Guinée-Conakry- La réticence contre l’épidémie à fièvre hémorragique Ebola a la vie dure. Dans la préfecture de Coyah, à 50 kilomètres de la capitale Conakry, des poches de réticence persistent. Des agents sensibilisateurs s’en inquiètent, en dépit de la baisse drastique des cas positifs dans cette localité.
La réticence contre l’épidémie à fièvre hémorragique Ebola a la vie dure. Dans la préfecture de Coyah, à 50 kilomètres de la capitale Conakry, des poches de réticence persistent. Des agents sensibilisateurs s’en inquiètent, en dépit de la baisse drastique des cas positifs dans cette localité.
La préfecture de Coyah fait partie des zones concernées par « la déclaration de l’état d’urgence sanitaire renforcée et étendue », décidée par les autorités de la Guinée et de la Sierra-Léone. Deux pays où l’épidémie fait encore parler d’elle.
Les manifestations violentes de réticents contre les agents sensibilisateurs impliqués dans le cadre de la riposte contre Ebola sont révolues à Coyah.
« Il y a eu tellement d’efforts ici…Imaginez que j’ai failli être tué à la hache. Ma maison a été attaquée auparavant. Avant tu n’osais pas sensibiliser sur Ebola » se rappelle M.Bangoura, Maire de la commune de Coyah.
Si la pilule est passée, avec une stratégie d’intervention de plusieurs partenaires locaux et étrangers impliqués dans le combat contre cette épidémie, il n’en reste pas moins des idées de réticence.
« On a eu une information quant à l’existence d’une prêche sonore qui passe dans les téléphones dans la ville de Coyah. L’imam qui fait sa prêche nie l’existence de l’épidémie Ebola, pense que cette épidémie : « c’est de la politique politicienne , Ebola c’est le projet de ceux qui cherchent de l’argent, il ya une autre maladie qui n’est pas Ebola et que je peux traiter. » Cet enregistrement est actuellement un réel frein à nos interventions sur le terrain » a affirmé à Eboladeeply, Ibrahima Dioubaté, engagé dans la sensibilisation communautaire pour une organisation américaine.
Le but du travail de ces animateurs communautaires est de « rétablir la confiance perdue entre les populations et les services sanitaires » depuis l’apparition en mars 2014 de cette épidémie en Guinée.
« Mais les gens pensent qu’Ebola, c’est une affaire d’argent. Nous sommes considérés comme ceux qui cherchent de l’argent. Ce qui fait un peu peur » s’inquiète Dioubaté.
A Coyah, beaucoup de citoyens ont écouté, à travers les téléphones portables, ce sermon sonore. Mais nul ne semble connaitre l’identité de ce curieux Imam.
« J’étais couché, malade, quand j’ai écouté cet enregistrement sonore. J’étais inquiet parceque de tels propos constituent une campagne de désinformation et mettent à l’eau tous les efforts consentis. C’est pourquoi en tant qu’Autorité, j’ai alerté pour que des dispositions draconiennes soient prises », nous a confié le Maire de Coyah, M.Bangoura.
Cet élu municipal est réconforté par le fait que « depuis 60 jours, Coyah ne notifie pas de cas de malades d’Ebola. » Mais ce « foyer calme », selon le classement de la Coordination nationale de riposte à Ebola, héberge un CTE (Centre de Traitement Ebola) qui continue jusqu’à cette date d’enregistrer de nouveaux patients.
Les dernières statistiques nationales publiées par la Coordination nationale, font état de 10 patients hospitalisés au CTE de Coyah (dont 05 confirmés et 05 suspects) contre 9 pour celui de la préfecture de Forécariah, 3 pour le CTE de Conakry et 2 pour la préfecture de Boké, à la date du 18 juin 2015. Les centres de traitement Ebola du pays comptent à nos jours 24 patients d’Ebola.
Dr Sakoba Keita, Coordinateur national de la riposte contre Ebola en Guinée, contacté par Eboladeeply, semble agacé par la nouvelle de cet enregistrement sonore à caractère religieux. Mais affirme toute la volonté des Guinéens à finir vite avec ce virus qui totalise 3681 cas avec 2446 décès, soit un taux de mortalité de 66.4%.
« Nous avons fini avec Ebola en Guinée-Forestière –point de départ de l’épidémie en mars 2014-, pensez-vous que c’est parceque tout le monde croit à l’existence de la maladie làbas ? Pas du tout. Quoi qu’on fasse, il y aura toujours des réticents. Cela n’affectera pas notre volonté à finir au plus tôt avec cette épidémie » a-t-il confié.
Centre de tri à l’Hôpital de Coyah
Avoir accès à l’hôpital préfectoral de Coyah, est désormais réglementé, en ces temps de crise sanitaire liée à Ebola. « Un centre de tri » est juste installé au portail de ce centre médical.
Tout visiteur, tout malade passe obligatoirement devant le kit de lavage de mains, l’hygiéniste qui désinfecte les semelles des chaussures, une équipe médicale qui contrôle la température…
Depuis mi-avril 2015, toute consultation médicale dans cet hôpital est assujetti à la présentation d’une fiche que fournit l’équipe médicale du centre de tri.
« Dès que la température dépasse la normale ici, le patient doit répondre à plusieurs questions de l’équipe médiale. Les réponses sont consignées dans des fiches et il sera conduit à une zone de haute sécurité pour une série de contrôle » assure Dr Fougbe Bereté, Spécialiste Santé, superviseur du centre de tri, mis en place par une organisation non gouvernementale américaine, IMS (International Médical corps).
Les cas suspects une fois mis dans la zone de haute sécurité, seront transférés au CTE de Coyah si la température ne baisse pas.
Amadou Touré, Envoyé spécial à Coyah, Guinée