Conakry-Guinée : Dans le cadre de l’organisation de la sixième édition du Festival de théâtre de Dubréka, l’Association Bouche d’air a animé une conférence de presse ce vendredi 20 octobre pour lancer officiellement les activités de l’Acte 6 de ce festival devenu un rendez-vous incontournable. Ce festival qui se déroulera du 27 novembre au 3 décembre 2023 aura pour thème : «La formation au service de l’innovation artistique».
Plusieurs activités sont au programme de cette sixième édition dont entre autres : la formation, le concours entrepreneurs culturels, le cirque, le conte, la compétition théâtre scolaire, le spectacle, le slam.
Dans son intervention liminaire, le Directeur Exécutif du Festival de théâtre de Dubréka, Hassane Hilal Sylla, a exposé les différentes articulations de cette édition. D’abord, il a précisé que le festival est ancré sur le théâtre et la valorisation du patrimoine touristique de Dubréka. Comme stipule le thème, cette sixième édition du festival est essentiellement basée sur la formation. Parce que le milieu artistique aujourd’hui, dit-il, en Guinée pêche dans le domaine de la formation, la gestion de carrière.
Parlant des formations et de ceux qui vont donner ces formations durant les sept jours du festival, M. Sylla a indiqué : « Première des choses, nous avons cette année, une initiative importante qui joint et qui se joint à l’initiative du gouvernement sur la question des industries culturelles et créatives. Aujourd’hui, vous n’êtes pas sans savoir que le milieu culturel est pourvoyeur d’emplois, d’économies. Comment cela peut se traduire sur le terrain ? C’est en quittant le secteur informel de la culture et de la pratique culturelle en se mettant sur un aspect économique. Comment cela peut se passer ? C’est en cultivant l’esprit d’entreprise chez les jeunes, les artistes qui viendront sur cette sixième édition ».
Un autre volet du festival, c’est le grand concours jeunes entrepreneurs culturels. Son Directeur Exécutif, Hassane Hilal Sylla, a rappelé que ce concours est une première dans l’univers estudiantin de Dubréka et permettra aux meilleurs porteurs de projets d’entreprises de pouvoir « peacher » leurs idées d’entreprise, mais surtout de bénéficier des fonds pour pouvoir concrétiser leurs projets d’entreprise, et jusqu’à la création. « Dans ce volet-là, nous avons le ministère de la Culture qui nous a notifié son appui pour pouvoir accompagner ce concours d’entreprenariat culturel. Nous avons le ministère de l’Enseignement supérieur, à travers la ministre qui est à Paris, en train justement de négocier sur certains aspects liés à ce concours-là qui va être déployé à Dubréka. Vous n’êtes pas sans savoir qu’on ne peut pas tomber du ciel. On vient apprendre de quelqu’un et par rapport à cela, nous avons tendu la main à Pôle emploi France qui va nous envoyer un de nos compatriotes qui est aujourd’hui naturalisé français et il travaille dans le secteur de l’accompagnement des artistes à la professionnalisation. Il sera en Guinée pour travailler avec les jeunes qui vont participer à ce concours, qui vont candidater avec leurs projets et il va les accompagner dans un premier temps à distance. Il va y avoir un coaching à partir de la France et ensuite ce coaching-là va se concrétiser pendant la semaine du festival. Lui, il aura en charge d’amener les jeunes, les postulants à mieux structurer leurs projets pour qu’au moment ils vont faire la présentation pour que les projets puissent être à même sélectionnés comme l’un des trois meilleurs projets », a-t-il expliqué.
Le festival de théâtre de Dubréka promeut également l’intégration africaine. « Nous avons pensé à tendre la main aux compatriotes africains, c’est notamment le Bénin et le Niger. Le Bénin sera là pour une formation sur la mise en scène de jeux d’acteurs à travers un des directeurs du festival qui existe au Bénin et également le Niger. Aujourd’hui, les artistes ont le vent en poupe dans le domaine de l’humour, mais encore faudrait-il que cela soit matérialisé et concrétisé par des formations. Donc, on aura Mamane qui est très connu en Guinée et qui était avec nous l’année dernière, qui viendra pour une formation spéciale en technique d’humour et de stand-up. Cela va permettre à beaucoup de jeunes qui veulent embrasser ce métier de pouvoir mieux se structurer et exercer cette profession », a souligné M. Sylla.
