Réagissant à l’arrestation et l’inculpation de 13 journalistes à la suite de la dispersion d’un rassemblement pacifique, Fabien Offner, chercheur au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du centre déclare :
« Cette nouvelle répression d’un rassemblement témoigne de la volonté implacable du régime de faire appliquer sa décision du 13 mai 2022 interdisant tous les rassemblements, et de museler les personnes et médias qui dénoncent les atteintes répétées au droit de réunion pacifique et à la liberté d’expression.
« Treize journalistes ont été arrêtés arbitrairement dans la matinée du 16 octobre et conduits au commissariat central puis au tribunal de première instance de Kaloum (Conakry), parmi lesquels le secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPPG). Ils participaient à une manifestation pacifique organisée par le SPPG pour demander la levée des restrictions d’accès à certains sites d’information qu’ils imputent aux autorités. Ils ont été inculpés pour ‘participation à un attroupement illégal sur la voie publique’.
« Considérant l’interdiction générale de manifester décrétée par les autorités comme étant contraire aux normes internationales de protection des droits humains qui lient la Guinée, Amnesty International demande l’abandon des charges contre ces journalistes, libérés le 16 en fin de journée.
« Nous appelons les autorités à garantir le droit à la liberté d’expression et à rétablir le droit de réunion pacifique. »
Complément d’information
Cette nouvelle violation des droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’expression intervient cinq mois après que l’accès aux réseaux sociaux et à des sites d’information avait été restreint à partir du 17 mai, jour d’un appel au rassemblement des Forces Vives de Guinée. Le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique avait justifié ces dysfonctionnements par un problème technique lié au câble sous-marin qui connecte le pays à internet.
En réaction, les organisations professionnelles de la presse avaient décidé de plusieurs actions, dont « le boycott de toutes les activités du gouvernement et les autres organes de la Transition jusqu’à la levée de toutes les restrictions », une « journée sans presse » et une « marche de protestation » (finalement annulée).
Depuis le 15 août 2023, le site d’information Guinéematin.com est inaccessible, sans aucune explication. Le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, par ailleurs porte-parole du gouvernement, a nié être à l’origine de ce blocage, sans pour autant être en mesure d’apporter un éclaircissement à ce sujet.
Pour plus d’information ou demande d’interview, veuillez contacter Ousmane DRABO (ousmane.drabo@amnesty.org) ou press@amnesty.org