vendredi, avril 19, 2024

« La convention collective pour les journalistes guinéens pour mieux organiser la presse », soutient Ismaël Camara de Guineetime.com

Pour ce quatrième numéro, la rédaction de Guineewebinfo a rencontré pour vous Ismael Kabinet Camara, Administrateur général du site Guineetime.com. Il est également assistant au département Communication à la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante…  Entretien exclusif.

Guineewebinfo.net : Votre constat sur la pratique du métier de journaliste en Guinée ?
Ismaël Kabiné Camara : C’est une question très ouverte que vous me posez. À laquelle, il m’est difficile, en un temps court, d’expliquer de long en large…Qu’à cela ne tienne ! Je vais décliner quelques grandes orientations par rapport à la pratique du métier de journaliste en Guinée.

La presse guinéenne est une presse- C’est vrai responsable, dans l’ensemble. Mais cette image risque d’être ternie si l’on y prend garde, pour extirper de nos rangs certaines brebis galeuses. De plus en plus, il y a des  dérapages dans la pratique du journalisme en Guinée. Je pense d’ailleurs que c’est ce qui a motivé certaines ONG à initier  une série de formations. Pour faire en sorte que les journalistes soient de plus en plus outillés, ne serait-ce que du B.A-BA du métier de journaliste. D’autres ONG ont initié des concours  axés sur la bonne  pratique qui récompensent les journalistes  qui  s’illustreront dans la pratique telle que prévue par la législation qui régit le métier de journaliste à savoir : l’éthique, la déontologie, la responsabilité etc. .

En revanche, il faut le reconnaitre, il y a des gens qui travaillent normalement, honnêtement, correctement et professionnellement bien, qu’il faut saluer et encourager pour que cela continue pour la réputation, l’image de notre métier, notre noble métier…  De plus en plus, il faut pousser l’Etat à travers le CNC (Conseil National de la Communication) et les organisations de presse, à faire en sorte que cette bonne pratique soit améliorée,  pour une Guinée où la presse est appréciée par sa responsabilité, son professionnalisme et son sens aigu de l’information.

Grosso modo, les journalistes guinéens ont beaucoup à apprendre en terme de formation. Ce besoin se sent dans la façon de restituer les informations. Il suffit, pour s’en rendre compte, de suivre les émissions interactives, pas toutes, au niveau de l’audiovisuel. Il en est de même  pour la presse écrite et la presse en ligne. Partout, il y a des bons, il y a des mauvais. Il faut faire en sorte que la tendance soit du bon coté afin de pouvoir sauver les meubles par la formation, la responsabilité des associations de presse. Mais surtout la rigueur, l’impartialité de l’organe chargé de réguler la presse et par la responsabilité individuelle des journalistes eux-mêmes, partie intégrante de la société guinéenne.

Journalistes, on se doit de protéger la patrie contre les pyromanes. Vous savez que certains pays ont sombré à cause du rôle néfaste joué par les médias. Je pense notamment à la radio Mille Collines  du Rwanda. On doit agir de façon à éviter un tel syndrome si l’on veut  continuer à vivre dans la paix. Cela suppose qu’on doit donner en toute  responsabilité, de bonnes informations vérifiées et recoupées à défaut d’être objectives.  …C’est à mon avis le minimum.

On aurait pu s’étonner que ce soit seulement les journalistes employés des rédactions qui aient des accrocs avec les autorités mais il se trouve que certains patrons de presse, je veux citer le cas Mandian Sidibe, dérogent aussi à la règle. Illustratif ; est-ce une fierté pour la presse guinéenne, ces agissements de Mandian ?
Non, Non ! Je pense qu’il ne faut pas porter les gants pour le dire. Ce n’est pas une fierté, ça n’honore pas la presse guinéenne, non plus le journaliste, même pas la Guinée, parce c’est de la Guinée qu’il s’agit. Je pense que- puisque vous m’amenez à parler de Mandian, je n’aimerai pas personnaliser le débat-, tous les journalistes doivent travailler à faire du professionnalisme, et à se démarquer de cette forme singulière de pratiquer le journalisme, en donnant des informations vindicatives, sur la base le plus souvent des rumeurs. Cela donne l’impression d’être partisan …. Cette façon de pratiquer le journalisme est à bannir, à condamner vigoureusement. Je pense que c’est déjà fait par l’union des radios et télévisions libres de Guinée, Urtelgui et le Conseil National de la Communication. Les gens devraient  revenir à de meilleurs sentiments. C’est un souhait.

