La Guinée forestière, en proie à des troubles ethniques, est une véritable poudrière. Les affrontements meurtriers qui, depuis lundi 15 juillet, ont opposé des Guerzés et des Koniakés.
Les armes automatiques et les anciens miliciens pullulent dans la région, ce qui explique les bilans élevés. On parle désormais de plusieurs dizaines de morts.
Durant les affrontements interethniques de Nzérékoré, des civils ont utilisé des fusils mitrailleurs. Ce phénomène prend une ampleur inquiétante et constitue le motif d’inquiétude numéro un des autorités guinéennes.
Voilà vingt ans que la Guinée forestière est en contact avec trois zones d’instabilité : la Sierra Leone et le Libéria à l’ouest, la Cote d’Ivoire à l’est. De nombreux miliciens se sont dispersés dans la région ou y ont recyclé des armes. Durant la guerre au Libéria, des miliciens libériens se sont installés dans la région de Nzérékoré. Au début des années 2000, lors de l’offensive finale contre Charles Taylor, le LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie), le mouvement opposé au régime de Monrovia, recrutait au vu et au su de tout le monde des Guinéens de Nzérékoré.
À ce contingent d’anciens miliciens se sont ajoutés en 2009 les milliers de jeunes forestiers qu’avait recruté et formé le chef de la junte, Moussa Dadis Camara dans la région de Conakry. Renvoyés chez eux, beaucoup de ces jeunes sont partis avec leurs armes, même si officiellement ils ont été désarmés.
Tous les dix ans, la Guinée forestière voit ainsi arriver de nouveaux groupes de jeunes hommes possédant une arme. Une situation qui explique comment, depuis 1991, la longue série de heurts entre communautés prend à chaque fois une tournure de plus en plus violente. Seule solution pour ramener la paix : le désarmement de la Guinée forestière.
RFI