Le Syli national de Guinée joue mercredi son avenir dans la 30è édition de la Coupe d’Afrique des Nations qui se déroule en Guinée Equatoriale. Au vu de ses deux premières prestations, l’adversaire, les Aigles du Mali, qui se présentent comme l’équipe la plus homogène du Groupe D, la partie ne sera guère aisée.
Le Mali et la Guinée se sont tous les deux qualifiés dans des circonstances particulièrement difficiles : les Aigles n’ayant dû leur salut qu’à un « relâchement » des Algériens qui ont aligné au match retour -qualificatif pour le tournoi final – une équipe fortement remaniée. Le Syli a été contraint de jouer tous ses matches à l’extérieur à cause de l’épidémie d’Ebola. Indépendamment de l’apport des coaches Michel Dussuyer (Guinée) et Henry Kasperzack (Mali), ces circonstances particulières ont contribué à former des groupes soudés et solidaires. Sur le plan technique, les deux équipes ont montré des choses plutôt intéressantes – même si la Guinée nous semble plus talentueuse de ce côté-là.
Le premier défi du Syli national sera d’abord physique. Les Maliens ont dans leur formation des joueurs plus grands et plus costauds que la moyenne des joueurs guinéens (exceptés le défenseur Fodé Camara et le milieu de terrain Boubacar Fofana) ; il sera absolument nécessaire d’éviter les duels aériens intempestifs (corners, coups francs sur les côtés, etc) pour ne pas se mettre inutilement en difficulté. Il est également important pour le gardien de but Naby Yattara de se montrer beaucoup moins frileux et plus entreprenant sur ses sorties aériennes. L’une des clés du match réside dans ce secteur de jeu, d’autant plus que le défenseur de Saint Etienne, Florentin Pogba, l’un des meilleurs défenseurs centraux guinéens, victime d’une blessure musculaire, ne sera pas là.
Pour vaincre le Mali, les joueurs du Syli devront donc être très performants dans les duels aériens surtout dans leur propre surface de réparation. Il s’agira ici non seulement de se montrer hyper concentrés pendant 90 mn, mais de se battre sur toutes les zones du terrain, en se montrant accrocheur sur tous les ballons.
Sur le plan technique, le Mali dispose de joueurs de grande classe comme Bakary Sacko et Seydou Keïta. Même s’il faut se méfier de joueurs comme Sambou et Moustapha Yattabare, les principaux dangers viendront sans doute de ces deux là : Sacko dans le rôle du dynamiteur et Keïta dans le rôle du passeur.
Les Guinéens doivent d’abord penser à poser le ballon à terre en procédant par passes rapides, pour éviter le défi physique qui pourrait user les petits gabarits. Il faudra penser à utiliser, dans la zone défensive malienne, la vitesse d’exécution d’un Ibrahima Traoré, d’un Seydouba Soumah (ou d’un François Kamano) pour perturber, dès les premières minutes de jeu, une défense adverse qui a laissé dans ses matches face au Cameroun et à la Côte d’ivoire d’inquiétants signes de lenteurs dans la réactivité – ce qui normal compte tenu de leurs impressionnants gabarits.
L’autre clé du match sera la bataille du milieu de terrain qui s’annonce très rude. Avec des techniciens comme Ibrahima Sory Conté, Kevin Constant et Naby Keïta, épaulés par le combattif Boubacar Fofana, le Syli a une belle carte à jouer si le bloc équipe ne se disloque pas. Mais il faudra se montrer très lucide dans l’exploitation du ballon pour toujours servir les attaquants dans le dos de la défense malienne (Camerounais et Ivoiriens l’ont réussi pour égaliser). L’une des erreurs à ne surtout pas commettre est d’envoyer de long ballon aux attaquants guinéens qui sont beaucoup plus à l’aise balle aux pieds. Face aux colosses maliens, ce type de ballons, complètement inutiles, seront difficilement exploitables, même pour le plus grand (par la taille) des attaquants guinéens, Mohamed Yattara.
Ces aspects maîtrisés, la Guinée a le potentiel qu’il faut pour jouer tout en provocation et en percussion. Notre préférence va aux attaquants rapides et bons dribbleurs que sont Seydouba Soumah – qui a l’avantage de marquer souvent – et Ibrahima Traoré. Mais le Bastiais François Kamano a une très belle carte à jouer. Il faudra bien entendu créer du mouvement autour du porteur de balle pour multiplier les possibilités de décalage et lancer en première intention les joueurs rapides.
La Guinée aura besoin d’une vraie équipe pour battre le Mali. Nous pensons d’ailleurs que le milieu de terrain doit être densifié (en renonçant au 4-3-3 habituel) afin de mieux contrôler le jeu.
Les coéquipiers de Traoré ne devront jamais perdre de vue la nécessité de jouer libérés de toute pression, en conservant les bases fondamentales du dernier quart d’heure de très haut niveau joué contre le Cameroun, surtout face à une équipe qui a du répondant. C’est la voie pour permettre au Syli de déstabiliser une équipe malienne qui, de l’avis de nombre d’observateurs, a énormément surpris par la qualité de son jeu collectif. La mission est bien à la portée du Syli national de Guinée.
SUGGESTION D’EQUIPE DE DEPART
DISPOSITIF 4-4-2
Gardien de buts : Naby Yattara
Défenseurs : Abdoulaye Cissé, Fodé Camara, Baïssamba Sankoh, Issiaga Sylla
Milieux : Naby Keïta, Kevin Constant, brahima Sory Conté, Boubacar Fofana
Attaquants : Ibrahima Traoré, Seydouba Soumah