mardi, octobre 15, 2024

Affaire 100 mégawatts : comment Alpha Condé s’est fait trompé… enquête

Qui ne se souvient pas de la promesse du Président Alpha Condé, un jour de 2011, lorsqu’il a promis seize heures de courant par jour pour la ville de Conakry dès 2012. En tenant cette  promesse, Alpha Condé comptait dur comme fer, sur l’adjonction thermique dans le réseau électrique, des 100 mégawatts que son gouvernement avait commandé pour juguler la crise d’électricité. Mais en vain. Rien n’y fait.

 

Le projet a tout simplement capoté. Pis, rien n’a été (presque) dit concernant cet échec. L’obligation de rendre compte au peuple souverain de Guinée a ainsi été royalement ignorée, méprisée.

Pour tenter de comprendre ce qui reste du contrat 100 mégawatts qui avait suscité beaucoup d’espoir chez les Guinéens, notre rédaction s’est rapprochée des responsables en charge de la gestion de l’électricité : Electricité de Guinée, EDG.

Ainsi, le jeudi 3 avril nous sommes entré en contact avec M. Gadiry Conté, chef du projet des 100 mégawatts à EDG. Celui-ci s’est montré disposé à donner des informations au détail concernant ledit projet. Mais il ne peut officiellement parler à la presse sans l’accord du chargé de communication de l’entreprise, Dr Laye Kouyaté. Celui-ci promet de rencontrer le Coordinateur général d’EDG, Nava Touré à l’effet d’obtenir une autorisation pour M. Conté de fournir des informations.

Le vendredi 4 avril, nous revenons à la charge. Dr. Laye Kouyaté affirme n’avoir pu rencontrer le patron. Cette fois, c’est lui qui promet de rappeler. Main, en vain.

Et trois jours après, c’est lundi 7 avril, Dr. Laye Kouyaté n’avait toujours pas vu Nava Touré. Il décide de faire dans le débarras. L’astuce trouvée est  toute  simple: « Vous savez, le patron vient avec un agenda précis. Ce n’est pas facile. Je vous conseille de contacter le ministre d’Etat à l’Energie, et Thalès [ndlr, Mamadi Condé, de l’Administration et contrôle des grands projets]. EDG n’a pas été mêlée à la négociation et la signature du contrat des 100 mégawatts. C’est lorsque les projets sont signés que les équipements sont livrés à EDG. »

Seulement, quelques jours après, des langues se délient. Des agents de la Guinéenne d’électricité de Guinée bien imprégnés de ce contrat, se résolvent à briser le silence. Ils déballent tout. Ou presque sur les 100 mégawatts.

Pour se mettre à l’abris, ils requièrent l’anonymat. Et expliquent au détail près, les raisons de l’échec du contrat des 100 mégawatts négocié, et signé en octobre 2011 entre le gouvernement guinéen représenté par les ministres de l’Energie, des Finances, de l’Administration et contrôle des grands projets et la société brésilienne Energy and Mining ASP, en dehors de tout appel d’offres.

Comment Alpha Condé a été trompé…
Selon nos sources, à l’arrivée d’Alpha Condé aux commandes de la Guinée, la situation de la desserte en électricité était très déficitaire. Pour tenter de renverser la tendance et concrétiser ainsi ses promesses de campagne présidentielle, il a été confié à une société nigériane nommée M.R.S avec une sous-traitante sud coréenne, les travaux de révision des groupes de la centrale thermique de Tombo pour une enveloppe estimée à 14 millions de dollars. Malheureusement, cette révision n’a pu tenir ses promesses.

Que faire? Le Président Alpha Condé, volontariste devant l’Eternel, retrousse les manches. Il est convaincu que la solution durable réside en la construction de barrages hydro-électriques. D’où le projet Kaleta. Mais la réalisation de tels projets prend forcément du temps. Or, les Guinéens, n’en peuvent plus de broyer du noir. Il s’impose donc une solution d’urgence pour éviter la rue et avoir un argument électoral en prélude aux législatives. C’est ainsi que l’idée des 100 mégawatts est venue.

Une commande est faite dans ce sens. Un appel d’offres est lancé pour l’installation et la mise en service desdits mégawatts. Le marché sera rapidement attribué à une société turque, en violation du principe d’appel d’offres. Mais faute de financement, le marché est ajourné.

Pendant ce temps, la société brésilienne Asperbras est comme en embuscade. Elle fait une offre des plus alléchantes. Elle propose d’installer et mettre en service, les 100 mégawatts en 180 jours. Soit, six mois.  Mieux, elle propose d’installer 50 mégawatts en diesel en l’espace de deux mois à Kipé, quartier de la banlieue à Conakry.

Séduites, les autorités en charge du projet cèdent à l’opération séduction. Asperbras s’offre facilement le marché, conclu à cent quarante quatre millions cent treize milles quatre cent  (144 113 400) dollars. Toutefois, selon des techniciens rompus au métier, pour réussir un tel projet, il faut 24 mois.

Cent vingt deux millions cent trente milles (122 130 000) dollars ont été payés à la brésilienne Asperbras. D’autres sources parlent de 105 millions. Mais Asperbras n’est pas du métier. Elle ne peut donc satisfaire la demande. Elle sous-traite avec une société sud coréenne pour colmater les brèches.  Du rafistolage, dirait-on.

Comme il fallait s’y attendre, ce qui devait arriver arriva: le fiasco. L’obscurité continuait à déployer son voile noir sur la capitale Conakry.  Embarrassée, la société brésilienne sollicite un avenant de 89 millions de dollars. Ce montant a été finalement revu à 26 millions et devrait être versé directement au sous-traitant Sud coréen.

Coup de théâtre! A la faveur d’une visite du président guinéen au Congo Brazzaville, selon nos sources, Alpha croise nez à nez le patron de Asperbras. Alpha n’est pas content de son partenaire brésilien. Il n’a pas encore digéré la promesse non tenue à propos des seize heures de courant par jour, courant 2012. Son ami Sassou NGuesso tente une médiation, en vain. Une seule idée gagne le Président Alpha Condé: signer le divorce avec Asperbras.

Mais ça, nous le développerons dans la prochaine partie de notre enquête. Nous reviendrons également sur bien d’autres scandales aux allures affairistes qui éclaboussent Electricité de Guinée, EDG.
 

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