François Hollande est arrivé, samedi 2 février, à Tombouctou, où il a été accueilli avec ferveur par la population de cette ville emblématique du nord du Mali aux groupes islamistes armés qui l’occupaient.
Des milliers d’habitants rassemblés sur la place principale de la ville, ont salué en libérateur le président français, qui est allé à la rencontre de la foule, dans une indescriptible cohue. Beaucoup portaient des T-shirt peints de drapeaux français et malien. François Hollande et le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, se sont pris la main et l’ont levée au ciel en signe de victoire, sous les acclamations. La ville était pavoisée de drapeaux de la France et du Mali et les habitants dansaient au son des tam-tams, qui étaient interdits par les groupes islamistes, comme toute autre forme de musique.
Accompagné de Dioncounda Traoré, François Hollande a visité la mosquée Djingareyber, principal lieu de culte de la ville, où il s’est entretenu avec l’imam, puis un centre de conservation de précieux manuscrits anciens, dont certains ont été incendiés par les islamistes.
LA VILLE SOUS HAUTE SURVEILLANCE
Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako, a été placée sous très haute surveillance : des militaires français sont en position tous les 100 mètres, des blindés patrouillent les rues, ainsi que des pick-up remplis de soldats maliens. Le président français est accompagné de trois ministres: Laurent Fabius (Affaires étrangères), Jean-Yves Le Drian (Défense) et Pascal Canfin (Développement) et de la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova.
« François Hollande, nous, les femmes de Tombouctou, on le remercie très infiniment, il faut lui dire qu’il a abattu l’arbre, mais il reste à le déraciner », a déclaré dans la foule Fanta Diarra Touré, 53 ans, ex-réceptionniste, vêtue d’un boubou blanc orné de broderies et portant le drapeau français comme un châle.
M. Hollande a attéri samedi matin à Sévaré, et s’est rendu immédiatement avec M. Traoré à Tombouctou, où ils ont été accueillis par des soldats français et maliens. Ils doivent partir pour Bamako en milieu de journée. Le président français avait affirmé vendredi vouloir « dire à nos soldats tout notre soutien » et appeller les pays africains à prendre le relais de la France auprès de l’armée malienne.
POSSIBLE BAISSE DU DISPOSITIF MILITAIRE FRANÇAIS
« Je vais au Mali aussi pour qu’il y ait un dialogue politique qui puisse permettre que le [pays], après avoir chassé les terroristes, puisse retrouver la stabilité et l’esprit de concorde », avait-il déclaré. Comme on lui demandait quand pourrait être envisagée une baisse du dispositif militaire français dans ce pays, il avait répondu : « Je vous le dirai demain. »
Le gouvernement français estime que jusqu’ici son intervention militaire a « réussi », mais une nouvelle phase s’ouvre avec la recherche des djihadistes qui ont opéré un repli tactique dans les zones désertiques. Dioncounda Traoré reconnaît lui-même qu’il ne sait pas encore « si le plus dur est fait ».
Actuellement, 4 600 soldats français – dont 3 500 sur le sol malien – sont engagés dans l’opération lancée le 11 janvier et qui a permis, notamment, la reprise des villes de Gao et de Tombouctou. Vendredi, le secrétaire américain à la défense, Leon Panetta, a estimé que les forces françaises avaient progressé « plus rapidement » que ne l’avaient anticipé les Etats-Unis.
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