L’opposant historique devenu » premier président démocratiquement élu » en Guinée, Pr Alpha Condé, a désamorcé une vraie bombe qui, en croire des observateurs de la scène politique, pouvait bien remuer son fauteuil. Ne le dites à personne !
Ce mardi 13 mai, point de grève en Guinée. Comme lue hier dans une déclaration conjointe de la Gendarmerie nationale et de la police, » les citoyens vaquent à leurs occupations quotidiennes ». Elles qui en ont marre de ses opposants-opposés, de ses syndicalistes en quête de nèmnèm et de strapontins et de la vie chère. Oui, la difficulté à joindre les deux bouts dans la Guinée indépendante depuis 1958, est un terreau fertile pour faire durer les mouvements de grève, même les plus insignifiants.
Le Pr Alpha Condé, acteur lointain ou spectateur lointain de la » grève générale illimitée » de 2007, a pris la mesure qui s’imposait. Il n’a laissé nul gérer cette vraie épreuve aux multiples inconnus.
En ne donnant aucune chance à la réussite de cette grève, le chef de l’Etat guinéen semble également ne prendre aucun risque de » débordement ». Surtout qu’en Guinée, ce sont les syndicalistes qui décident de leur mot d’ordre de grève, mais la rue fait la grève à leur place !
Il fallait éviter cette grève pour plusieurs raisons. La première, même Toto le sait. La grève, dans l’entendement de certains groupes de la société guinéenne, est synonyme de descente dans les rues, empêcher même à l’oiseau de voler. La circulation routière y prendra un sérieux coup et Conakry, bloqué sur le champ. Cette situation de méga pagaille fait intervenir souvent forces de l’ordre à la gâchette facile et nous voila à la morgue, aux cimetières, compter nos morts.
Conakry, la capitale qui fait sa toilette, bref la Guinée, couve une crise sociale. Plusieurs compagnies qui emploient quelques centaines de jeunes ont foutu le camp du pays. Des centaines de jeunes que déversent sur le marché de l’emploi des universités et instituts restent sans emploi, sans occupation. » Si l’on ne s’occupe pas de la jeunesse, elle s’occupera de nous », dixit le ministre de la Jeunesse, M.Naité. En 2007, l’occasion de la grève avait donné du » travail » à ces jeunes : celui de ramasser vieux pneus et cailloux pour bloquer la route ou lapider policiers et gendarmes.
En plus de cela, en trois années de gestion, le régime Condé se fracasse le visage avec le noeud gordien lié aux secteurs de l’eau et de l’énergie. Les manifestations sont quelques fois légion. Ce mécontentement social est pour le moment sans solution car ni le courant, ni l’eau n’est encore visible dans les ménages, 24h sur 24 !
Une autre raison. Elle est d’ordre politique. Le week end dernier, les dernières déclarations des camps – opposition et pouvoir- qui s’observent en chiens de faïence, disent long sur leur inimité. Une » bonne occasion » comme la grève syndicale, pourrait être choisie pour les uns de porter des coups de canifs aux autres. Alpha le sait, certainement. L’explosion de cocktail molotov doit être évitée. La grève n’est que suspendue. A Alpha Condé d’appliquer ou pas cet accord. L’épée de Damoclès est déjà sur la tête. Même si des mauvaises langues rapportent que les syndicalistes ont été » cognés » à Sèhoutouréyah…