vendredi, avril 26, 2024

Guinée : plus de 77 % des journalistes du privé n’ont pas de contrat de travail ( Enquête)

A la veille de la célébration de la Journée internationale de la Liberté de la presse le 3 mai, l’Association composée d’hommes de médias AGEC ( Alternative Guinée – Espace citoyen) a rendu public le rapport préliminaire de  » l’Enquête sur l’Emploi dans les médias privés » en Guinée qui révèle que plus  de 77 pour cent des journalistes enquêtés reconnaissent n’avoir aucun contrat de travail avec leurs employeurs.

 » L’enquête a porté sur un échantillon prévisionnel de 150 employés constitué de journalistes et techniciens de radio. L’enquête a touché 140 personnes, soit un taux de 93,33 %. Il ressort de cette enquête :    31 personnes enquêtées disent avoir un contrat de travail, soit un taux de 22,46 % sur 140 personnes;    107 sur 140 disent n’avoir pas de contrat de travail, soit 77,53 % ;  2 personnes ne se sont pas prononcées » lit-on dans ce document.

Dans le même sillage,  »  20 patrons de presse sur les 26 ; soit 76,92%, disent n’avoir pas de contrat de travail avec leurs employés ».

Nous vous présentons l’intégralité du rapport préliminaire

IV-        RAPPORT PRELIMINAIRE

a-    Contrat de travail

L’enquête a porté sur un échantillon prévisionnel de 150 employés constitué de journalistes et techniciens de radio. L’enquête a touché 140 personnes, soit un taux de 93,33 %. Il ressort de cette enquête :

    31 personnes enquêtées disent avoir un contrat de travail, soit un taux de 22,46 % sur 140 personnes.
    107 sur 140 disent n’avoir pas de contrat de travail, soit 77,53 %.
    2 personnes ne se sont pas prononcées.

Toutefois, il est important  de noter que sur les 31 personnes qui soutiennent disposer d’un contrat de travail, 25 affirment que les termes de leurs contrats ne sont pas respectés.

Sur la même question :

    6 patrons de presse sur 26, soit 23,07% disent avoir des contrats de travail avec leurs employés
     20 patrons de presse sur les 26 ; soit 76,92%, disent n’avoir pas de contrat de travail avec leurs employés.

Des entretiens, on constate une violation flagrante des dispositions du Code du travail de la part des patrons de presse.

b- Tranches d’âge et qualification

Les journalistes ayant fait l’objet de la présente enquête ont une tranche d’âge de 24 à 50 ans et leur expérience professionnelle varie de 6 mois à 10 ans.

 Dans cet échantillon, l’enquête a porté sur le niveau académique des employés des médias sans tenir compte de ceux ayant fréquenté des écoles de journalisme. Des entretiens,  on constate que :

    4 employés soit 2,85% affirment avoir fréquenté une école professionnelle
    45 journalistes soit 32,14% affirment avoir une licence
    76 journalistes soit 54,28% affirment avoir une Maitrise,
    4 journalistes soit 2,85 %  ont le niveau Bac+5
    3 journalistes soit 2,14 % ont été formés sur le tas.

b-    Salaire

Sur la question des salaires, 122 journalistes ont répondu : 
    52 employés soit 37,14% disent avoir un salaire en dessous du SMIG – Salaire minimum interprofessionnel garanti- (440.000 GNF). 
    23 journalistes soit 16,42% déclarent n’avoir aucun traitement salarial.
    31 journalistes soit 22,14% affirment avoir  un salaire variant entre 500.000 GNF et 1.000.000. GNF
    16 journalistes soit 11,42% disent bénéficier d’un salaire variant entre 1.000.000 GNF et 2.000.000 GNF.

L’ensemble des personnes enquêtées affirment qu’elles perçoivent difficilement l’intégralité de leurs salaires ou des montants promis. Certains affirment qu’ils ne reçoivent pas le salaire équivalent au montant consigné dans les contrats ou le montant correspondant à l’engagement pris par l’employeur. Une dernière catégorie ne perçoit aucune forme de rémunération quand bien même disposant de contrats.

