A la veille de la célébration de la Journée internationale de la Liberté de la presse le 3 mai, l’Association composée d’hommes de médias AGEC ( Alternative Guinée – Espace citoyen) a rendu public le rapport préliminaire de » l’Enquête sur l’Emploi dans les médias privés » en Guinée qui révèle que plus de 77 pour cent des journalistes enquêtés reconnaissent n’avoir aucun contrat de travail avec leurs employeurs.
» L’enquête a porté sur un échantillon prévisionnel de 150 employés constitué de journalistes et techniciens de radio. L’enquête a touché 140 personnes, soit un taux de 93,33 %. Il ressort de cette enquête : 31 personnes enquêtées disent avoir un contrat de travail, soit un taux de 22,46 % sur 140 personnes; 107 sur 140 disent n’avoir pas de contrat de travail, soit 77,53 % ; 2 personnes ne se sont pas prononcées » lit-on dans ce document.
Dans le même sillage, » 20 patrons de presse sur les 26 ; soit 76,92%, disent n’avoir pas de contrat de travail avec leurs employés ».
Nous vous présentons l’intégralité du rapport préliminaire
IV- RAPPORT PRELIMINAIRE
a- Contrat de travail
L’enquête a porté sur un échantillon prévisionnel de 150 employés constitué de journalistes et techniciens de radio. L’enquête a touché 140 personnes, soit un taux de 93,33 %. Il ressort de cette enquête :
31 personnes enquêtées disent avoir un contrat de travail, soit un taux de 22,46 % sur 140 personnes.
107 sur 140 disent n’avoir pas de contrat de travail, soit 77,53 %.
2 personnes ne se sont pas prononcées.
Toutefois, il est important de noter que sur les 31 personnes qui soutiennent disposer d’un contrat de travail, 25 affirment que les termes de leurs contrats ne sont pas respectés.
Sur la même question :
6 patrons de presse sur 26, soit 23,07% disent avoir des contrats de travail avec leurs employés
20 patrons de presse sur les 26 ; soit 76,92%, disent n’avoir pas de contrat de travail avec leurs employés.
Des entretiens, on constate une violation flagrante des dispositions du Code du travail de la part des patrons de presse.
b- Tranches d’âge et qualification
Les journalistes ayant fait l’objet de la présente enquête ont une tranche d’âge de 24 à 50 ans et leur expérience professionnelle varie de 6 mois à 10 ans.
Dans cet échantillon, l’enquête a porté sur le niveau académique des employés des médias sans tenir compte de ceux ayant fréquenté des écoles de journalisme. Des entretiens, on constate que :
4 employés soit 2,85% affirment avoir fréquenté une école professionnelle
45 journalistes soit 32,14% affirment avoir une licence
76 journalistes soit 54,28% affirment avoir une Maitrise,
4 journalistes soit 2,85 % ont le niveau Bac+5
3 journalistes soit 2,14 % ont été formés sur le tas.
b- Salaire
Sur la question des salaires, 122 journalistes ont répondu :
52 employés soit 37,14% disent avoir un salaire en dessous du SMIG – Salaire minimum interprofessionnel garanti- (440.000 GNF).
23 journalistes soit 16,42% déclarent n’avoir aucun traitement salarial.
31 journalistes soit 22,14% affirment avoir un salaire variant entre 500.000 GNF et 1.000.000. GNF
16 journalistes soit 11,42% disent bénéficier d’un salaire variant entre 1.000.000 GNF et 2.000.000 GNF.
L’ensemble des personnes enquêtées affirment qu’elles perçoivent difficilement l’intégralité de leurs salaires ou des montants promis. Certains affirment qu’ils ne reçoivent pas le salaire équivalent au montant consigné dans les contrats ou le montant correspondant à l’engagement pris par l’employeur. Une dernière catégorie ne perçoit aucune forme de rémunération quand bien même disposant de contrats.
