La Représentante spéciale sur la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits, Zainab Hawa Bangura, a révélé vendredi que les femmes avaient tout particulièrement été visées par les atrocités commises il y a trois ans en Guinée contre des manifestants pacifiques par les forces de sécurité de ce pays.
« Les viols publics et collectifs de femmes en plein jour ont démontré de manière dramatique que les violences sexuelles ne sont pas seulement une arme en temps de guerre. Qu’elles relèvent de la tactique de conflit ou du répertoire de la répression politique, l’objectif est le même : humilier, faire taire, intimider et punir les victimes », a souligné Mme Bangura.
La Commission internationale d’enquête sur ces événements, qui se sont produits le 28 septembre 2009 en Guinée, avait confirmé qu’outre le massacre d’au moins 150 manifestants non armés, 109 femmes au moins avaient été victimes de viols et d’autres formes d’abus sexuels. Selon la Commission internationale d’enquête, ces attaques généralisées et systématiques pourraient constituer des crimes contre l’humanité.
« Je me félicite de l’inculpation, annoncée au début de ce mois, du colonel Abdoulaye Chérif Diaby, ancien Ministre de la Santé du gouvernement Moussa Dadis Camara, pour sa responsabilité présumée dans les événements du 28 septembre 2009 », a déclaré Mme Bangura.
Il importe selon elle que ces accusations soient traitées rapidement et de manière approfondie, surtout à la lumière des retards accumulés par la justice guinéenne. Bien que le Lieutenant-colonel Moussa Tiégboro Camara ait été inculpé au début de cette année pour son rôle présumé dans le massacre, à ce jour pas un seul auteur a été reconnu coupable.
« En novembre 2011, mon prédécesseur s’est rendu en Guinée pour s’entretenir avec des victimes de viol, des représentants d’associations de victimes et des responsables gouvernementaux. Un communiqué conjoint avait été convenu entre le gouvernement de guinéen et l’ONU, qui précisait clairement l’engagement du gouvernement à lutter contre l’impunité et, en dernière instance, de prévenir et de décourager les violences sexuelles », a expliqué la Représentante spéciale.
Il existe un besoin urgent d’aider les survivants et de traduire les coupables en justice, a poursuivi Mme Bangura. Il est également crucial que toutes les victimes, d’autres témoins et leurs familles bénéficient d’une protection complète et qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir leur sécurité tout au long de ce processus. Des agresseurs connus ne doivent pas être autorisés à détenir des positions d’autorité, a-t-elle ajouté.
« S’attaquer à ces atrocités est indispensable pour favoriser la réconciliation, la confiance dans le système judiciaire et une paix durable. Nous nous sommes engagés à soutenir les efforts du gouvernement pour lutter contre l’impunité pour les violences sexuelles et à faire en sorte que de telles atrocités ne se répètent jamais. Nous continuerons de surveiller la situation en Guinée et ailleurs», a conclu Mme Bangura.
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