L’enquête révèle par ailleurs que 30 % des journalistes travaillent pour plus de deux organes. Ce qui a un impact sur  la qualité de leurs productions journalistiques.

C- Analyse des attentes des journalistes
•    Des employeurs
Pour l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie, l’ensemble des journalistes enquêtés souhaitent :
    Une prise en charge de leur qualification professionnelle par des stages et des formations
    La signature d’un contrat de travail et de son application
    Un salaire décent
    Le paiement régulier des salaires
    Une couverture sociale

•    De l’Etat
    Subventionner la formation des journalistes du privé
    Délivrer la carte de presse professionnelle
    Application du Code de travail
    Mise en place d’un Statut particulier des journalistes
    Augmentation de la subvention allouée aux médias
    Application de la Loi relative au droit d’accès à l’information publique
    Protection des journalistes contre les exactions des forces de l’ordre et des militants des partis politiques

•    Des associations de presse
    Création d’un syndicat des journalistes
    Relance du mécanisme d’autorégulation par les pairs
    Elaboration et proposition d’une convention collective
    Défense du droit des journalistes en tant qu’employés et en tant que défenseur de la démocratie et de la liberté

•    Des Institutions
    Appui à la formation
    Appui logistique

Patrons de presse

Cette enquête a  porté sur un échantillon prévisionnel de 50 patrons de presse. Les fiches de 26 patrons de presse    ont été reçues et analysées soit 52% et les 24  restants seront éventuellement  dépouillées avant la publication du rapport final.

Les entretiens révèlent  que le « titre de patron de presse » prête à confusion. Certains patrons de presse n’ont pas le pouvoir de décision au sein de leurs médias.
Il ressort de ces entretiens :

    9 patrons de presse sur 26 disent être eux-mêmes employés d’une tierce personne, soit un taux de 34,61%.
    15 sur les 26 patrons de presse  disent être employeurs, soit 57,69%.
 
Dans ce rapport préliminaire, nous livrons les résultats sur trois éléments :

1 – Du contrat de travail

    6 patrons de presse soit 23,07% disent avoir des contrats de travail avec leurs employés
    20 patrons de presse sur les 26 ; soit 76,92%, disent n’avoir pas de contrat de travail avec leurs employés.

2 – De l’impact de la subvention annuelle de l’Etat

   Sur la question, la présente enquête a révélé que les subventions perçues servent à, entre autres :

    L’achat d’équipements
    L’allègement des charges de production (électricité, eau, référencement des sites internet, droits et taxes etc.)
    Paiement des piges des journalistes

3    – Les attentes des patrons de presse
Face aux enquêteurs, les patrons de presse ont exprimé des attentes vis-à-vis des journalistes, des pouvoirs publics, des institutions et  ONG.

a-    De la part des journalistes
    Bonne formation
    Respect des principes d’éthique et de déontologie
    Impartialité

b-De la part des pouvoirs publics
    Accroissement de la subvention allouée à la presse indépendante
    Libre accès aux sources d’informations
    Exonération des intrants de presse
    Protection des journalistes

c-    De la part des partenaires techniques et financiers
    Appui à la formation
    Appui  à la promotion de la liberté de la presse
    Accompagnement des initiatives

d-    De la part des ONG
    Renforcement des capacités
    Soutien financier
    Développement de partenariats

     V – PROPOSITIONS
A ce stade de l’enquête, Alternative Guinée – Espace Citoyen propose de :
    Soutenir la mise en place d’un syndicat national des journalistes
    Etablir une Convention collective après la mise en place de  la Haute Autorité de la Communication (HAC)
    Mettre en place, une Commission de travail composée de journalistes, de patrons de presse et  des représentants des pouvoirs publics pour l’élaboration du projet de Convention collective d’ici à juillet 2014
    Accorder des subventions pour la formation professionnelle des journalistes
    Accroitre la subvention annuelle allouée aux médias
    Protéger les journalistes contre les abus des forces de l’ordre et des militants des partis politiques
    Faire publier la Loi sur le droit d’accès à l’information publique dans le Journal officiel avant la fin mai 2014.     

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