« O Fenômeno » a encore frappé, mais sur un terrain où on l’attendait moins. L’ancien joueur et actuel membre du comité d’organisation du Mondial 2014, Ronaldo Luis Nazario de Lima, vient d’annoncer qu’il s’engageait en politique après la Copa au côté d’Aécio Neves, candidat à la présidentielle d’octobre au Brésil.
Dans un long entretien accordé au quotidien économique Valor et publié lundi 26 mai, Ronaldo évoque une « amitié de quinze ans » avec ce dirigeant du PSDB, le principal parti d’opposition, et avec qui il avait l’habitude de sortir « nuit et jour » : « Je vais maintenant le soutenir. C’est mon ami, je lui fais confiance et je pense qu’il représente un très bon choix pour changer notre pays. »
L’ancien buteur du Real Madrid et de la sélection brésilienne avait déjà publié le 1er mai sur les réseaux sociaux une photo le montrant aux côtés de l’homme politique. En légende, il avait écrit qu’il se trouvait avec le « futur président du Brésil ».
« HONTEUX » DES DÉLAIS DES TRAVAUX
Au cours de l’entretien avec Valor, réalisé vendredi à Sao Paulo, dans les locaux de sa société 9Nine, Ronaldo a de nouveau insisté sur le fait qu’il se sentait embarrassé par les retards et les difficultés d’organisation de la Coupe du monde observés durant tous ces derniers mois. Dans une interview à Reuters, la semaine dernière, il avait déjà affirmé se sentir « honteux » devant les délais des travaux. Un propos qui avait suscité une réplique le jour même de la présidente Dilma Rousseff affirmant que le Brésil n’avait pas « le complexe du chien bâtard » (expression brésilienne « vira-lata » – propre à celui qui pense ne pas avoir voix au chapitre ici)
Au quotidien économique, il a fortement critiqué le gouvernement de Dilma Rousseff même s’il dit avoir « une très bonne relation avec elle ». Le double champion du monde (1994, 2002) a certes relativisé les retards dans la construction des stades en soulignant que « dans toutes les Coupes du monde il y a eu beaucoup de retard », mais il a surtout estimé que « ce qui est vraiment dommage pour notre peuple, ce sont les retards dans les travaux d’infrastructure, des aéroports, de la mobilité urbaine ».
Le double Ballon d’Or (1997, 2002) ajoute : « Voilà l’héritage que nous devrions avoir du Mondial et nous en aurons peu, par rapport à ce qui était prévu. Voilà ce que les gens doivent comprendre : c’est à cause des gouvernements. Les gouvernements qu’ils ont eux-mêmes élus. Cela n’a rien à voir avec le foot ou le Mondial. »
En tant que chef d’entreprise, il dit également ressentir « de l’insécurité » économique en précisant qu’il avait eu l’intention d’investir au Brésil cette année mais qu’il ne le fera pas. « Cette insécurité que nous vivons, cette instabilité, cette révolte, la haine du peuple… Le gouvernement devrait rassurer la population et le secteur des affaires, ajoute-t-il. Nous bouchons les trous ici ou là et le gouvernement ne fournit pas la sécurité dont la population a besoin. » Ronaldo suggère encore au nouveau président de se concentrer sur l’éducation en précisant qu’il n’acceptera pas de poste ministériel. Et d’ajouter ceci : « Je ne suis pas certain d’en être capable. »