Une image vaut 1.000 mots, enseigne-t-on dans les écoles de journalisme. En Guinée, l’image d’un béret rouge qui se promène, Kalachnikov en main, ou la descente d’un commandant d’une unité d’élite de l’Armée guinéenne, dans le bureau d’un magistrat, la semaine dernière, valent plus que les mots d’assurance du ministre de la Défense,Me Abdoul Kabèlè Camara, à propos de la réforme des services de défense et de sécurité. Les signes d’échec.
Lundi 10 novembre, à la Minière, un embouteillage matinal, comme chaque début de semaine à Conakry.D’un seul coup, tous les regards sont rivés sur un jeune soldat, kalachnikov -pas en bandoulière-, en mains, le bout tourné vers le sol. Le jeune béret rouge dépasse véhicule et citoyens, mais les yeux sont sur lui, stupéfaits. Ces regards n’intéressent pas le militaire en question, qui continue tranquillement son chemin.
A l’analyse de ces regards, les citoyens expriment leur peur de voir encore – après l’annonce des reformes des services de défense et de sécurité- une telle scène. Si le projet de reforme des forces de défense et de sécurité a été acclamé et approuvé par les bailleurs de fonds de la Guinée, c’etait pour des objectifs tels éviter ces scènes au peuple. Un homme de rang qui se ballade avec une arme automatique en plein coeur de Conakry.
A la Justice, un gendarme est trainé actuellement devant les barreaux par un groupe de presse. Devant témoin, cet homme en uniforme, en toute illégalité, a donné une paire de gifles à un journaliste, alors en plein exercice de son métier. Jusque-là, le gendarme accusé n’a pad daigné répondre aux appels des juges.
La semaine dernière, Commandant Mohamed Lamine Diarra, chef du BATA, une unité d’élite de la garde présidentielle, bref de l’Armée guinéenne, a foncé, en compagnie de deux des es éléments, dans le bureau d’un magistrat au Tribunal de Première Instance de Dixinn, en banlieue de Conakry. Après l’agression physique de ce magistrat, ces trois militaires ont saccagé les bancs de la salle d’audience. L’armée viole dame Thémis sous l’autel de l’impunité, dirait-on. En dépit du jugement et la condamnation – rapides- de ces soldats,une question taraude les esprits.
La réforme des services de défense et de sécurité a-t-elle échouée? Certains observateurs franchissent vite le rubicond. Si la politique nationale de défense du pays, s’est bâtie autour des « attentes des populations » guinéennes, l’échec est patent.