Kankan, Guinée : Les producteurs et marchands d’ignames de kankan tirent le diable par la queue à cause des difficultés d’écoulement leurs produits. Les restrictions de déplacements liées à la pandémie du covid-19 enfonce de plus les acteurs de cette filière. Constat du correspondant de guineetime.com basé dans la préfecture.
La région de kankan est une zone de production par excellence de l’igname en Guinée. Cette bonne réputation tend à s’effriter aujourd’hui faute du non accompagnement des acteurs de cette filière.
Rencontrée autour d’un tas immense d’ignames qui commence déjà à pourrir dans son Magasin, une vendeuse nous raconte sa peine.
« Au moment où on commençait la vente des ignames, tout était rose pour nous. On achetait moins cher et revendait à des prix abordables. Le bénéficie était assuré surtout quand les Maliens venaient. Mais maintenant c’est tout à fait le contraire, les producteurs ont augmenté le prix et : la bonne qualité appelée « kougbè » se négocie à 40 000 fg pour 4 tubercules. L’autre qualité que nous appelons »gbara » est aussi 40 000 GNF pour 6 unités. Nos clients locaux n’arrivent pas à en acheter. Rien ne marche. Pourtant, c’est de ça que nous vivons« .
Notre interlocutrice pointe du doigt sur la menace du coronavirus en Guinée.
« Le pire dans tout ça, c’est l’arrivée de cette pandémie. Nos ignames commencent même à pourrir en grand nombre parce que ceux qui venaient des autres préfectures, n’arrivent plus à se déplacer et aussi nous n’avons pas de moyens de conservation et de transformation. Nous sommes parfois obligés de les découper en petits morceaux et les revendre » se lamente Arama TRAORE, qui oublie de signaler le manque à gagner, en agissant ainsi.
Lacinet DOUMBOUYA, un planteur d’igname, venu liquider son produit au Marché Dibida, est aussi attristé.
« Les marchands d’igname nous accusent sans fond valable. Nous avons augmenté le prix parce que nous ne pouvons plus produire sans acheter des intrants agricoles qui sont chers. Le manque de superficie cultivable fait en sorte que le jachère n’est plus possible. Ceci fait que la terre aussi n’est plus fertile et cela nous impact beaucoup. Avant on pouvait vendre 3 à 4 ignames à 10 000 fg. Ça, c’est parce qu’on pouvait produire de grandes quantités d’ignames sur une petite superficie de terre sans engrais. Maintenant, avec des engrais et autres, la production s’accroît mais nous sommes obligés d’augmenter le prix » nous apprend-il.
« Nos ignames pourrissent parce que les marchands ne viennent plus vers nous comme avant et la conservation cause assez de difficultés. Nous ne sommes pas accompagnés par les autorités qui disent à chaque fois qu’il y a des mesures d’accompagnement mises en place pour nous. En tout cas, il y a plus de théories que de pratiques. S’ils pouvaient nous aider à avoir des intrants et dse matériels pour la conservation, nous serons soulagés et le prix diminuera. Aussi nos ignames ne nourriront plus » s’est-il adressé à l’Etat.
Le Directeur préfectoral de l’agriculture, montre qu’il existe une collaboration parfaite entre son service et les différents groupements de la filière igname qui existent à kankan.
Dame Assata DIAKITE, est présidente d’un de ces groupements.
« On reconnaît qu’aujourd’hui, planteurs et marchands tous se lamentent. A cause du fait que les ignames pourrissent et aussi la rareté des clients qui venaient d’autres pays. En tant que responsable, je suis entrain de prendre des dispositions avec mes coéquipiers pour voir si nous pouvons transformer l’igname ici. Car la perte est énorme. Des promesses nous ont été faites par l’État, nous sommes encore à l’attente » nous a- t-elle laissé entendre.
En attendant de trouver un accompagnement sûr et fiable pour les acteurs de ce domaine, il faut reconnaître que le covid-19 a plus impacté la commercialisation de l’igname à kankan.
Depuis kankan, Nana sékou CAMARA
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