Cette Guinée nous appartient à tous, nous devons cultiver la paix dans le journalisme parce qu’il y a le journalisme de paix mais surtout cultiver la bonne pratique du metier qui voudrait qu’on vérifie les faits avant de les restituer. Le principe sacro-saint du journaliste, c’est le recoupement.  Si on s’écarte de ce principe, on tombe dans l’amateurisme.

Je ne sais comment vous l’avez l’accueilli, au cours d’une réception,  le président Alpha Condé, avant de recevoir les différentes associations de presse, a surpris tous les journalistes en affirmant qu’ « il n’y a pas de journalistes en Guinée », pourtant ?
Je pense que le président Condé a sa façon de dire les choses  que je respecte. Mais je ne suis pas d’accord avec lui sur e point.  Non, je ne suis pas d’accord. Il y a des journalistes en guinée, de grands journalistes dont  on doit être fier et même jaloux. On ne peut pas prendre une portion de journalistes amateurs qui s’illustrent dans la diffamation et la délation et conclure qu’il n’ y a pas de journalistes en Guinée. 

Il y a dans ce pays, des journalistes professionnels, honnêtes et responsables et dont la probité morale et intellectuelle ne souffre d’aucun doute.
Opposant, le président Alpha a bénéficié du soutien presque unanime des médias représentatifs guinéens. Notamment lors de son arrestation, son incarcération en  1998.

Au sortir de la prison, il avait, en guise de reconnaissance fait le tour des rédactions pour dire aux uns et aux autres merci pour la lutte pour la liberté. Il avait alors offert, si mes souvenirs sont exacts, un montant modeste aux médias.

C’est récurrent, les problèmes entre patrons de presse et employés que sont les journalistes. Notamment, vous avez vécu cela dans le groupe de medias Société Guinéenne d’Investissement (Tamtamguinee.com, chérie FM…, ndlr)
Je n’ai pas envie de parler de mon cas, parce que je considère que le problème va au-delà de ma personne. Ceci dit, il faut rappeler que ces problèmes surgissent le plus souvent  à la veille de la subvention annuelle accordée par l’Etat à la presse privée. Quand celle-ci est octroyée, bonjour les arguments : nous avons des loyers à payer, des cansons (pour le journal papier) à payer, du papier…Voilà tant d’arguments pour sevrer les journalistes. Cette pratique est courante. Il arrive que dans cette subvention, certains se retrouvent avec 0 franc, d’autres 100 mille francs sur 18 millions ou 20 millions reçus. Ce qui est regrettable. Ça n’encourage pas. C’est la même réalité dans presque tous les medias:  audiovisuel, en ligne, la presse écrite. La conséquence de cette méchanceté, passez-moi le mot, parce que c’en est une- pousse souvent les journalistes à créer leurs propres entreprises avec les moyens du bord. Parce que simplement, les journalistes n’ont pas forcement de recours efficace pour revendiquer  et obtenir satisfaction.

Les gens essaient de voler de leurs propres ailes….
Oui. Des fois ça marche. Des fois ça ne marche pas. La conséquence de tout cela c’est qu’il y a une pléthore de journaux, de sites internet, pas forcément efficaces, pas forcément professionnels. Par moment, lorsqu’on ne peut animer seul un media, on fait recours à la main d’œuvre facile, pas forcément qualifiée donc peu exigeante, en termes de rémunération salariale…avec tous les dangers que cela comporte. Quand vous prenez des gens qui ne sont pas forcément journalistes, qui savent peut-être lire, écrire, rédiger sans compétence d’un journaliste pour exercer le métier convenablement. Je pense que c’est très grave. Ce sont  ces gens qu’on retrouve le plus souvent dans nos rédactions et qui travaillent mal. Je ne suis pas en train de dédouaner des journalistes qui ont fréquenté des écoles de journalisme qui travaillent mal aussi. La tendance est à la facilité. On n’a pas forcément besoin de la main d’œuvre qualifiée qui coute cher.

