Un contributeur au grand quotidien kényan The Daily Nation propose une analyse fort simple du résultat des élections présidentielles du 4 mars 2013, qui ont vu la victoire dès le premier tour de l’ancien vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta.
« La clé des élections se trouvait juste devant notre nez, écrit-il. On a souvent dit que le vote au Kenya était déterminé par les divisions ethniques. Pour le dire d’une autre façon : ‘c’est la tribu, idiot !’ [une référence au mot de Bill Clinton : « c’est l’économie, idiot ! »]. Nul besoin de chercher plus loin. Bien sûr, il y a des raisons qui se superposent au motif ethnique, mais celui-ci détermine tous les autres.
Les stratèges politiques les plus importants savaient que celui qui rassemblerait le plus de ‘votes ethniques’ l’emporterait. Oubliez tous les ‘sujets’. Les ‘sujets’ sont compris dans celui de l’ethnie. Les deux principales coalitions avaient saisi cette cruelle logique. Mais les stratèges d’Uhuru Kenyatta se sont montrés plus adroits que les autres. Il a pris de court son principal adversaire, le Premier ministre Raila Odinga. »
Comment Uhuru Kenyatta s’y est-il pris ? En cooptant les représentants d’autres ethnies, à commencer par les Kalenjins (troisième groupe du pays) de son colistier William Ruto :
« Par nécessité, Kenyatta était main dans la main avec son colistier, William Ruto : ils étaient unis par les accusations de crimes contre l’humanité formulées contre eux par la Cour pénale internationale de La Haye [William Ruto et Uhuru Kenyatta sont mis en cause dans les violences post-électorales de 2007-2008 et doivent comparaître au printemps devant Cour pénale internationale]. Il savait qu’il n’avait qu’un frère siamois, Ruto, et qu’il se sauverait avec lui – ou coulerait avec lui. Au départ, c’était une stratégie de désespéré. (…) William Ruto accepta l’union qui lui était proposée par Kenyatta, bien que chacun d’eux fût accusé par La Haye d’avoir organisé le massacre des partisans de l’autre. »
Puisqu’il est lui-même issu du premier groupe du pays, les Kikuyus, Uhuru Kenyatta « avait l’avantage. Il avait avec lui les première et troisièmes ethnies du pays. Raila Odinga avait les Luos [dont il est issu] et les Kamba, quatrième et cinquième groupes. »
Mais le coup de maître de Kenyatta « a été de diviser les Luhyas [la seconde ethnie du pays] au détriment de Raila Odinga », en « flirtant » avec certains des leaders luhyas, un groupe « complexe » et « indiscipliné ».