Alhousseiny Makanéra Kaké est ministre de la Communication et parrain de la préfecture de Forécariah dans la riposte à Ebola. Nous l’avons rencontré mercredi 21 janvier à Forécariah. Il nous livre les derniers chiffres sur Ebola. Lisez plutôt l’entretien qu’il nous accordé!
Guineetime.com: Vous êtes le parrain de la préfecture Forécariah dans la croisade contre Ebola. A date, quel est l’état d’évolution de cette maladie dans le Moriah?
Alousseiny Makanéra Kaké: Depuis le début, il y a eu 54 cas confirmés à Forécariah. Mais ce qui est important de noter est qu’il y avait plusieurs zones de réticence. Mais ces zones de réticence sont entrain d’être maitrisées progressivement. Cela nous fait croire qu’il y aura une explosion des cas d’Ebola dans les prochains jours. Mais ceci n’est pas alarmant puisque lorsque les zones sont fermées, on ne sait jamais ce qui s’y passe. Donc les chiffres qu’on donne ne sont pas souvent conformes à la réalité du terrain. Cette courbe va exploser mais après ça va retomber complètement et définitivement.
Aujourd’hui matin, il y a eu 9 alertes dont 3 cas suspects, ce qui nous oblige à aller rapidement à Pamelap. Pour vaincre rapidement Eboa, nous avons une stratégie claire que nous avons définie conformément à la volonté du gouvernement et par rapport à la déclaration du premier ministre Mohamed Said Fofana, déclaration très populaire désormais, c’est-à-dire la déclaration de Coyah qui demande l’utilisation des moyens de la sensibilisation tant que cela est possible et mettre en marche la puissance publique tant que cela est nécessaire tout en respectant scrupuleusement les lois de la République.
Quels sont à ce jour, les foyers de réticences à Forécariah?
Il y avait effectivement les sous-préfectures de Kaback, Pamelap, Sikhourou, Kalia, Allassoyah. Mais, grâce à l’action combinée des forces de sécurité, notre mission, la coordination préfectorale de riposte à Ebola, M. le préfet et ses collaborateurs, les partenaires, nous avons pu réduire la réticence dans certaines zones telles que Allassoyah où nous avons pu extraire 3 cas d’Ebola. Hier [ndlr: mardi 19 janvier] à Dandaya, nous avons pu faire un enterrement sécurisé, à Maferinyah également, et je suis convaincu qu’à partir d’aujourd’hui, la réticence va baisser à Pamelap où nous nous rendons maintenant, les autres zones de réticence vont suivre.
Quelle est la réalité des faits concernant l’usage de la force faite récemment à Kaback?
Je pense que même parler de l’usage de la force est péjoratif, car nous n’avons fait qu’appliquer les lois de la république parce que le gouvernement ne peut pas permettre que des citoyens brulent d’autres citoyens, ainsi que leurs biens. C’est à Kaback que des citoyens avaient frappé un pasteur et bruler sa voiture. Certains citoyens avaient été interpellés par rapport à cette action, d’autres pour avoir incendié d’autres édifices publics.
Mais la sensibilisation aidant, ce sont les mêmes ressortissants et habitants de cette zone qui ont mis aux arrêts, les présumés responsables de ces incendies qui sont déjà à Forécariah. Ils sont entrain d’être auditionnés. Tous ceux qui sont innocents seront purement et simplement remis en liberté. Mais les autres sur lesquels pèseront des charges, seront mis à la disposition de la justice pour qu’ils soient jugés conformément à la loi.
Que peut-on retenir à date comme statistiques sur Ebola dans la préfecture de Forécariah?
En terme de statistique à date, il faut dire qu’il y a une évolution, mais cela n’est guère surprenant, parce que les zones étaient restées fermées, je crois que ça va exploser les 72 heures qui suivent, mais après ça retomber à zéro.
La coordination nationale de lutte contre Ebola se fixe pour objectif d’éradiquer Ebola d’ici à 60 jours, la préfecture de Forécariah sera-t-elle à ce rendez-vous?
Je voudrais dire qu’à Forécariah, nous avons espoir d’être au rendez-vous des 60 jours. Nous estimons qu’avec la qualité des hommes que nous avons trouvés sur le terrain. Par exemple M. le préfet de Forécariah, le coordinateur préfectoral de Forécariah, les services de sécurité, et l’ensemble des partenaires sur le terrain, nous pouvons sans risque d’erreur dire que dans les deux semaines qui suivent, il n’ y aura pas de nouvelles contaminations, si en tout cas, le programme que nous nous sommes donnés est respecté parce qu’il y a des réalités qui ne dépendent pas de nous. C’est à dire que les moyens qui doivent être mis à la disposition des services de sécurité et d’autres agents de santé ne dépendent pas de nous. Mais la qualité et la volonté des hommes de terrain sont là.
On vous a vu tout de suite avec l’ambassadeur des Etats-Unis, peut-on savoir ce que vous vous êtes dit?
L’ambassadeur des Etats-Unis est venu pour voir la présence effective des comités de veille villageois et nous avons échangé. Je crois que cet échange a été fructueux parce que souvent les ambassadeurs surtout occidentaux se font souvent trompés par certaines ongs [ndlr: organisations non gouvernementales] qui rapportent qu’on n’a pas respecté les droits de l’homme, qu’on a arrêté par-ci, qu’on a arrêté par-là, je lui ai dit que nous avons aujourd’hui pour objectif de protéger les Guinéens contre la maladie Ebola. Donc toute personne qui s’oppose à l’application de ce programme qui mette fin à la propagation du virus Ebola, répondra devant la loi. Le gouvernement ne pas accepter que certaines personnes s’attaquent à d’autres personnes, à leur intégrité physique ou détruire leurs biens. Par exemple bruler la voiture de quelqu’un, sans qu’il ne soit interpellé sans qu’il ne réponde devant la loi. Et c’est ainsi que lui-même m’a dit qu’eux, ils sensibilisent. Ett je lui ai dit que c’est pourquoi nous sommes derrière eux. Vous vous sensibilisez, nous nous venons renforcer cette sensibilisation, mais ceux qui ne comprennent que le langage de la force, nous leur opposerons la loi.
Entretien réalisé par Ismaël Camara