sais pas comment le président a pu entrer en fonction – face à 23 millions de personnes sans emploi, à la hausse du chômage, et à une crise économique sur la table – et dépenser son énergie et sa passion, pendant deux ans, à se battre pour l’Obamacare et non pour les emplois», a-t-il attaqué. «Il a tué les emplois», a-t-il ajouté.
Romney a reproché à Obama d’avoir mis en place un directoire non élu pour prendre des décisions à la place des patients, et de couper plus de 700 milliards de dollars sur le programme Medicare –système de soins, public, bénéficiant aux personnes âgées, qu’ils se sont tous deux engagés à préserver- pour financer l’Affordable Care Act.
Il lui a aussi reproché d’avoir fait du forcing pour la faire passer «sans une voie républicaine».

Barack Obama a répondu sur le ton de la dérision:

«L’ironie, c’est que nous avons vu que ce modèle fonctionne très bien dans le Massachusetts!» (en référence au «Romneycare», considéré comme l’ancêtre de l’Obamacare, mis en place dans le Massachusetts alors que Romney était gouverneur*. «Il dit maintenant qu’il remplacera l’Obamacare et assure que toutes les bonnes choses qu’elle contient demeureront, qu’il ne faut pas qu’on s’inquiète», a-t-il poursuivi.
Dans le fond, Obama accuse son adversaire de vouloir «privatiser» le système, ce qui aurait pour conséquence que les seniors payent «600 dollars de plus» selon lui. «Des gens comme ma grand-mère seraient à la merci de système d’assurances privées, précisément au moment où ils ont le plus besoin de soins de santé décents», a-t-il fait valoir, tentant de jouer la carte de l’émotion.

* ce à quoi il rétorque que son plan à lui n’a pas augmenté les impôts, et fut le fruit d’un consensus avec les Démocrates. A noter en outre que sa réforme était au niveau étatique et non fédéral (et c’est ce qu’il reproche fondamentalement à l’Obamacare- et qu’elle était plus symbolique qu’autre chose puisqu’en réalité, seuls 10% des habitants de l’État n’étaient pas assurés quand il l’a mise en place.

 

ParisMatch

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