Le mercredi 10 décembre, journée internationale des Droits de l’Homme une dizaine de jeunes cadres fonctionnaires et non fonctionnaires du ministère des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques ont entamé une grève de la faim, en signe de protestation contre leur ministre, Kalifa Gassama Diaby accusé de ne pas faire assez pour les embaucher.
Dans leur plateforme revendicative, ces jeunes protestataires munis de pancartes réclament entre autres, ce qu’ils appellent la fin du traitement discriminatoire du personnel du Département des Droits de l’Homme.
Mais comment en est-on arrivé là? Selon Sekou Fofana, un des grévistes, tout a commencé avec le projet « rajeunissement et féminisation de l’administration publique » guinéenne. Dans ce cadre, plusieurs jeunes ont été formés. Parmi eux, le ministre Gassama Diaby aurait copté 30 jeunes fonctionnaires dont 16 non fonctionnaires venus pour la plupart des structures de la société civile.
Pour les former aux notions basiques des droits de l’Homme, le ministère des Droits de l’Homme a organisé en leur faveur, un atelier du 22 au 25 aout 2013 à Kindia. C’était avec l’appui du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme en Guinée.
Au sortir de cet atelier, ajoute Sekou Fofana, le ministre des Droits de l’Homme a sorti une décision d’orientation de ces jeunes au niveau des différentes directions du département. « Mais contre tout attente, nous avons été renvoyés le 05 décembre courant par le ministre Gassama. »
Mais selon ce gréviste, la goute d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le refus systématique, sans motif du ministre Gassama de signer les lettres de recommandation et de transmission pour une formation en faveur de deux cadres du département en Droit international en Ethiopie.
Les faits selon le ministère…
Vu la gravité des accusations contre le ministre des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques, nous avons cherché et réussi à entrer en contact avec le principal mis en cause: Kalifa Gassama Diaby. Seulement voilà, le ministre Gassama Diaby n’a pas souhaité s’exprimer sur ce le sujet.
Néanmoins, comme en pareille situation, les langues se délient toujours, dans les allées du ministère des Droits de l’Homme, nous avons pu avoir d’autres sources officielles qui ont souhaité elles s’exprimer sous le couvert de l’anonymat.
A l’issue donc d’une série d’entretiens, il ressort que sur la trentaine de jeunes issus de l’équipe de l’atelier de Kindia, seulement 8 sont en grève, contrairement aux dires des grévistes, les autres sont soit les jeunes qui se sont désolidarisés de la grève, soit se sont retournés dans leurs départements d’origine ou ont quitté tout bonnement le pays.
Donc sur les 8 grévistes, à en croire nos sources, quatre sont fonctionnaires et perçoivent régulièrement leur salaire dans leurs départements d’origine.
« Aucun contrat d’embauche n’a été signé » entre le Département des Droits de l’Homme et les jeunes grévistes, déclarent catégoriques nos sources qui précisent que le pacte était ceci: « Ceux qui acceptent de rester, je ne peux les payer que si le ministère Délégué au Budget me met les moyens à disposition pour les payer. Celui qui veut partir part, celui qui trouve un autre travail part. C’est ainsi que certains ont accepté de rester dans l’espoir que la situation va changer, et les autres qui ne pouvaient tenir la situation sont naturellement partis » aurait tenu le ministre des Droits de l’Homme. Mais faux, rétorque, Sékou Fofana qui persiste qu’ il existe bel et bien un contrat entre eux et le Département.
Pour convaincre de la bonne foi du ministre des Droits de l’Homme, nos interlocuteurs nous ont donné copies de trois lettres dont celles en date du 05 novembre 2013 et du 14 octobre 2014 adressées au ministre de la Fonction Publique, de la Reforme de l’Etat et de la modernisation de l’Administration avec pour objet, des demandes de mutation interdépartementale de fonctionnaires au ministère des Droits de l’Homme.
Plusieurs autres lettres de transmissions ont été adressées au ministre délégué au Budget. Notamment celle en date du 07 mai 2014, conformément à la lettre N0 0064/MDB/CAB du 11 janvier 2013 relative au recrutement du personnel contractuel des départements ministériels.
Toutes ces lettres avaient un seul but: régulariser la situation de ces jeunes. Malheureusement, ces lettres aux deux ministres, sont restées lettres mortes. Aucune suite, favorable ou non, se désolent nos informateurs.
Fin de la grève de la faim
Aux dernières nouvelles, donnée pour trois jours, la grève de la faim a finalement pris fin suite à l’intervention d’un conseiller de la présidence de la République, M. Sidibé mandaté par Kiridy Bangoura ministre secrétaire général de la présidence de la République.
M. Sidibé a rencontré aux alentours de 17 heures, les grévistes en compagnie des responsables du département dont le Chef de Cabinet dans les locaux dudit département. Ainsi, le médiateur du jour a demandé aux jeunes de surseoir à leur mouvement et que des dispositions seront prises pour examiner leur situation en vue d’une solution.
Ces jeunes grévistes – dont M. Douno Mory, l’assistant personnel du secrétaire général du département- ont entendu raison puisqu’ils ont accepté de lever le mot d’ordre du mouvement.
En attendant, les partisans du ministre des Droits de l’Homme ne semblent pas prêts à digérer de sitôt ce qu’ils appellent cabale, manipulation montée et entretenue par des complices internes et externes.