Affranchie, depuis la mi-février 2011, de la férule envahissante d’Hosni Moubarak, l’Egypte est-elle sur le point de se laisser embastiller par un autre satrape ?
Après avoir été salué par les chancelleries occidentales pour sa médiation réussie entre Israël et le Hamas palestinien, Mohamed Morsi doit à présent démêler un tout autre écheveau, cette fois sur le plan intérieur, note le Guardian.En cause, explique le Time, le décret pris jeudi ad nutum par le président islamiste, dans lequel celui-ci s’arroge « temporairement » des pouvoirs judiciaires et constitutionnels élargis.
Sur la place Tahrir du Caire, la rue n’a pas cessé, ces derniers jours, de manifester bruyamment son indignation aux cris de « Morsi dégage ! », rapporte Le Temps. L’institution judiciaire est également en pointe dans la fronde orchestrée contre le pouvoir, convaincue d’être la cible d’une « attaque sans précédent » contre son indépendance, soulignent le NY Times et le Washington Post. Outrés par le coup de force de M. Morsi, les magistrats font planer la menace d’une grève (LA Times).
« LE POUVOIR ABSOLU CORROMPT ABSOLUMENT »
Le nouvel homme fort d’Egypte, qui a tenté de calmer le jeu dimanche soir en se disant prêt au dialogue « avec l’ensemble des forces politiques », n’a-t-il pas commis un impair ? Pour la BBC, le pari politique semble immense. Car, observe The National, le lien de confiance avec le peuple est ténu, de nombreux citoyens l’accusant de vouloir « réécrire les règles de la démocratie » (CS Monitor).
Et le Khaleej Times de conclure : « Peut-être renoncera-t-il à ces nouveaux pouvoirs […]. Si tel est le cas, il sera salué comme un nouveau Périclès ou George Washington. Mais, comme le disait Lord Acton [homme politique britannique du XIXe siècle] : ‘Tout pouvoir tend à corrompre. Le pouvoir absolu corrompt absolument’. »