Dans la matinée du 4 juillet 2013 aux environs de 10:30, le journaliste, Mr. Mandian SIDIBE, Directeur général de la radio « Planète FM » a été inculpé de diffamation par voie de presse et placé sous contrôle judiciaire avec l’obligation de se présenter une fois par semaine au cabinet du juge d’instruction, de ne pas sortir du périmètre de la ville de Conakry sans l’aviser et déférer à toutes ses convocations.
L’acte d’inculpation ne précise pas contre qui la diffamation est faite mais une transcription par Huissier de Justice d’une émission datée du 25 mai 2013 est jointe à l’ordonnance dont on peut lire notamment, les propos de Mr. Mandian SIDIBE: « Qui se dit prête à empêcher la tenue des élections, de l’autre côté des querelles intestines au sein du RPG ont tendance à ne donner aucune chance à l’organisation des élections législatives à la date prévue … sachez que des menaces de kidnapping et d’élimination physique pèsent sur Mandian SIDIBE … ».
Nous pouvons déduire que la diffamation est faite contre le Chef de l’Etat, Prof. Alpha CONDE, dès lors que le Juge d’Instruction a évoqué l’article 128 de la loi organique 002 portant sur la Liberté de la Presse en Guinée. Cette disposition prévoie la poursuite des délits et contraventions commis par voie de presse contre le Chef d’Etat d’office à la requête du ministère publique.
Aujourd’hui est un jour triste pour tous les défenseurs des droits de l’Homme, plus particulièrement la Liberté d’Expression dans notre pays. Nous pensions que les pratiques qui consistent à harceler, intimider et violer les droits élémentaires des journalistes étaient révolues en Guinée mais hélas, cela n’est pas le cas.
Toutes les personnes de bonne volonté, éprises de paix et justice doivent dénoncer cet acte car cette inculpation et le contrôle judiciaire qui en découle constituent une violation flagrante des dispositions de la loi organique 002 sur la Liberté de la Presse, notamment l’article 130. Désormais, les délits et contraventions commis par voie de presse ont été dépénalisés et donc, il ne sied pas de prendre une ordonnance de mesure restrictive de liberté.
De surcroit, comme l’a réitérer à plusieurs reprises les plus hautes juridictions des nations civilisées, notamment la Cour Européenne des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales dans l’arrêt Handyside du 7 décembre 1976 : « la liberté d’expression vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent. Ainsi, le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de « société démocratique ».
L’IRDED interpelle les autorités publiques, les partis politiques, l’opinion nationale et internationale, les institutions et organisations nationales et internationales, les organisations de défense des Droits Humains, les médias… sur cette menace contre non seulement Monsieur Mandian SIDIBE mais aussi les journalistes dans leur ensemble. Cela constitue une tentative de limiter la liberté d’expression.
L’IRDED qui a pour objectif la promotion de la démocratie et l’Etat de droit dont la liberté d’expression constitue une condition essentielle ne reculera pas dans son noble combat pour une Guinée juste, démocratique, unie et prospère.
Conakry, le 5 juillet 2013
Le Bureau Exécutif