Le théâtre scolaire, l’autre ambition
S’il y a une chose qui est une tradition durant les dernières éditions du festival, c’est le théâtre scolaire. C’est une ambition que le Directeur Exécutif compte maintenir : « Parce que nous avons aussi la vision d’amener le théâtre ou l’exercice du théâtre dans le milieu scolaire. Il faudrait que nous puissions réussir ce volet-là. C’est la quatrième édition que nous sommes en train de faire. Cette année, nous avons les quatre régions qui vont être représentées à travers quatre écoles des quatre régions du pays. Mais nous aurons vingt écoles de Dubréka qui vont participer également à ce programme ». Pour maintenir les enfants ou les jeunes élèves qui viendront, le festival de théâtre de Dubréka a signé un partenariat avec Magic Parc qui, pour la première fois, va être à Dubréka avec un grand espace consacré aux enfants. Une façon d’émerveiller les enfants à travers des activités artistiques uniques.
Le chargé du théâtre scolaire du Festival, Kokoly Théophile Gbamou, est revenu en détail : «Cette année, il y a pleins de nouveauté. Au-delà des écoles de Dubréka, nous avons invités les quatre régions naturelles du pays. Il y aura trois élèves plus un encadreur pour chaque région. Dans la préfecture de Dubréka, il y a 22 écoles qui sont prêtes à nous accompagner cette années ». Même qu’il y a un programme de formation des formateurs. « C’est-à-dire les encadreurs de ces écoles vont suivre une formation avec nous pendant trois jours du 25 au 27 octobre à la Maison des jeunes de Dubréka. Pendant les trois jours, nous allons apprendre à ces enseignants qui sont des professeurs de français comment utilisé le français dans le théâtre pour faire comprendre aux enfants qu’est-ce qu’il faut », a expliqué M. Gbamou.
Il a ajouté qu’en plus du théâtre, il y aura le conte, le slam pour voir au niveau de ces écoles quels sont les élèves qui peuvent apporter le mieux d’eux-mêmes en conte, en slam. La dernière compétition pour les écoles sera le concours de dictée.
L’ambition la plus noble et la plus encourageante du Festival de théâtre de Dubréka, c’est son initiative pour l’insertion de l’éducation artistique en milieu scolaire. Et c’est parti d’un constat : « Les étudiants arrivent à Dubréka pour la première fois, ils découvrent les arts. Ce qui est une aberration, ce qui n’est pas normal. Tous ceux qui sont venus aujourd’hui à l’Institut des Arts, qui ont été orientés ou qui ont fini, à commencer par moi-même, je suis de la première promotion de cette école, nous n’avons connu les arts qu’arriver à Dubréka. Dans les autres pays, ce n’est pas comme cela que ça se fait puisqu’il y a l’éducation artistique en milieu scolaire. Aujourd’hui, pour ceux qui ont des enfants dans les écoles privées suivent des cours d’art plastique, des cours de théâtre, de djembé et autres. Ce sont ces écoles-là qui proposent aux parents s’ils veulent inscrire ou abonner leurs enfants ».
C’est pourquoi le Festival de théâtre de Dubréka propose au gouvernement guinéen et à ses trois partenaires un curricula de formation en art scolaire aujourd’hui dans le système d’enseignement pré-universitaire. « L’impact, c’est que les enfants qui ont touché à l’art dans le milieu scolaire, ils arrivent à l’université en ayant une idée de ce qu’ils veulent faire et de ce qu’ils vont faire. Donc du coup, cela va permettre que nous n’ayons pas 50 millions de jeunes qui vont sortir diplômés de l’Institut des Arts, mais à la fin qui vont toujours se demander : qu’est-ce que nous allons devenir ? Cette question, je pense qu’à travers cette initiative, elle ne se posera plus. Pour concrétiser cela, nous avons invité le ministre de la Culture, la ministre de l’Enseignement supérieur et le ministre de l’Enseignement pré-universitaire pour la conférence inaugurale le jour de l’ouverture du festival pour les amener à signer un protocole où les étudiants qui sont sortis de l’ISAMK de Dubréka vont être reversés dans le milieu scolaire pour aller tenir des cours et en amont un curricula sera fait pour former les enfants. Les enfants formés, s’ils se retrouvent à l’université et à l’occurrence à l’Institut des Arts, nous estimons qu’il n’aura plus de problèmes que nous sommes en train de suivre aujourd’hui », a conclu le Directeur Exécutif du Festival de théâtre de Dubréka.
Souana Doré