J’insiste y a-t-il des problèmes entre le patron de presse et ses employés où vous avez passé un bon moment- d’ailleurs vous avez été responsable dans ce media. Le plus souvent la société SGI médias, à travers sa patronne, Chantal Cole, est sur la sellette ?
Je pense qu’il y a des problèmes au niveau de ce media que tu évoques comme dans d’autres médias…Le problème réside au niveau de la gestion de ce media. Celle-ci pose problème parce que tout simplement la patronne de presse ne semble  composer avec personne. A ce climat d’incompréhension s’y greffent, les problèmes d’humeur, de gestion, de traitement. Lorsque les gens qui sont recrutés pour travailler pour une seule radio se retrouvent à travailler pour trois médias, quelque part, si le traitement ne suit pas, il y a problème.

Car en utilisant sans succès la manière douce, les gens peuvent être poussés  à user la manière forte pour réclamer  leurs droits. Tout cela ne se passe pas sans conséquence du côté du patronat.

Je préfère ne dire plus, car je considère que lorsqu’on quitte un service, on a une certaine obligation de réserve dictée par la morale pour ne pas être vu autrement. Sinon ce média a des potentiels qu’il convient simplement de motiver, de considérer et de responsabiliser.

Mutatis mutandis. Patrons de presse, journalistes, chacun a des problèmes mais les patrons autant, du fait, d’un étroit marché publicitaire en guinée. Certains medias seulement y excellent ; ne serait-il pas, pour l’ensemble de la presse, nécessaire de fédérer nos efforts pour réorienter les institutions à élargir leur communication aux medias répondant à certains critères d’une entreprise de presse et permettre de faire face aux défis auxquels nos rédactions sont souvent confrontées ?
Je pense que le problème réside dans le chômage. Si vous voyez les gens accepter des salaires misérables, c’est peut-être parce qu’ils ne savent pas où aller. Si vous savez qu’en claquant la porte, vous n’avez pas où aller,  vous êtes tentés parfois d’endurer certaines souffrances dans le silence. Il y en a qui prennent 300 mille, 400 mille, 500 mille même 1 million ou un peu plus mais dans le contexte actuel c’est dérisoire.

Autrement, les gens devraient exiger la signature des contrats de travail avec les entreprises de presse. Mais même là, ce n’est pas facile dans la pratique.  Bref, c’est le contexte du chômage qui fait accepter aux gens l’inacceptable. Si le secteur des médias était très bien structuré, les règles seraient respectées par tous.

 Mais ce n’est pas  pour le moment,  le cas en Guinée. Je suis patron de presse, je ne suis pas content, je suis de mauvaise humeur, votre tête ne me plait pas, je vous fous à la porte le lendemain. Sans que personne ne crie gare. Ce qui est regrettable. Ce qu’il nous faut, journalistes guinéens, c’est une convention collective, qui va organiser le secteur de la presse. Ce qui fera que la cause des journalistes sera davantage défendue, entendue pour que la pratique du métier de journaliste soit beaucoup plus honorable. Tel que c’est pratiqué aujourd’hui, c’est à voir si le métier de journaliste nourrit son homme.

Vous avez évoquez tout à l’heure l’étroitesse du marché publicitaire.

C’est évident. Le marché est étroit. Ça fait que les médias n’ont pas de publicité. Puisque c’est la principale source de revenu  des médias, la publicité, il va de soi que le traitement du journaliste va connaitre certaines difficultés. Dans la presse audiovisuelle, en ligne, vous avez un nombre restreint de medias qui raflent toutes les publicités, pour diverses raisons. Que vous connaissez certainement : l’audience, les relations, et bien d’autres raisons qui font qu’on sèvre les autres medias de publicités déjà dérisoires. Le niveau de traitement du journaliste guinéen est à l’image de la croissance économique du pays. Vous avez peu de sociétés, très peu de sociétés qui ne communiquent pas du tout. À  quelques exceptions près. C’est vrai qu’il n’y a pas de grandes sociétés à l’image d’autres pays comme la Cote d’ivoire ou le Sénégal mais le peu  de sociétés qui existent en guinée, communiquent moins. De cause à effet, ça se répercute sur le niveau de traitement salarial des journalistes. À ce niveau là tout le monde doit se donner la main pour faire en sorte que la situation change. Cette responsabilité incombe à tout le monde y compris les associations de presse : l’Urtelgui, l’Agepi, l’Aguipel, la Ceprelgui, Remigui…pour faire un lobbying, un plaidoyer, changer la donne pour que nous poussions un ouf de soulagement.

