samedi, avril 20, 2024

Siguiri: des médecins suspendus à l’hôpital préfectoral…

Une vue de l’hôpital de Siguiri
Une vue de l’hôpital de Siguiri

Guinée- Conakry Le ton monte entre le directeur de l’hôpital préfectoral de Siguiri et des médecins. Résultat, deux médecins se sont vus suspendus jusqu’à nouvel ordre. La décision signée du directeur de l’hôpital est datée du 28 octobre, selon nos sources.

Les deux médecins suspendus ont pour noms Emmanuel Camara jusque-là chef service Pédiatrie et Amara Kaba du service Chirurgie -traumatologie. Pour en savoir un peu plus, sur les motifs de cette suspension, notre rédaction est entrée en contact avec l’un des concernés, Dr. Emmanuel Camara le dimanche 2 novembre. Celui-ci a confirmé sa suspension et celle Dr Amara Kaba, mais s’est abstenu  de tout commentaire.

Qu’à cela ne tienne, des proches de Dr. Emmanuel que nous avons contactés sur le terrain à Siguiri évoquent une suspension arbitraire et un règlement de compte.  En outre, ils font cas de renvoi par le directeur de l’hôpital préfectoral, des stagiaires en situation clinique, en situation de thèse et des médecins internes proches des deux médecins en disgrâce.

Pour sa part, le directeur de l’hôpital joint le samedi 1er novembre, Dr. Lanciné Sacko a une toute autre explication. Ces deux médecins ont été suspendus et mis à la disposition de la direction préfectorale de la santé pour « faute lourde ».

Pour ce qui concerne Dr. Emmanuel Camara, il a été suspendu pour avoir rançonné par plusieurs fois, des malades. Il a pris l’habitude de retirer une somme de dix mille (10 000) francs à chacune de ses consultations. Ce qui, aux yeux de Dr. Lanciné Sacko est une faute administrative grave. L’hôpital préfectoral de Siguiri est un établissement public, à ce titre, aucun médecin n’a le droit de rançonner les malades, en dehors du paiement de cinq mille (5 000) francs à l’entrée, au titre du prix du carnet de santé. Dr. Lancinè Sacko reconnait que ces deux médecins sont compétents chacun dans sa spécialité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il a fait intervenir le directeur préfectoral de la santé, le directeur régional de la santé et même le préfet de Siguiri pour tenter de ramener Dr. Camara à de meilleurs sentiments, mais en vain, précise le directeur de l’hôpital. Pire que ça, le Dr. Sacko accuse Dr. Camara des propos osés à son encontre.

S’agissant du cas de Dr. Amara Kaba, il a été suspendu pour avoir refusé de soigner des malades en provenance de la Société minière de Dinguiraye et de la société d’exploitation de l’or à Siguiri, sous prétexte qu’il ne perçoit pas de prime. « Ce n’est pas un droit, puisque tous ces deux médecins sont fonctionnaires et perçoivent donc régulièrement leur salaire » se défend Dr. Sacko.

Mais pour les proches de Dr. Kaba, ces deux sociétés accordent une subvention annuelle à l’hôpital, sans compter celle de l’Etat.  » Les travailleurs devraient avoir des primes, mais il n’en est rien » dira un médecin en service à l’hôpital de Siguiri.

Concernant le cas des stagiaires, le directeur jure qu’il n’a renvoyé aucun stagiaire. Toutefois, il reconnait que certains stagiaires ont été suspendus pour avoir dit à des malades qu’il n’y a pas de service puisque Dr. Emmanuel Camara est suspendu, alors que le service n’avait pas été interrompu. Il précise que le stage des étudiants en médecine en situation de synthèse a été interrompu sur la demande de leurs autorités pour cause d’Ebola.

Tout ceci n’est que prétexte et montage, rétorquent des proches des médecins incriminés. Car, pour avoir financé sa spécialisation sur fonds propres en pédiatrie, Dr. Camara Emmanuel est en droit de demander 10 000 francs au titre des frais de consultation individuelle. Il aurait même réitéré cela devant témoin, à l’ex-ministre de la Santé Naman Kéita lors d’une de ses visites à Siguiri. Il en sera de même, parait-il, pour l’actuel ministre de la Santé, Remy Lamah.

Pour ces interlocuteurs, beaucoup de médecins le font dans tous les hôpitaux publics du pays. Certains prendraient jusqu’à 30 000 francs pour une consultation.

Selon ces sources, le directeur de l’hôpital de Siguiri fait dans la diversion, les vraies raisons de la difficile cohabitation avec ces deux médecins sont à chercher à ailleurs.

Nos sources témoignent qu’à l’arrivée de Dr. Emmanuel Camara à Siguiri en 2012, il n’y avait aucune organisation en place à l’hôpital. C’est, semble-t-il, le directeur, le chef du service administratif et financier et le surveillant général de l’hôpital qui prenaient toutes les décisions sans la moindre consultation avec les médecins.

Ainsi, pour pallier ces « dysfonctionnements » Dr. Emmanuel  s’est associé à d’autres médecins pour demander la mise en place d’un conseil consultatif. Ceci n’aurait pas été du gout du directeur de l’hôpital de Siguiri. Cet état de fait ajouté au paiement « illicite » des 10 000 francs  au titre des frais de consultations, auraient constitué le terreau de la discorde entre le Directeur de l’hôpital préfectoral et Emmanuel Camara au grand Dam des patients du Bourré.

A l’heure qu’il fait si rien n’est fait, rapportent nos sources, pour rapprocher les deux camps, ces médecins seraient sur le départ définitif de l’hôpital pour fonder leurs propres cliniques à l’image d’autres médecins comme le Dr. Diakaria…

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