samedi, avril 20, 2024

France : Jacques Chirac ne  » s’intéresse pas à la vie politique d’aujourd’hui »

Que pense Jacques Chirac de la crise qui secoue l’UMP, parti qu’il a créé il y a dix ans ? Sans doute « rien », selon des proches, tant l’ex-président affaibli par la maladie, qui fête jeudi ses 80 ans, a pris ses distances avec l’agitation politique.

Mais c’est bien son héritage – l’union de la droite et du centre droit – qui est aujourd’hui en péril.

Interrogé par Europe 1 sur une éventuelle intervention de M. Chirac dans le psychodrame au sein du parti qu’il a fondé en 2002, son ami et proche Jean-Louis Debré, qui dînera avec lui jeudi pour son anniversaire, a tranché : « Sûrement pas ! (…) Il s’intéresse beaucoup à la France, à la politique française non. (…) Il a suivi avec grande attention l’élection présidentielle, les élections législatives, il s’intéresse à ça, mais la vie politique aujourd’hui ne l’intéresse pas. »

« Nécessairement il regarde, mais ce qu’il regarde ne lui donne pas nécessairement très envie de commenter », a dit sur France Inter son gendre, Frédéric Salat-Baroux. « Il en parle assez peu et je crois qu’on peut comprendre qu’il ne puisse pas être assez intéressé par ce qu’on voit », a-t-il ajouté.

« ÉTAT DE SANTÉ TRÈS FRAGILE »

« Je l’ai vu vendredi, il est assez fatigué, il n’a pas très envie d’en parler. J’ai évoqué avec lui le sujet, il ne s’y intéressait pas, il n’a fait aucun commentaire. Je ne crois pas qu’il se sente concerné, même si c’est sous son autorité qu’a été créée l’UMP », confie l’ancienne ministre Christine Albanel. « Il est totalement éloigné de tout cela. Il ne sait pas ce qui se passe », dit une autre sous le couvert de l’anonymat.

L’ancien secrétaire général de la présidence Philippe Bas, qui voit régulièrement M. Chirac, n’a pas souvenir de l’avoir entendu se prononcer en privé sur la rivalité entre François Fillon et Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP. L’écrivain et éditeur Jean-Luc Barré, qui a aidé M. Chirac à rédiger ses mémoires, pas davantage. « Il a pris ses distances avec tout cela depuis longtemps. »

« Il est dans un état de santé très fragile (…) je le trouve très affaibli. Il a été très affecté par la mort de Maurice Ulrich [l’un de ses anciens conseillers les plus proches]. C’est une nouvelle qui l’a plus touché que les déboires de l’UMP dont je le sens très éloigné », témoigne M. Barré.

L’ancien maire de Paris, dont les apparitions publiques sont rares – il pose toutefois cette semaine en famille dans Paris Match, notamment avec ses deux filles Claude et Laurence – n’était pas présent la semaine dernière à la remise du prix de sa Fondation pour la prévention des conflits. La disparition le 14 novembre de M. Ulrich l’a « beaucoup affecté », a confirmé son épouse, Bernadette.

La dernière prise de position publique du fondateur du RPR, resté très populaire auprès des Français, malgré sa condamnation en décembre 2011 dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, date de la campagne présidentielle. En juin 2011, à Sarran (Corrèze), il avait affirmé qu’il « voterai[t] François Hollande ». « Humour corrézien », avait-il rectifié dans un communiqué le lendemain, mais M. Barré a soutenu en avril que M. Chirac voterait pour le candidat socialiste.

« UNE DÉMOCRATIE AVEC UNE FORCE DE CENTRE DROIT »

« Son dernier intérêt pour la vie politique a été la présidentielle. C’est le moment où il a dit ce qu’il avait à dire, ou qu’il l’a fait dire », assure M. Barré, sur qui ont plu les critiques, pour avoir parlé au nom de l’ancien président. Pour Philippe Bas, si « on ne peut faire parler Jacques Chirac, on peut en revanche parler de comment il a conçu l’UMP au moment de sa naissance, et quelle était la ligne politique » originelle du parti.

« La ligne politique de l’UMP, cela a été l’union de la droite et du centre, après la victoire de Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen [à la présidentielle de 2002], pour défendre les valeurs de la République », développe le sénateur de la Manche. « Il y avait cette idée qu’il faut une démocratie avec une force de centre droit et une force de centre gauche qui alternent au pouvoir, comme dans toutes les démocraties modernes », et « le refus de toute parole qui puisse légitimer l’extrême droite et les tentations populistes », ajoute-t-il.

Si Jacques Chirac n’est pas à proprement parler « une figure tutélaire » de l’UMP, beaucoup « se rattachent » à ses idées, comme lui-même, François Baroin ou Valérie Pécresse, affirme M. Bas. Tous trois ont apporté leur soutien à François Fillon. « D’une certaine manière, François Fillon incarne sans doute plus la défense des valeurs chiraquiennes », estime M. Barré.

lemonde.fr

 

 

 

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