vendredi, avril 19, 2024

OIF : la canadienne Michelle Jean succède à Abdou Diouf

Parmi les cinq candidats en lice, les pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ont nommé ce dimanche 30 novembre la seule femme qui briguait le poste de Secrétaire général : la Canadienne Michaëlle Jean. Première femme à occuper cette position, elle succède à l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, qui a passé douze ans à la tête de l’organisation. Portrait d’une femme francophone dynamique.

Eclectique. A 57 ans, Michaëlle Jean connaît un parcours professionnel et personnel pluriel mais qui trouve pour fil rouge la francophonie. Née en Haïti, elle fuit le pays à 11 ans avec ses parents pour échapper au régime dictatorial de François Duvalier.
Sa terre d’accueil ? Le Canada, plus précisément le Québec où elle entrera à l’Université de Montréal où elle poursuit des études de Littérature. Polyglotte, elle parle le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol et le créole.
En 1987, elle embrasse la carrière de journaliste à la télévision publique Radio Canada. Métier qu’elle exerce pendant 17 ans et qui lui vaudra de nombreuses distinctions. Pendant cette période, elle participe à différents films documentaires de son mari, le cinéaste Jean-Daniel Lafond, avec qui elle a une fille.
En 2005, elle devient Gouverneure générale du Canada jusqu’en 2010.

Pendant son mandat, elle reçoit à plusieurs reprises celui à qui elle succède désormais : le Secrétaire général sortant de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : Abdou Diouf.
L’ancien président sénégalais l’a nommé alors grand témoin de la Francophonie pour les Jeux olympiques de Londres en 2012. « Cette nomination a constitué un gage de confiance », confiait-elle à Jeune Afrique en septembre dernier. L’Organisation ne lui est donc pas inconnue « Pendant presque deux ans, j’ai pu voir de l’intérieur comment fonctionnait l’OIF », se plaisait-elle alors à rappeler, en pleine campagne, aux journalistes.
Gouverneure
Ses responsabilités de Gouverneure l’emmènent dans toutes les provinces et territoires du Canada. Durant sa campagne au poste de Secrétaire générale de l’OIF, elle a beaucoup valorisé sur cette expérience afin de rassurer sur ses capacités de gestion d’une institution.
Quand en 2010 son mandat prend fin, elle accepte de devenir pendant quatre ans, l’envoyée spéciale de l’Unesco pour Haïti quelques mois après le terrible tremblement de terre qui anéanti son pays natal.
En même temps, en 2012, elle endosse également le statut de chancelière de l’Université d’Ottawa, le plus grand campus bilingue français/anglais du monde.
Si la Francophonie ponctue son parcours professionnel, la défense de la cause des femmes y est aussi très présente. En 2009, elle reçoit le Prix Canada du Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM) pour sa contribution à l’avancement des sexes.
Canada
Pendant sa campagne pour l’OIF, elle a été attaqué sur ses velléités francophones notamment par l’ex-Premier ministre Bernard Landry du Parti québécois, qui confie au site d’information La Presse : « Lorsqu’elle était gouverneure générale du Canada, je ne l’ai jamais vue engager quelque bataille que ce soit pour défendre la langue française ou la faire rayonner, alors qu’au Canada, malheureusement, en dehors du Québec, les minorités francophones sont en régression rapide. Tout cela me semble un mauvais alignement d’astres.» Il relève aussi, sur le site internet, que Michaëlle Jean « a renoncé à sa citoyenneté française pour pouvoir accéder, selon son ambition personnelle – et c’est légitime -, au poste de chef de l’État du Canada ».
L’intéressée nuance cette information dans l’interview qu’elle a donné récemment à Jeune Afrique : « J’ai été en quelque sorte suspendue de cette nationalité”. Ayant obtenu la nationalité française peu avant d’être nommée gouverneure, elle a dû trancher et la laisser de côté : « la commandante en chef des armées ne pouvait être sous deux bannières”, justifie-t-elle.
Son nouveau mandat à la tête de l’OIF pourra, peut-être, lui permettre d’accéder à nouveau à cette double nationalité.
Afrique

Nommée en Afrique, qui compte le plus grand nombre de locuteurs de français, ce continent représente, pour Michaëlle Jean, le nouveau défi de la francophonie. Avec le doublement de la population prévu d’ici à 2050, « il faut une stratégie et une pensée économiques francophones pour en tirer le meilleur ». La nouvelle Secrétaire générale de l’OIF veut y « établir une feuille de route pour maintenir l’action politique de la Francophonie », qui n’ira pas sans « une stratégie économique plus inclusive des forces vives que représentent les femmes et les jeunes », justement le thème cette année du Sommet de Dakar.
Politique et économie reviennent au cœur du discours de la Canadienne qui déclarait récemment à l’AFP souhaiter que « toute l’action politique de la francophonie (soit) mieux connue ».

Elle qui disait pendant sa campagne vouloir « dynamiser” la francophonie. Michaëlle Jean a désormais les clés en main pour y parvenir et convaincre.

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