Le pouvoir de Conakry a convié ce matin les formations politiques en vue d’avoir une » discussion commune » des dispositions de la loi traitant de la » Gestion administrative et judiciaire des manifestations politiques » en Guinée. Vu le caractère que laissait apparaitre le discours des représentants du pouvoir, l’on a eu l’impression qu’un cours magistral de fac de droit a été bien préparé. Reportage
Imaginez un instant une faculté de l’université de Conakry en cours de rattrapage. Des étudiants calmes face aux profs qui veulent étaler leurs connaissances. C’est ce qu’on a assisté ce mercredi matin dans la salle des Congrès du Palais du peuple. C’est le ministre de l’Administration du Territoire qui lance les hostilités en annonçant à l’assemblée que cette rencontre se situe » dans le cadre de la relance du dialogue » entre pouvoir et opposition ainsi que » la volonté du gouvernement de renforcer un climat de paix » et de quiétude sociale.
» C’est en raison de nombreux dérapages constatés sur la voie publique que se tient cette réunion » enfonce le ministre de l’Administration du Territoire face aux représentants des partis politiques dont ceux de l’opposition. Cette dernière, regroupée au sein du Collectif et de l’ADP, a organisé sa dernière manifestation » interdite » le 27 aout dernier qui devait avoir comme départ le marché de Matoto. Celle-ci a été empêchée par les forces de l’ordre par des tirs de gaz lacrymogènes sur les leaders et leurs militants.
» La connaissance des procédures doit nous permettre d’être à l’abri des conséquences judiciaires » affirme Condé. C’est comme si le camp d’en face, surtout les opposants, n’avait guère la maîtrise de tout le dispositif administratif voire juridique avant l’organisation des évènements politiques.
» Que chacun se ressaisisse ! Il n’a jamais été dans la volonté du gouvernement d’interdire l’exercice des libertés publiques » martèle l’initiateur de la dire réunion.
» Il suffit de respecter la loi »
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, a poursuivi en disant que le gouvernement auquel il appartient » ne mettra jamais en cause les dispositions de l’article 10 de la Constitution qui dispose que chaque citoyen guinéen à droit au cortège et à la manifestation. Mais, explique Me Christian Sow, » il suffit de respecter les dispositions »‘ y afférant. A l’ancien avocat du PR Alpha Condé de citer les articles 107 et 108 de la même loi.
En maitre de conférence, Me Sow rappelle que c’est » le refus » des autorités d’ordonner les meetings, marches et autres qui posent problèmes.
» Le législateur dispose alors que la décision de refus doit être suffisamment motivée » rappelle le ministre de la Justice. Pour lui, l’organisateur de la marche devrait exprimer son désaccord en faisant recours à la hiérarchie de l’autorité qui refuse la manifestation ou à la Justice.
» La rue ne doit pas être le lieu d’expression privilégiée de nos désaccords » a dit aux opposants, le ministre qui a failli jeté l’éponge il y a deux mois.
Des cadres du ministre de l’Intérieur, de la Police et de la Gendarmerie nationale se sont à tour de rôle succédé à la tribune pour exposer, chacun en ce qui le concerne, les dispositions de la loi relatives à toute manifestation et les moyens déployés ainsi que les stratégies.