Enquête Dans le cadre de l’électrification des capitales régionales, le gouvernement guinéen avec l’appui de la banque d’investissement et de développement de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, a financé « la réhabilitation et l’extension des réseaux de distribution des capitales régionales et du système interconnecté ».
Ce financement provient précisément d’une subvention de l’Etat à travers le budget national de développement et un prêt accordé par la banque d’investissement et de développement de la Cedeao.
Pour la réalisation de ce projet, le ministère en charge de l’Energie – maitre d’ouvrage – suite à un appel d’offres, a passé un contrat avec la société indienne nommée Angélique International Limited pour une enveloppe arrêtée à la somme de 6 971 266 dollars.
Ledit contrat a été signé à la date du 08 octobre 2008, par M. Ansoumane Condé alors ministre de l’Energie et de l’Hydraulique, et M. J. Shrikant directeur général de Angelique International LTD, et Dr. Ousmane Doré alors ministre de l’Economie et des Finances.
A l’arrivée d’Abdoulaye Kéita à la coordination générale d’Electricité de Guinée – EDG, le projet a été relancé. Il avait été suspendu à cause du coup d’Etat intervenu en décembre 2009.
Ainsi, tous les matériels nécessaires à la réalisation du présent projet ont été mis à la disposition de Angelique International LTD. EDG étant maitre d’ouvrage délégué chargé de l’exécution et du suivi du projet, M. Kékoura Grovogui ingénieur de son état chef de projet « capitales régionales, direction planification et équipements », est donc celui qui a conduit ce projet.
Seulement voilà, après la réalisation des travaux de « réhabilitation et extension des réseaux de distribution des capitales régionales et du système interconnecté », courant 2012, M. Kékoura Grovogui est accusé de détourner une partie du matériel électrique du projet. Mais comment a-t-il été accusé? Explication!
En janvier 2013, une quantité importante de matériel électrique a été découverte, par la police chez M. Kékoura Grovogui, précisément dans la concession de son grand-frère I. Grovogui au quartier Concasseur, dans la commune de Conakry, en haute banlieue de Conakry.
Informé, le coordinateur général de EDG, alors Abdoulaye Kéita a dépêché sur les lieux, une équipe d’auditeurs et huissiers internes accompagnés de gendarmes pour aller constater les faits rapportés. Leur conclusion est sans appel: les matériels découverts sont bel et bien la propriété de EDG. Mieux, ils sont estampillés EDG.
Le silence de l’accusé M. Kekoura Grovogui…
Pour tenter de comprendre au détail près, les faits par les vérifications et recoupements, nous sommes entrés en contact avec le principal accusé : M. Kékoura Grovogui.
Malheureusement, ce dernier n’a pas voulu répondre à nos questions pour dire sa part de version relative à cette affaire. C’était le 08 avril aux environs de 14 heures. Mais ses propos peu courtois, sont, sans nul doute révélateurs du malaise qu’il éprouve chaque fois qu’il est interpelé sur cette question de détournement présumé des biens publics appartenant-dit-on- à la Guinéenne d’électricité.
En voici en substance ce qu’il a trouvé à dire : » Adressez-vous au conseiller juridique [ndlr: M. Soriba Sidibé de l’entreprise EDG]. Moi je suis au garage. Je vous rappelle… » Ainsi, nous a raccroché M. Kékoura Grovogui certainement pris de panique, au regard de l’incohérence des propos tenus.
Au soir du même jour, le 08 avril, après deux tentatives d’appel téléphonique, M. Grovogui décroche et réitère : « Monsieur, je vous ai dit de vous adresser au conseiller juridique, moi je n’ai rien à vous dire. » Et lorsqu’on lui demande le contact du conseiller juridique de EDG, il répond: » Débrouillez-vous à avoir son numéro comme vous l’avez fait pour avoir mon numéro. »
Ainsi souhaité, ainsi fait. Seulement, le conseiller juridique Soriba Sidibé n’a pas souhaité se prononcer sur la question. « Je n’ai aucune information sur ça. Je n’ai rien à vous dire Monsieur« . Il en sera de même le 17 avril, du coté du chargé de communication de l’entreprise, Dr. Laye Kouyaté qui s’est exprimé en ces termes: « Je n’ai aucune information. C’est la direction générale qui a géré ce projet. Nous, la communication, nous suivons les trucs techniques, pas administratifs ». Sans commentaire!
Le directeur général, Nava Touré a dit : « Je ne sais pas s’il y a une procédure en cours. De toutes les façons, ce n’est pas une priorité pour moi en tant que directeur général ». Et lorsqu’on l’accuse de protéger M. Kekoura Grovogui, il se dit être prêt à discuter sur la base des faits et non sur un procès d’intention. C’était le 30 avril dernier.
Affaire classée…
Qu’à cela ne tienne, nous avons pu avoir, grâce à des témoignages sous le couvert de l’anonymat, une masse importance d’informations avec à la clé, des documents. Ainsi, au cours de cette enquête, il nous a été soutenu qu’EDG, par les soins de son Conseil Me Séréba Mory Kanté a adressé en date du 31 janvier 2013, une requête aux fins d’injonction de restituer auprès du tribunal de première instance de Dixinn- Conakry II.
Suite à cette requête, à la date du 4 février 2013, le tribunal de première instance de Dixinn rend une ordonnance – dont Guineetime détient une copie et qui contient la liste des matériels incriminés – qui donne injonction à M. Kékoura Grovogui à restituer à EDG, lesdits matériels découverts, et considérés comme les restants des matériels faisant partie du projet de réhabilitation des réseaux des capitales régionales.
Seulement, après signification de cette ordonnance à M. Grovogui, celui-ci par acte d’huissier du 15 février 2013 s’y a opposé. Plus tard, quelques jours après, le même tribunal se serait rétracté et pour rendre le 11 octobre 2013, une autre ordonnance indiquant que EDG n’a pas fourni les éléments justificatifs de sa propriété sur les matériels incriminés.
Mais EDG, ferra appel de cette ordonnance avant de désister plus tard au profit d’un conseil de discipline.
A la conclusion, les matériels – dont la liste est ci-contre- objet de la présente procédure n’ont toujours pas été restitués à EDG. M. Kekoura Grovogui prétend, selon nos sources que ces matériels appartiennent aux sociétés ICS et ELD dans lesquelles, il est associé. Ces deux sociétés dites fictives appartenant, selon nos sources, au chef de projet capitales régionales, Kékoura Grovogui, ont passé des bons de commande, des accords et des contrats avec Angelique international.
Dans les couloirs de l’Electricité de Guinée, des informations recueillies, cette affaire de détournement présumé des matériels électrique est en passe d’être classée… Car le conseil de discipline devant statuer sur ce dossier, ne siège presque plus.