lundi, janvier 20, 2025

Quel est l’avenir de nos espaces de travail ?

Demain, les bureaux existeront-ils encore ? Après tout, les changements apportés par le numérique ne nous dispensent-ils pas de nous rendre tous en un même lieu dédié, pour nous permettre de travailler chez nous, ou au moins dans un « tiers-lieu » ouvert au public ?

Pour répondre à cette question, sur la scène de Lift France, le professeur de design Jeremy Myerson a mis l’histoire du bureau en perspective, remontant ainsi aux origines des professions du secteur tertiaire.

Myerson enseigne au Helen Hamlyn Centre for design du Royal Collège of Art de Londres, l’une des plus grandes écoles d’art du monde et l’une des plus anciennes, avec ses 150 ans d’âge. Il participe également au groupe Creative Exchange, qui explore comment le numérique impacte les communautés, et modifie la manière dont nous vivons et travaillons.

Le bureau a connu trois grandes vagues de changement : le taylorisme, le bureau « social-démocrate » et enfin, l’actuel bureau en réseau, résume Jeremy Myerson.

A l’origine, les premiers travailleurs tertiaires (comptables, notaires, etc.) disposaient comme ils le souhaitaient de leur espace personnel. C’était l’époque du bureau à cylindre, solide, mastoc et assez protecteur.

Avec Taylor et ses théories sur la « division scientifique du travail », cette période individualiste prend fin. L’heure est à la normalisation, à la maîtrise de la production. Les bureaux se ressemblent tous, et les individus eux-mêmes sont considérés comme des unités de production. C’est l’univers kafkaïen des Temps Modernes de Chaplin, qui ne touche pas que l’usine et le monde industriel, mais l’ensemble des professions. Myerson a pointé la similitude des images de sorties d’usine à l’époque et une photo extraite de A nous la liberté de René Clair, qui montre une cohorte de prisonniers. Il a aussi comparé deux clichés impressionnants : l’un d’entre eux présente une secrétaire devant sa machine à écrire. Ses légendes spécifient de manière très précise quels doivent être les gestes à accomplir. Sur l’autre image, issue de Playtime de Jacques Tati, on voit une multitude de travailleurs enfermés chacun dans de petites boites. Lorsque Myerson montre cette image, certains participants s’écrient : « Mais j’ai travaillé là ! » Preuve que le bureau tayloriste n’est pas encore mort !

Myerson a également mentionné quelques œuvres d’art qui parodient cette mécanisation de l’activité, comme la « Machine à salaire minimum » de Blake Fall-Conroy (où il faut tourner une manivelle pour gagner un penny) ou la vidéo de Revital Cohen et Tuur Van Balen, « 75 watt », sur laquelle on voit des travailleurs chinois travailler à la chaîne pour construire un objets à l’utilité douteuse et inconnue, mais dont la série de gestes nécessaires à son assemblage constituent une chorégraphie…

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