Un clic sur la gouvernance Alpha Condé bientôt 3 ans au pouvoir : socialement, économique, politiquement…
Je pense que pour dresser le bilan d’un gouvernement de 3 ans c’est très peu de temps que tu me donnes pour en parler. Je vais m’y exercer pour voir ce que je peux sortir de ce bilan. En général, je me méfie des qualificatifs car par moment ça peut conduire à des erreurs, parfois à l’apparence qui peut être trompeuse. Je pourrai de décrire la situation socioéconomique, laisser le soin à vos illustres lecteurs d’apporter leurs appréciations. Ceci dit, sur le plan politique, social, économique, il y a beaucoup de choses qui restent à faire, beaucoup de choses ont été faites. Sur le plan des droits de l’homme donc politique, il y a eu des avancées. Même si le chemin à parcourir reste très long. Nous avons assisté à la nomination d’un ministre des droits de l’homme qui jusque-là fait bon an mal an son travail de ministre des droits de l’homme : il alerte, il arpente les artères pour aller dire le langage des droits de l’homme, prôner le langage du respect de la justice,  la cohabitation pacifique. Il dénonce aussi en cas de violations graves des droits de l’homme. Seulement, il pèche parfois par le mutisme face à certaines situations de violations des droits de l’homme. Qu’on pourrait appeler deux poids deux mesures.

Ce qui fait qu’il y a accrocs entre lui et certains caciques… Il est sur tous les fronts. Ce qui fait qu’on dit de lui qu’il est « l’électron libre » du gouvernement. Il est dans son rôle, je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’un ministre des droits de l’homme dénonce les violations graves des droits de l’homme.

Certains responsables à un certain niveau ont été convoqués devant la justice, ce qui est une première. C’est le cas du gouverneur Resco. Il y a 3 ans, c’était des choses difficiles à imaginer. D’autres responsables ont été mis en examen dans le cadre des massacres du 28 septembre 2009 : Thiegboro, Pivi et Cherif Diaby. Tout récemment, le directeur de la cmis (compagnie mobile d’intervention et de sécurité) Ansoumane Camara Baffoé a été traduit devant la justice pour des faits le concernant. Peu importe le déroulement du procès mais le fait de lever le mythe, traduire des gens, hier, intouchables devant les barreaux c’est déjà un motif de satisfaction même s’il faut continuer à dénoncer pour que les chosent aillent en s’améliorant. C’est une petite embellie.

En matière politique, je pense qu’on a beaucoup retardé. La politique est indissociable de l’économie ; si on avait réussi à organiser les législatives 6 mois après la présidentielle le pays aurait changé de visage, il y aurait eu peut-être un peu plus d’investissements, un peu plus d’emplois, un peu plus d’amélioration du quotidien du guinéen. Tout simplement parce qu’on aura achevé la transition. On a trainé là-dessus, il a fallu attendre 3 ans pour organiser les élections législatives ; on a ainsi perdu beaucoup d’opportunités même plus  1000 milliards de recettes fiscales en 2013, si je ne me trompe. Ces chiffres ont été révélés officiellement par le ministère du plan donc il n’y a pas de confusion là-dessus. On a péché par la façon de faire la politique. Le gouvernement a été formé sur la base de considérations politiques, en voulant récompenser les uns et les autres. Si fait que nous avons eu un gouvernement  peu compétent, cela est visible sur le terrain. Il y a des ministres qui ne peuvent pas se tenir devant la presse. A peine s’ils parviennent à poser un acte salutaire au niveau de leur département, sinon qu’à dormir dans leur bureau. En attendant, ils continuent de percevoir l’argent du contribuable guinéen pour des dépenses colossales  qui aurait dû servir à autre chose.

Politiquement on n’a pas trop avancé même si sur le plan de l’évolution démocratique on peut se frotter un peu les mains d’avoir eu des manifestations- Même si elles ont souvent été caractérisées par des violences, la répression, avec au total, une cinquante de  morts.  On ne doit pas accepter que le sang du guinéen soit versé. On doit tout faire pour préserver la vie du guinéen. Parce qu’elle coute très chère. On peut accepter des manifestations en saccageant car là on peut réparer mais si on tue on ne peut plus récupérer la vie de la victime. C’est en cela qu’il faut tout faire pour préserver la vie de nos concitoyens.

