Au moins une personne a été tuée dans la nuit de jeudi 18 à vendredi 19 juillet, au cours de violences entre des Touareg et des « populations noires » à Kidal (nord-est du Mali), à neuf jours du premier tour de la présidentielle, selon une source militaire africaine de la force de l’ONU au Mali, la Minusma.
Jeudi soir, dans le centre de Kidal, « il y a eu des coups de feu entre un groupe de Touareg accusés d’être du MNLA [Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion] ou proches du MNLA et des populations noires », a déclaré cette source, dont les déclarations ont été confirmées par l’entourage du gouverneur de la ville, le colonel Adama Kamissoko. Peu après, plusieurs personnes se sont réfugiées au camp militaire de Kidal, a précisé cette source.
Le colonel Diaran Koné, du ministère malien de la défense, a quant à lui évoqué « quatre morts, et beaucoup de blessés », chiffres qui n’ont pas été confirmés par d’autres sources.
Les rebelles touareg du MNLA occupaient la ville de Kidal depuis février, jusqu’à leur cantonnement récent. Celui-ci s’est fait parallèlement à l’arrivée, le 5 juillet, de quelque 150 soldats maliens, conformément à l’accord de paix signé le 18 juin à Ouagadougou par la rébellion touareg et le gouvernement malien de transition. L’arrivée des soldats maliens dans la ville, où le gouverneur se trouve depuis lundi pour préparer la présidentielle, avait déjà provoqué des tensions entre partisans et opposants à la présence de l’armée.
« CALME PRÉCAIRE »
Selon le militaire de la Minusma, « une rumeur selon laquelle un renfort de l’armée malienne » était arrivé à Kidal aurait « fait le tour de la ville [jeudi soir], certains affirmant avoir entendu des civils scander ‘Vive l’armée, vive le Mali’, d’autres répliquant ‘Vive l’Azawad’ [nom donné au Nord malien par les Touareg] : il y a eu des tirs et un civil a été tué ».
Selon l’entourage du gouverneur de Kidal, « des boutiques de personnes originaires de Gao, notamment, ont été saccagées ». Vendredi matin, « un calme précaire règne, toutes les boutiques des commerçants sont fermées », a-t-il précisé.
Selon le colonel Koné, « des éléments du MNLA sous la conduite de Moussa Yatara, déserteur de l’armée malienne, ont ciblé les maisons et les populations favorables » à l’unité du Mali. « Il y a eu des morts et beaucoup de blessés parmi les populations concernées qui fuient pour se réfugier auprès du détachement militaire malien », précise ce responsable.
M. Koné a appelé « la communauté internationale » a reconnaître « la violation » par le MNLA de l’accord de paix de Ouagadougou.
LEMONDE.FR