samedi, mars 15, 2025

France: Claude Guéant et l’argent comptant…

La découverte d’un possible détournement de fonds publics d’environ 250 000 euros entre 2002 et 2004 pourrait valoir à l’ancien ministre de nouveaux ennuis judiciaires.

 

Rattrapé par des affaires diverses et variées, exotiques parfois liées à des suspicions de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 ou d’intervention dans l’arbitrage de Bernard Tapie pour Adidas, Claude Guéant pourrait se voir reprocher par la justice de possibles «détournements de fonds publics». Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a transmis hier soir  au procureur de la République de Paris le «Rapport sur les frais d’enquête et de surveillance» (FES) des inspections générale de l’administration (IGA) et de la police nationale (IGPN). Ce document établit en effet que «des versements de l’ordre de 10 000 euros mensuels» – prélevés sur les fonds en espèces dédiés aux opérations de police – ont été effectués entre mai 2002 et l’été 2004 au profit du directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant. Ce qui était strictement interdit et illégal. Car les primes de cabinet ministériel en numéraires ont été abolies le 1er janvier 2002, puis versées sur les salaires et, donc, déclarées au fisc.

D’après le rapport, Guéant aurait «rétabli» ce système de dotation en prélevant 10 000 euros par mois. Qu’il s’agisse d’enrichissement personnel, de redistribution à «deux ou trois collaborateurs» – c’est ce qu’avance Jean-Marc Leclerc du Figaro, très lié à Guéant – ou du pilotage de «la traque de Ferrara et plus encore d’un Colonna», voire de financement politique de son mentor Sarkozy, cet éventuel «détournement de fonds publics» pourrait venir épaissir le dossier des juges Serge Tournaire et René Grouman déjà ouvert contre X pour «corruption, trafic d’influence, abus de biens sociaux et blanchiment». Selon nos informations, Claude Guéant a été entendu jeudi par la Division nationale des investigations financières et fiscales (Dniff), saisie par les magistrats à propos de mouvements de fonds suspects sur ses comptes bancaires.

«Électroménager». Cette enquête a démarré après les déclarations de l’intermédiaire Ziad Takieddine sur des mallettes d’argent du colonel Kadhafi, prétendument remises à Sarkozy pour qu’il accède à l’Elysée en 2007. Puis une perquisition menée, le 27 février, au cabinet et au domicile de Me Guéant, a permis de découvrir un versement suspect de 500 000 euros en provenance de Malaisie et de nombreuses factures réglées en espèces. Suite aux révélations du Canard enchaîné du 30 avril, Claude Guéant a justifié ce gain d’un demi-million par la vente «à un confrère avocat malaisien» de deux croûtes d’un peintre flamand du XVIIe siècle qui ne valent pourtant pas grand-chose, selon l’expert Artprice.

 Pour expliquer ses achats en liquide, Claude Guéant a assuré à Libération qu’il s’agit de «dix factures d’électroménager et d’équipement de maison, pour un montant total de 20 000 à 25 000 euros» payées en liquide avec les «frais d’enquête et de surveillance» qu’il touchait au cabinet du ministère de l’Intérieur. Il nous a même précisé que cet argent au black s’élevait «à des milliers d’euros par mois, de l’ordre de 3 000 à 5 000 euros». Le rapport des inspections évoque le double ou le triple de billets pris sur les fonds publics.
Le plus cocasse, c’est que Guéant s’est assis sur ses propres principes édictés le 3 février 1998, en tant que directeur général de la police national, dans une note adressée aux patrons de police stipulant «qu’en aucun cas» ces frais d’enquête et de surveillance ne doivent être «considérés comme permettant d’alimenter un régime indemnitaire». Il interdisait donc que ces fonds servent à financer des primes occultes en liquide. Mais en 2002, ayant changé de casquette, il paraît avoir «oublié» ces règles, ponctionnant 10 000 euros dans cette enveloppe dédiée aux policiers. Un comble pour Jean-Marc Bailleul, leader du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), directement intéressés par ces «gratifications» et «frais», qui exige que «Guéant rende l’argent» : «Il doit rembourser les sommes qu’il a indûment touchées sur le dos des services de police.»
 
«Virement». Sans nul doute, Claude Guéant devra rendre des comptes à la justice sur ces 250 000 euros de faux frais de police perçus à l’époque, mais également – comme l’a révélé l’Express – sur «un virement de 25 000 euros versés depuis la Jordanie» découvert dans les documents retrouvés chez lui ainsi que «deux notes à en-tête du ministère de l’Intérieur qui évoquent ses relations régulières» avec trois hommes d’affaires sulfureux : Ziad Takieddine, Alexandre Djouhri et l’avocat Robert Bourgi.

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