J’en profiter pour en appeler aux uns et aux autres, surtout les services de sécurité, à faire preuve de professionnalisme, à user des moyens conventionnels de maintien d’ordre et à faire en sorte qu’on ne tue pas. On va me dire que ce ne sont pas forcément les forces de sécurité qui tuent, y a des intrus, des civils qui infiltrent les foules et tuent. Justement, il est de la responsabilité  de l’Etat donc des services de sécurité de traquer et d’identifier les coupables pour les traduire devant la justice. Autrement, on fait la promotion de l’impunité. Vous savez bien que les manifestations politiques ont commencé, aucune enquête n’a abouti à ce que je sache. D’ailleurs si on veut enterrer un dossier, on met l’argument enquête devant. Sur ce plan, on n’a pas tellement évolué. Sur le plan de l’expression démocratique et des libertés fondamentales, oui, on  évolué un peu, les gens peuvent sortir même si quelque fois c’est périlleux mais le fait d’accorder le droit de marcher, d’organiser des meetings, des villes mortes, de dire et de voir autrement les choses et accepter cela, je pense que c’est une avancée.

Sur le plan économique, théoriquement, y a eu des avancées, des résultats : le PPTE, l’annulation de beaucoup de dettes bilatérales ceci est l’avantage du régime en place, on a engrangé beaucoup de sous en terme d’annulation… Seulement, cette performance, cette embellie de la macroéconomie n’a pas permis de changer significativement le quotidien du guinéen. Le guinéen continue à souffrir sous le poids de la misère, à tirer le diable par la queue. Il n’y a pas de résultat salutaire sur le plan pratique. C’est vrai, on a constaté une relative stabilisation des prix des aliments de base : le riz, le sucre…à voir les populations aujourd’hui on n’a pas l’impression que les choses ont fondamentalement changé. Y a du travail à faire. Je souhaite au-delà des discussions tenues à Abu Dhabi que les intentions de financement soient transformées dans les faits pour le bien-être du peuple guinéen. Mais encore une fois, les intentions ne sont que des intentions, nous attendons de voir ce que ça va donner.

Nous avons évoqué des problèmes que rencontrent les medias. Il n’ y  a pas de problèmes sans solution. Quelles propositions faites-vous pour des medias guinéens responsables, efficaces surtout qui participent à l’éducation citoyenne des populations ?
Je pense que la première tache appartient à mon avis au journaliste lui-même. Quand on a décidé d’être journaliste, on doit accepter les contraintes qui s’y rattachent : se former, se remettre en cause, pratiquer le métier tel que défini par la loi, tel que tracé par la déontologie et l’éthique, de se soustraire du journalisme alimentaire qui ne conduit pas nécessairement à la bonne pratique du métier parce que passer chez les gens prendre des sous pour régler des comptes personnels, je pense que ça ne nous grandit pas. Ça ne nous honore pas. Ceux qui le font doivent se remettre en cause, prendre conscience du danger de ce qu’ils sont en train de faire. Les associations de presse doivent à l’interne édicter des règles, travailler à professionnaliser chaque jour les journalistes. C’est dans leur mission. On doit instaurer une sorte de police interne qui va être une sorte d’épée de Damoclès sur la tête de tous les journalistes pour que les gens pratiquent normalement comme cela se fait sous tous les cieux.  Le travail appartient à tout le monde : les journalistes, les associations de presse, le gouvernement. Le gouvernement d’ailleurs doit prendre des dispositions en matière de législation pour recadrer les choses. Je ne suis pas en train de dire qu’on doit restreindre la liberté ou orienter, non. Mais chacun doit conjuguer les efforts pour que la majorité écrasante des journalistes fassent normalement leur travail. C’est ce qu’on leur demande parce qu’il semble que l’information est un pouvoir, et à juste titre, on appelle la presse : le 4e pouvoir. Celui qui a l’information à le pouvoir donc lorsque vous l’avez, vous devez tant la gérer avec responsabilité sinon c’est une bombe.

On ne peut pas se quitter sans parler de votre media Guineetime.com qui a presque un an et plus… les perspectives pour l’amener dans la cour des grands ?
Je vous fais remarquer que Guineetime.com n’est plus bébé (rires). Il a commencé déjà  à se tenir sur les pieds, à marcher,  actuellement bien et il s’apprête à courir. Ceci dit, nous avons créé Guineetime dans les conditions que vous savez ; lorsque nous avons démissionné volontairement de là où on était, on a fondé cette entreprise de presse. C’est le lieu de rendre hommage au cofondateur Amadou Touré. Vous aviez à l’époque largement publié cette lettre de démission  en juillet 2012.

Nous avons eu la chance de prendre la photo que vous avez diffusée dans les différents medias…
Je vous en remercie pour ce geste confraternel. Guineetime évolue normalement. Nous essayons d’imprimer à notre site tout le professionnalisme requis. En tout cas toute la bonne pratique requise. Nous souhaitons que Guineetime soit cité chaque fois comme un site de référence, un site d’informations professionnel. On se bat pour porter l’information vraie à l’opinion publique nationale et internationale. Souffrez que je ne m’étende pas trop là-dessus. Guineetime a besoin du soutien de tout le monde, vous-même, votre media à travers vos conseils, remarques et suggestions. Chaque fois que vous pensez que nous pouvons redresser la barre, que vous avez senti qu’on a manqué à la déontologie, que nous sommes déficitaires sur un aspect donné, nous serons très heureux  de recevoir votre part de critiques, de contributions, de suggestions qui nous réconforteront à plus d’un titre. Un site sans critique, c’est un site condamné à la déchéance. Loin de là, je souhaite que Guineetime  évolue et qu’il se taille une place au soleil dans le landernau médiatique guinéen avec une équipe de jeunes professionnels. Je pense que nous allons atteindre  les objectifs que nous nous sommes fixés, avec une bonne dose de  détermination, de sacrifice..

Avant-hier, les Nations-Unies ont pris une résolution instituant la journée internationale de la protection des journalistes chaque 1 novembre. Votre mot là-dessus ?

C’est une bonne chose que les journalistes soient célébrés. C’est la preuve de  l’importance que les Nations-Unies accordent à la presse.  Ceci est une reconnaissance internationale du travail bien fait de la presse à travers le monde. Je souhaite que les journalistes mettent à profit cette occasion pour se remettre en cause chaque année, lorsqu’on va se retrouver, qu’on ne s’auto flatte pas, qu’on ne s’auto commente pas. Qu’on tire les leçons des dérapages et qu’on essaie de voir dans quelle mesure on peut améliorer notre façon de travailler dans le sens de la loi, du respect de l’éthique et de la déontologie. L’éthique et la déontologie doivent être notre seule boussole. La presse est libre, elle ne devrait recevoir l’ordre de personne. En définitive, notre seule boussole doit rester l’éthique et la déontologie, et la responsabilité.

Le mot de la fin
J’invite mes confrères, mes respectables confrères guinéens à pratiquer le métier de journalisme avec professionnalisme. C’est ce qui fera notre crédibilité. Si vous êtes reconnu crédible, vous êtes respecté. Ce n’est pas pour rien que le journaliste est respecté. Il est respecté par la qualité de son travail, par la crédibilité qu’il a imprimée à sa personne, à son media. On gagnera tous, à travailler dans le sens de la loi, du respect de l’autre, à accepter la différence et tenir compte du point de vue de l’autre. C’est ça aussi la démocratie. Je souhaite que les associations de presse travaillent davantage  à moraliser le comportement des journalistes, à faire en sorte qu’il y ait de plus en plus de publicités dans les medias, et que la confraternité se raffermisse. infaillible. Quand on a failli, on reconnait sa faute, je pense qu’on peut aller de l’avant.

Je souhaite que cet appel soit entendu. Je souhaite que 2014 soit une année de la presse, de la bonne pratique et que de plus en plus de bons journalistes viennent au métier et qu’on ne prenne dans nos différentes rédactions des amateurs pour en faire des journalistes. C’est là qu’il y a des problèmes. Je souhaite que les patrons de presse aient de plus en plus pitié de leurs employés qui en fait les aident à grandir leurs entreprises. Seul on ne peut rien. C’est l’union qui fait la force.

In guineewebinfo.net

 

 

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