Abdourahmane Bakayoko, président d’un parti presque anonyme, » Les Démocrates Guinéens », réfléchit depuis quelques jours sur son sort à la prison civile de Mamou, en Moyenne-Guinée. Si l’opposition guinéenne se montre apparemment « ferme » vis-à-vis du pouvoir de Conakry sur des questions essentiellement électoralistes, elle l’est moins dans la défense des droits et libertés publiques.
La parenthèse Bakayoko en est une preuve palpable. A la suite d’une émission de débat à Labé, le président des « Démocrates Guinéens » a eu « l’audace » de s’en prendre – en même temps- au sommet du pouvoir – le chef de l’Etat Alpha Condé- et au chef de file de l’opposition- Cellou Dalein Diallo-, ce dernier dans son propre fief.
Bakayoko a eu des mots comme « incapables », « incompétents », « ethnocentristes » pour brocarder les têtes des deux blocs politiques de la Guinée. Pour cette double attaque, double condamnation. Première condamnation. Une foule surexcitée, proche de l’UFDG, a corrigé le jeune politicien en mettant le feu à sa voiture et en le traumatisant à l’intérieur du studio de GPP Fm.
Deuxième condamnation, en l’espace de quelques jours, Bakayoko a été interpellé, cuisiné de longues heures durant par la brigade de recherche de la gendarmerie de Labé avant d’être inculpé pour « outrage au chef de l’Etat ».
Des défenseurs de droits humains s’interrogent encore sur ces chefs d’accusation. La première audience aura lieu à Labé où le président des DG s’en prend au régisseur de la prison civile à propos de ses conditions de détention.
Entretemps, l’UFDG qui a eu du mal à surpasser « les injures » d’un jeune politicien, revient à la raison. Après de fermes condamnations des responsables du parti, l’on s’aperçoit que l’heure est grave. Alors dans une déclaration publiée sur son site, le parti de Cellou Dalein Diallo juge que le procès- qui sera délocalisé à Mamou plus tard- est une simple « mascarade ». Mais le ver était déjà dans le fruit. Son entreprise d’éviter à Bakayoko une condamnation, échoue.
A Mamou, Abdourahmane Bakayoko est jugé et condamné à deux mois de prison ferme et au paiement de 2 millions de francs pour « outrage au chef de l’Etat ». Depuis, les QG des principaux partis d’opposition gardent un silence incompréhensible. Bakayoko n’est-il pas un des leurs? Ne se réclame-t-il pas de l’opposition?
Des observateurs de la scène politique, par contre, font état d’une « capitulation » de l’opposition, face au respect des libertés et celles d’expression en Guinée. Pour eux, chaque leader politique devrait remuer mille fois la langue dans des critiques contre le Chef de l’Etat, Pr Alpha Condé. La pilule « Bakayoko » avalée, l’opposition commencera alors à compter ses partisans ou leaders devant les tribunaux pour les mêmes chef d’accusation que ceux du président des DG. Si jamais, ils versaient dans leurs diarrhées verbales quotidiennes.
A suivre