La communauté internationale tente de convaincre le groupe touareg Ansar Dine de lâcher ses alliés d’al-Qaida.
Les négociations avec une partie des islamistes qui contrôlent depuis sept mois le nord du Mali en y appliquant une charia brutale ont-elles franchi une nouvelle étape ce week-end? Oui, si l’on en croit les premières informations ayant filtré d’une rencontre, samedi, au Burkina Faso avec des responsables d’Ansar Dine, l’un des trois groupes extrémistes implantés dans la région. Pressé par le président burkinabé, Blaise Compaoré, de rompre avec ses alliés djihadistes d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) et du Mudjao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), Ansar Dine a affirmé à Ougadougou son «indépendance» et sa volonté de «négocier» pour la paix. La veille, des représentants du mouvement s’étaient également rendus à Alger, qui pousse une solution négociée au Mali. Selon le quotidien algérien El Watan, «il n’est pas exclu» que ces nouveaux pourparlers «débouchent rapidement sur une prise de distance publique par rapport à Aqmi et au Mudjao».
Paradoxalement, cette ouverture diplomatique ne remet pas en cause l’intervention militaire activement préparée par les pays de l’Ouest africain, soutenus sur le plan logistique par la France et les États-Unis, pour rétablir l’autorité de Bamako au nord du pays et éradiquer al-Qaida de la région. Au contraire, elle pourrait même l’aider.
Indispensable soutien algérien
Les partisans d’une opération militaire, France en tête, sont en effet conscients que l’utilisation de la force ne sera efficace que si elle s’appuie sur des alliés locaux, capables de pérenniser dans le temps les effets de l’intervention. C’est-à-dire, concrètement, d’empêcher la reconstitution d’un sanctuaire terroriste dans la région. Si Ansar Dine – mouvement composé de Touaregs maliens, contrairement à ses alliés Aqmi et Mudjao qui s’appuient sur les djihadistes étrangers – accepte de rentrer dans le rang, la partie militaire n’en sera que plus facile à jouer.
Quel que soit leur résultat, les négociations avec Ansar Dine et son chef, Iyad ag Ghaly, facilitent également le versant diplomatique de l’affaire malienne. Acteur incontournable de la crise, l’Algérie n’a jamais été très favorable à l’intervention militaire. Citant une source algérienne «autorisée», El Watan estime que l’objectif d’Alger est aujourd’hui de «remettre les Touaregs dans le jeu politique, isoler et affaiblir les terroristes en prévision de leur traitement en termes sécuritaires».
Le soutien à l’intervention internationale du grand voisin algérien, de son armée, de ses services de renseignements et de sa longue expérience avec le GIA (Groupe islamique armé), l’ancêtre d’Aqmi, est jugé indispensable par ceux qui planifient l’opération. Washington et Paris travaillent main dans la main à son ralliement.
Que les promesses du mouvement djihadiste soient ou non suivies d’effets, les autorités algériennes auront en tout cas été au bout de leur démarche vis-à-vis d’Ansar Dine, avec qui elles entretiennent des liens. Elles pourraient se considérer désormais libres de changer leur position…