La » réticence communautaire » face à l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola reste un goulot d’étranglement de la Coordination nationale de riposte. Notre reporter qui était le week-end dernier à Coyah, a constaté les dégâts de cette ignorance. Reportage.
A Coyah, samedi dernier, les populations ont empêché les agents pulvérisateurs d’accomplir leurs obligations. L’opération de pulvérisation a été empêchée, simplement. Sur les motifs de ce refus, beaucoup de versions y circulent.
Alhassane Camara, citoyen de Coyah, reste sur la défensive. « Ils pulvérisent notre maison pourquoi, il n’ y a pas d’Ebola ici.»
Pour d’autres, c’est une machination du pouvoir en place. « C’est une stratégie pour eux de ne pas organiser les élections » a scandé sous l’anonymat, un manifestant en colère contre cette opération de pulvérisation.
Pourtant, la préfecture de Coyah avait enregistré le mois dernier 18 cas confirmés d’Ebola. Malgré ce nombre, la réticence est toujours de mise. Ce jour, les manifestants ont barricadé les routes tout en jetant des cailloux contre les véhicules des agents pulvérisateurs. Ce qui a provoqué un embouteillage sur la route nationale Coyah-Kindia.
A Forecariah, Malgré les multiples sensibilisations des citoyens à croire en l’existence de cette maladie et la mise en place d’un centre de transit pour des malades Ebola, ils sont nombreux ces citoyens qui restent réticents.
« Ici, une fois qu’il y a un cas de mort. On dit que c’est Ebola. On a l’impression qu’il n’y a pas d’autres maladies qui tuent si ce n’est pas Ebola. Moi je ne crois pas à cette maladie » réagit Fatoumata Camara, une habitante de Coyah.
A quelques mettre de là, nous avons rencontré une autre personne du nom youssouf Sylla qui a un point de vue contraire à celui du précédent.
« Ebola est une réalité en Guinée, il faut que les gens respectent les règles d’hygiènes recommandées par les autorités médicales. C’est la seule façon pour nous d’éviter cette maladie » conseille-t-il.
» Un des défis à relever » pour le Coordonnateur national de la riposte à Ebola, Dr Sakoba Keita, est bien cette » réticence communautaire ». Tant qu’elle existe, juge-t-il, ce sera ardu de rompre la chaîne de contamination de cette épidémie.
Le Grand Imam de la mosquée Fayçal de Conakry, El Hadj Mamadou Saliou Camara, en compagnie de l’Ambassadeur des Etats-Unis en Guinée, s’est rendu la semaine dernière à Coyah, dans le but d’appuyer la lutte contre Ebola. En langue du terroir, il a aussi sensibilisé les citoyens, en grande partie des musulmans, à croire en l’existence de cette épidémie dans notre pays.
Selon les dernières statistiques de la Coordination nationale, la situation de l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola en Guinée Du début de l’épidémie jusqu’à la date du 06 Novembre 2014, la Guinée a enregistré 1813 cas dont 1079 décès (59.5%) répartis comme suit : Cas confirmés : 1552 dont 875 décès (53.3%), Cas probables : 204 dont 204 décès et Cas suspects : 57. Au total 579 personnes sont sorties guéries des centres de traitement soit (soit 37.3%).