Audits et politique ne font pas bon ménage ! Les Guinéens auront appris la leçon à leur dépens. Les eaux du marigot politique guinéen sont troubles depuis l’apparition des premiers résultats des opérations d’audit de gestion des structures liées à l’Etat au temps de feu Lansana Conté. L’audit étant commandité en 2010 par le pouvoir kaki qui avait » ramassé le pouvoir dans les rues » après le rappel à Dieu du feu président Lansana Conté en fin de l’année 2008.
Chez les sousous, on raconte que le fait de rappeler à tout bout de champ les querelles anciennes, reviendrait à s’armer à nouveau. L’audit de la gestion de l’Etat, des structures de l’Etat et autres services, est un mauvais souvenir. Puisque caractérisé par la violation de toutes les règles en matière de gestion publique.
Si certains guinéens sont amnésiques, d’autres ne le sont certainement pas. Au temps de Conté, nombreux sont ceux qui avaient en charge des destinées des services publics qui confondaient les caisses de l’Etat et leurs comptes bancaires. Un fossé béant n’avait-il pas pris place entre l’écrasante majorité du peuple et ces quelques » VA », à l’époque le populo s’exprimait ainsi pour indexer ces » voleurs autorisés » ou bandits à col blanc.
Revenons à nos audits. Lorsque la junte militaire CNDD a décidé de fouiner dans la gestion des entreprises publiques, toute la Guinée a applaudit puisque révoltée en grande partie du » luxe insolent » que certains de ses hauts cadres faisaient montre dans les quartiers. On attendait la conclusion de ces audits quand survint la tentative d’assassinat contre le bouillant Capitaine Dadis Camara. Et puis rien….
Quatre ans après, le président élu, Alpha Condé, rappelle que les résultats de ces audits sont disponibles et commence à tancer les anciens premiers ministres de feu Conté. Ceux-ci, pour l’essentiel, sont ses adversaires politiques. Revenant sur ce dossier à chaque occasion, le chef de l’Etat guinéen a finit par mettre la puce à l’oreille de…l’opposition qui regroupe de grands commis de l’Etat. En même temps, quelques-uns de ses collaborateurs de Sèkhoutoréyah.
Le rappel, du moins excessif de l’existence de ces résultats des opérations d’audits menées au temps de Dadis, a vite fait croire à l’autre camp de la volonté du Chef de l’Exécutif à les nuire. En décidant de publier ces documents à quelques mois de la présidentielle de 2015, Alpha Condé semble, aux yeux des opposants, profiter de ces audits pour les abattre politiquement.
Depuis quatre jours, les réactions dans les QG de l’opposition sont à l’image leur impression. En définitive, le politique a pris du poids sur le travail technique fait par des équipes d’auditeurs. Même si ce travail n’est pas exempt de tout soupçon. Au lieu de produire des résultats escomptés, on assiste malheureusement à des échanges peu catholiques entre deux bords politiques, entre opposition et affidés du pouvoir. Le vrai sujet, étant simplement noyé. Quelle occasion ratée !