Selon des sources proches de sa famille et du ministère du budget, la directrice nationale du Trésor public de Guinée, Aïssatou Boiro, a été assassinée vendredi 9 novembre par des inconnus dans un quartier résidentiel de Conakry, rapporte l’AFP
L’assassinat par balle, commis par en homme « en uniforme de l’armée guinéenne », s’est produit vers 21 h (locales) dans le quartier chic de Kipé alors que Mme Boiro revenait du ministère du budget. Aïssatou Boiro était à l’origine du démantèlement d’un réseau qui avait tenté en mai de détourner plus de 13 milliards de Francs guinéens (1,5 million d’euros) de la Banque centrale de la république de Guinée (BCRG) impliquant plusieurs cadres du Trésor public, du ministère des finances et de la Banque centrale.
« Mme Boiro revenait du travail où elle avait participé à une réunion de cabinet au ministère du budget. Son chauffeur était au volant de son véhicule. Il a été accosté par une autre voiture d’où sont sortis des hommes dont l’un était en uniforme de l’armée guinéenne », a déclaré la source proche de la famille. « C’est ce dernier qui a tiré sur elle alors qu’elle était au téléphone », a ajouté cette source. Les assaillants ont ensuite « tiré des coups de feu en l’air pour terroriser les passants avant de disparaître dans l’obscurité ».
INCORRUPTIBLE
Au moins neuf personnes ont été arrêtées à la suite du démantèlement du réseau qui avait tenté de détourner des fonds publics. Une autre est en fuite. Décrite par ses collaborateurs comme une femme « courageuse », « dynamique » et « incorruptible », Mme Boiro, âgée de 58 ans, était mariée et mère de quatre enfants.
La Guinée, ex-colonie française à l’histoire marquée par la violence politico-militaire depuis son indépendance en 1958, est rongée par une corruption endémique. La lutte contre ce fléau est une des priorités affichée par Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée, en novembre 2010.
Le chef de l’Etat était sorti indemne, en juillet 2011, d’une attaque à l’arme lourde de son domicile privé de Conakry. Une soixantaine de personnes au total, dont des militaires, avaient été arrêtées après cette attaque et la plupart poursuivies pour « attentat contre la sûreté de l’Etat » et « tentative d’assassinat » du chef de l’Etat. Dix-sept des accusés ont été libérés en mars à la faveur d’un non-lieu. Deux sont décédés en détention, les autres demeurent en prison.
AFP