L’enquête révèle par ailleurs que 30 % des journalistes travaillent pour plus de deux organes. Ce qui a un impact sur la qualité de leurs productions journalistiques.
C- Analyse des attentes des journalistes
• Des employeurs
Pour l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie, l’ensemble des journalistes enquêtés souhaitent :
Une prise en charge de leur qualification professionnelle par des stages et des formations
La signature d’un contrat de travail et de son application
Un salaire décent
Le paiement régulier des salaires
Une couverture sociale
• De l’Etat
Subventionner la formation des journalistes du privé
Délivrer la carte de presse professionnelle
Application du Code de travail
Mise en place d’un Statut particulier des journalistes
Augmentation de la subvention allouée aux médias
Application de la Loi relative au droit d’accès à l’information publique
Protection des journalistes contre les exactions des forces de l’ordre et des militants des partis politiques
• Des associations de presse
Création d’un syndicat des journalistes
Relance du mécanisme d’autorégulation par les pairs
Elaboration et proposition d’une convention collective
Défense du droit des journalistes en tant qu’employés et en tant que défenseur de la démocratie et de la liberté
• Des Institutions
Appui à la formation
Appui logistique
Patrons de presse
Cette enquête a porté sur un échantillon prévisionnel de 50 patrons de presse. Les fiches de 26 patrons de presse ont été reçues et analysées soit 52% et les 24 restants seront éventuellement dépouillées avant la publication du rapport final.
Les entretiens révèlent que le « titre de patron de presse » prête à confusion. Certains patrons de presse n’ont pas le pouvoir de décision au sein de leurs médias.
Il ressort de ces entretiens :
9 patrons de presse sur 26 disent être eux-mêmes employés d’une tierce personne, soit un taux de 34,61%.
15 sur les 26 patrons de presse disent être employeurs, soit 57,69%.
Dans ce rapport préliminaire, nous livrons les résultats sur trois éléments :
1 – Du contrat de travail
6 patrons de presse soit 23,07% disent avoir des contrats de travail avec leurs employés
20 patrons de presse sur les 26 ; soit 76,92%, disent n’avoir pas de contrat de travail avec leurs employés.
2 – De l’impact de la subvention annuelle de l’Etat
Sur la question, la présente enquête a révélé que les subventions perçues servent à, entre autres :
L’achat d’équipements
L’allègement des charges de production (électricité, eau, référencement des sites internet, droits et taxes etc.)
Paiement des piges des journalistes
3 – Les attentes des patrons de presse
Face aux enquêteurs, les patrons de presse ont exprimé des attentes vis-à-vis des journalistes, des pouvoirs publics, des institutions et ONG.
a- De la part des journalistes
Bonne formation
Respect des principes d’éthique et de déontologie
Impartialité
b-De la part des pouvoirs publics
Accroissement de la subvention allouée à la presse indépendante
Libre accès aux sources d’informations
Exonération des intrants de presse
Protection des journalistes
c- De la part des partenaires techniques et financiers
Appui à la formation
Appui à la promotion de la liberté de la presse
Accompagnement des initiatives
d- De la part des ONG
Renforcement des capacités
Soutien financier
Développement de partenariats
V – PROPOSITIONS
A ce stade de l’enquête, Alternative Guinée – Espace Citoyen propose de :
Soutenir la mise en place d’un syndicat national des journalistes
Etablir une Convention collective après la mise en place de la Haute Autorité de la Communication (HAC)
Mettre en place, une Commission de travail composée de journalistes, de patrons de presse et des représentants des pouvoirs publics pour l’élaboration du projet de Convention collective d’ici à juillet 2014
Accorder des subventions pour la formation professionnelle des journalistes
Accroitre la subvention annuelle allouée aux médias
Protéger les journalistes contre les abus des forces de l’ordre et des militants des partis politiques
Faire publier la Loi sur le droit d’accès à l’information publique dans le Journal officiel avant la fin mai 2014.