Suite à la faillite de la banque africaine de développement agricole et minier (BADAM) et aux démarches de bons offices jusque-là infructueuses, l’Association guinéenne des usagers de banque a décidé ce lundi 21 juillet d’écrire au premier ministre, à des ministres et bien sur à la banque centrale.
Dans cette correspondance, l’AGUB rend entièrement responsable, la Banque centrale, des déboires des 10 mille clients de la BADAM. Lisez plutôt l’intégralité de ladite correspondance.
La Banque Africaine pour le développement Agricole et Minier (BADAM) a été mise en place par les autorités du système monétaire de la Guinée dans le but d’inciter le secteur privé guinéen et les épargnants locaux à jouer pleinement leur partition dans le développement agricole et minier du pays par la prise des actions et le dépôt de fonds au sein de la Banque Africaine pour le Développement Agricole et Minier.
C’est ainsi que plus de 10 .000 guinéens ont déposé 36 milliards de Francs Guinéens dans cette Banque Africaine pour le Développement Agricole et Minier (BADAM). C’est pourquoi sa débâcle, au mois de Novembre 2011, fait aujourd’hui souffrir physiquement et moralement ces 10.000 personnes qui ont cru au changement prôné par la troisième république à travers le président de la république, le professeur Alpha CONDE alors que ceux qui ont réussi à les flouer, notamment Moriba KEITA, Sékou SANGARE et d’autres se narguent aujourd’hui à Conakry.
La responsabilité de la Banque Centrale de la République de Guinée dans ce krach est totale par le fait que cette institution de supervision des établissements de crédit a délivré l’agrément à la BADAM en violation manifeste des dispositions de la loi L/2005/010/An du 04 juillet 2005 portant réglementation des établissements du Crédit en Guinée.
Celle-ci prévoit que le capital social des établissements de crédit ne peut pas être inférieur à un montant minimum fixé par décision du comité d’agréments.
Ce capital minimum pour l’installation ou l’ouverture d’une Banque est de 50.000.000.000 FG alors que la BADAM a été agréée avec un capital social de moins de 10.000.000.000 FG.
La loi suscitée prévoit également que le capital social des établissements de crédit pour être agréé dans la catégorie « Banque » doit avoir parmi ses actionnaires un ou plusieurs établissements de crédit à hauteur de 20% de son capital. La BADAM a été agréée par le Comité des agréments de la Banque Centrale de la République de Guinée sans avoir rempli cette autre condition.
Sur la base de ces violations flagrante du cadre juridique de cette institution de régulation du monde des finances en Guinée, nous avons alerté les autorités afin de dénouer cette déconfiture de la BADAM avec son corollaire d’impacts physiques et moraux sur ces martyrs et leurs familles, qui n’honore pas l’image de notre pays que le Président de la République s’évertue actuellement à polir et constitue un mauvais signal que la Banque Centrale de la République de Guinée envoie aux investisseurs étrangers et au secteur privé.
Aujourd’hui aucun signal n’émane de cette instance de régulation des institutions financières dans notre pays pour apaiser ce climat qui devient de plus en plus délétère dans le pays.
Ce krach de la BADAM constitue donc une violation flagrante des droits de l’homme et incarne l’apathie de la BCRG, car elle ne parvient pas à assumer ses missions régaliennes en cas de crise financière majeures dans le pays.
L’expérience prouve que l’arbitrage des pouvoirs publics dans le dénouement de ce genre de différends, préserve toujours la paix et contribue ainsi à l’ancrage d’un Etat de droits dans le pays.
Surtout en mettant chaque démembrement de l’Etat devant ses responsabilités sociales et en les amenant à tenir leurs promesses et à se conformer à leur cadre juridique. Il en est de même de la banqueroute de la BADAM où l’Etat s’était engagé à travers la loi des finances 2012 sur la chaine de dépense à payer 16 milliards. Cette promesse ne connait encore pas un début de mise en œuvre.
Aujourd’hui, la Banque Centrale de la République de Guinée ne nous laisse alors pas une autre alternative que le recours à la rue, à la violence, pour être rétablis dans nos droits.
Cependant, nous croyons toujours que nous n’avons encore pas épuisé toutes les voies de recours qui s’offrent à nous pour une issue pacifique à cette faillite de la BADAM, nous demeurons donc ouvert au dialogue sincère et avons foi en nos institutions républicaines.
C’est pourquoi nous osons solliciter votre intermédiation, votre arbitrage, pour une issue heureuse à cette crise qui contentera tout le monde avec comme effet induit l’augmentation du taux de bancarisation de notre pays, confiné aujourd’hui à 7%, l’un des plus faible du monde.
Pour finir nous vous remercions, et osons croire que votre implication amènera les radars à retrouver enfin ces 36 milliards des 10 000 usagers de la BADAM.
Conakry, le 17 Juillet 2014
Le Président
Lansana Diawara
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