mardi, octobre 15, 2024

RÉVÉLATIONS • Le budget royal ou la patate chaude du Maroc

Le 18 novembre, et pendant que le royaume célébrait le 57ème anniversaire de son indépendance, la police a violemment dispersé des manifestants qui demandaient la réduction du budget royal.

« L’Etat est en crise, les finances publiques sont au rouge et le budget alloué à la monarchie est en hausse, ce n’est pas normal », ont notamment scandé les manifestants de Rabat, avant d’être brutalisés par les forces de l’ordre.

De quoi parlons-nous ? D’une enveloppe globale de près de 2,5 milliards de dirhams [234 millions d’euros] dédiée annuellement au fonctionnement de la monarchie, qui va du salaire du roi à celui de ses conseillers et des membres de la famille royale, en passant par les frais d’entretien des palais, d’acquisition de matériel divers, etc. Avec ces 2,5 milliards de dirhams, le budget royal atteint des records et figure parmi les plus élevés au monde.

Comparée aux monarchies espagnole et britannique, la marocaine revient à peu près dix fois et quatre fois plus cher. Ce train de vie pharaonique est d’autant plus difficile à supporter que le Maroc est, jusqu’à preuve du contraire, un pays pauvre, dans lequel l’Etat fait régulièrement face à d’énormes déficits budgétaires. 

Le problème avec le budget royal, c’est qu’il n’est pas établi par les instances représentatives de la nation mais ailleurs. Où exactement ? Nul ne le sait. Le parlement l’a toujours considéré comme une patate chaude qu’il valait mieux ne pas toucher. Il n’a quasiment jamais pris la peine de l’examiner. Comme tout ce qui concerne la monarchie, une sorte de code s’est établi pour signifier « pas touche ». Les élus de la nation ont acquis l’habitude de discuter de tout sauf de « ça ». Que le gouvernement, ou l’opposition, soit socialiste, monarchiste ou aujourd’hui islamiste, ce budget a toujours été décidé ailleurs, empruntant un circuit extra-gouvernemental et obéissant à une logique supra-institutionnelle. 

Cette situation de non-droit exceptionnelle a longtemps souffert d’une espèce d’indifférence générale, n’intéressant guère que des intellectuels de gauche ou des individualités de la presse et de la société civile. Il en va désormais autrement puisque le débat, aujourd’hui, n’est plus confiné dans les salons ou les salles de rédaction. Il déborde dans la rue. Il intéresse la jeunesse. Il est l’affaire de tout le monde.

Qu’y a-t-il de mal à discuter du budget royal, à l’amender, à le réduire ? Strictement aucun. Un député islamiste[Abdelaziz Aftati, député du parti au pouvoir le Parti de la justice et du développement] vient de le faire cette semaine en plein parlement. D’autres le suivront sans doute. Le débat, qui fait déjà rage sur les réseaux sociaux, s’invitera un jour à la télévision. Parce que le compte à rebours a été déclenché et rien ne pourra l’arrêter, pas même la brutalité policière.

Courrier international

 

Latest

Paris-Madrid : la Guinée à la conquête de partenaires au développement

Paris-Madrid et vice-versa. Dans ces deux capitales française et...

Disparition de Foniké et Billo : des expertes de l’ONU interpellent la Guinée

Conakry, Guinée : dans un communiqué, des expertes des...

Guinée : l’Union Sacrée s’est désacralisée !

Conakry, Guinée : ils l'ont voulu sacrée, mais cette...

Newsletter

spot_img

Don't miss

Paris-Madrid : la Guinée à la conquête de partenaires au développement

Paris-Madrid et vice-versa. Dans ces deux capitales française et...

Disparition de Foniké et Billo : des expertes de l’ONU interpellent la Guinée

Conakry, Guinée : dans un communiqué, des expertes des...

Guinée : l’Union Sacrée s’est désacralisée !

Conakry, Guinée : ils l'ont voulu sacrée, mais cette...

Lybie: l’équipe nationale du Nigéria broie du noir dans un aéroport

Le capitaine du Nigeria, William Troost-Ekong, menace de ne...
spot_imgspot_img

Paris-Madrid : la Guinée à la conquête de partenaires au développement

Paris-Madrid et vice-versa. Dans ces deux capitales française et espagnole de l'Europe, les émissaires du Général de corps d’armée Mamamdi Doumbouya sont sans relâche...

Médias Paix-Sport Afrique : Issiaga Sylla désigné «Meilleur Journaliste Sportif » (Prix Hédi Hamel)

Conakry, Guinée : la presse guinéenne honorée ce jour par la désignation du journaliste sportif Issiaga Sylla (RTG) comme le "journaliste sportif de l'année"...

Disparition de Foniké et Billo : des expertes de l’ONU interpellent la Guinée

Conakry, Guinée : dans un communiqué, des expertes des droits humaines de l'ONU remettent sur table le dossier de l'enlèvement de Fonikè Manguè et...

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici