Au Niger, trois journalistes de la radio privée Anfani ont été arrêtés le 11 février, suite à la diffusion d’une interview avec un responsable syndical, qui a lui aussi été interpellé. Marou Amadou, le Garde des Sceaux, avait dit fin janvier, ne plus tolérer ce qu’il qualifie de dérapages de la presse, sur fond de tension entre le président Mahamadou Issoufou et son opposition.
Le syndicaliste dans l’interview incriminée hier, aurait tenu des propos outrageants à l’égard du chef de l’Etat sur la radio Anfani. Selon des journalistes de radio Anfani, le sujet abordé lors de l’interview portait sur un bras de fer qui oppose un syndicat d’enseignants et un responsable de l’éducation à Zinder, au sujet d’une mutation. Le syndicat proteste, en effet, contre une réaffectation d’un enseignant en poste à Zinder, région haoussa, vers sa région natale de Tillabéri.
Cette mutation est motivée par des critères ethniques, proteste le responsable syndical Ismaël Salifou, qui aurait déclaré lors de l’interview sur radio Anfani, « si l’on prolonge ce raisonnement, le président Issoufou doit lui aussi quitter Niamey et regagner son village natal ».
C’est selon les journalistes de radio Anfani, cette phrase diffusée le 22 janvier, il y a trois semaines, qui lui a valu d’être arrêté hier matin. Les trois journalistes, dont le rédacteur en chef de la station, auraient été arrêtés plus tard dans la journée. Tous sont maintenus en détention dans les locaux de la police judiciaire.
Les organisations de défense des médias au Niger, depuis fin janvier, protestent contre ces vagues d’arrestations qui, selon elles, violent le régime de la liberté de la presse institué en 2010, et accusent le gouvernement de revenir sur des acquis.
rfi