Conakry-Guinée : Les membres de l’Association des victimes du Camp Boiro étaient face aux hommes de médias ce vendredi 22 janvier 2020. Il était question pour cette organisation de parler des victimes du premier régime dirigé par Ahmed Sékou Touré.
L’occasion a été mise à profit pour annoncer la marche de recueillement que l’association organisera ce lundi 25 janvier.
Dans son allocution, Abdoulaye Conté, président de l’Association, a fait un bref rappel de ce qu’il qualifie de purges qui ont décimé l’élite guinéenne ainsi que l’illégalité du tribunal populaire révolutionnaire. « Nous avons organisé ce point de presse pour faire un rappel sur les purges qui ont décimé l’élite guinéenne et l’illégalité du tribunal populaire révolutionnaire. Dès après l’indépendance en 1959, les tueries ont commencé en Guinée. Des complots ont été orchestrés pour arrêter des adversaires potentiels du président Sékou Touré. L’agression portugaise de 1970 a aussi permis au régime d’alors de faire une vraie purge de l’intelligentsia guinéenne. Nous avons également parlé de l’illégalité du tribunal populaire révolutionnaire. Ce tribunal était illégal dans la mesure où nous avions des tribunaux, nous avions des juges, des avocats si le gouvernement d’alors pense qu’il y a des Guinéens qui ont commis des forfaitures, il fallait laisser le système judiciaire faire son travail. Mais on a mis carrément le système judiciaire à côté, on a arraché des aveux à travers des tortures pour procéder à des tueries », déplore Abdoulaye Conté
Daniel Philippe de Saint Marie, membre de l’association, né au Camp Boiro, a aussi dénoncé ce qu’il qualifie de caractère «cynique» du premier régime. « Ma mère a été envoyée au Camp Boiro quand elle avait 25 ans. Je suis né dans le camp, mais je n’ai jamais su pourquoi elle avait et envoyé là-bas. Mais ce sur quoi nous devons mettre l’accent, c’est surtout cette volonté aujourd’hui que beaucoup ont de vouloir occulter ce qui s’est passé. Il s’est passé beaucoup de choses, des tueries, des arrestations arbitraires. Cela dénote un peu le côté cynique, machiavélique et meurtrier de ce régime », dénonce-t-il.
L’Association des victimes du Camp Boiro compte organiser une marche silencieuse de recueillement ce lundi 25 Janvier 2020. Cette marche partira du Pont 8 novembre au Camp Boiro où une lecture du Saint Coran à la mémoire des victimes est prévue.
Oumar Camara