Les tas d’immondices pilulent à Conakry en dépit de la mise à disposition du Gouvernorat de Conakry, à sa tête Soriba Sorel Camara de quelques milliards de nos francs et l’implication des plus hautes autorités du pays pour rendre propre la capitale. Les résultats sont en deçà des espérances.
C’est dans le but de comprendre ce paradoxe de volonté politique à ce résultat, somme toute mitigé, que GuinéeTime a rapproché cette semaine Mody Mahi Barry, Ancien Directeur général du SPTD. Entretien exclusif.
Le constat du problème d’assainissement à Conakry
Modi Mahi Barry : La propreté de la ville de Conakry interpelle tout le monde. C’est d’ailleurs la chose la mieux partagée dans une ville. Quand une localité est propre, tous les citoyens y tirent des bénéfices.
Conakry connait un état d’insalubrité surtout à l’approche de cette saison pluvieuse.
En tant qu’observateur, on note une forte volonté politique autour de la problématique de l’assainissement de Conakry. Malheureusement, les stratégies qui sont utilisées pour accompagner cette volonté politique ne sont pas conformes. Assainir une ville, est une question de professionnels, de techniciens. Ce n’est pas donné à tout le monde.
La volonté politique, je le répète, est un point fort. Quand nous étions en charge de la gestion des déchets à Conakry, il n’y avait pas de volonté politique, mais une bonne stratégie.
Le point faible est que la structure centrale, le Service public de transfert de déchets ( SPTD), qui doit gérer cette question d’ordures est complètement déstructurée et devenue faible. Et une question de leadership se pose.
Conakry fonctionne à l’image d’une communauté urbaine, il faut donc mutualiser les moyens et non les décentraliser. C’est la première erreur. Il faut mutualiser les moyens à l’intérieur d’une structure qui a une forte capacité d’actions sur le terrain. Ses activités peuvent être décentralisées sur la base de contrat ou une décentralisation contractualisée. En fonction des contrats établis entre le SPTD, les Pme de collecte d’ordures, les communes, les chefs de quartier…à la base on établit des contrats de performance, des objectifs de résultats et des indicateurs clairs. On répartit alors les moyens afin que chaque acteur sache ce qui lui revient comme tâche sur une base claire. C’est la stratégie de façon globale.
Le premier acteur d’un assainissement, c’est la population, puis viennent les communes et le SPTD. Le SPTD, je le répète encore, doit avoir un fort leadership – sinon les départements ministériels risquent de l’envahir- pour répondre aux actions d’assainissement.
Le Gouvernorat de Conakry semble tout gérer et le SPTD est inexistant
Ce n’est pas normal ! La propriété d’une ville est une question de professionnels, de techniciens et ces derniers existent en Guinée. Il y ‘en a même un qui travaille de nos jours au SPTD. Le Gouvernorat de Conakry doit assurer la tutelle rapprochée de ce service public. Le SPTD doit à son tour fonctionner de manière autonome sur la base de son décret de création, de ses attributions et d’un budget élaboré conformément à la réglementation en vigueur. Ces coups de subvention ne peuvent pas assainir la ville.
Facteur important
Les efforts internes de financement des activités d’assainissement doivent être accompagnés par des financements extérieurs. La Guinée a rompu avec la Banque mondiale dans le secteur de la gestion des déchets. Il faudrait que le Gouvernorat de Conakry, en rapport avec le ministère de la Ville, se battent pur que la Banque mondiale fasse son retour. En l’absence de cette institution, il n’y aura pas d’opportunités de financements dans ce secteur et l’Etat n’a pas les disponibilités budgétaires
A suivre la suite…