La rencontre entre le Syli national de Guinée et les Aigles du Mali a été très difficile pour les joueurs de Michel Dussuyer. Transférés sur le plus pitoyable terrain de football de la compétition, avec un schéma tactique qui favorisait plus les duels physiques, Ibrahima Traoré et ses coéquipiers ont beaucoup souffert, abandonnant à présent leur sort au… tirage au sort.
Michel Dussuyer avait pourtant les moyens d’inscrire cette rencontre décisive dans un autre registre. Sa prudence (excessive ?) l’a amené à aligner une équipe avec le Lyonnais Mohamed Yattara au poste d’avant-centre pour fixer à lui seul les deux défenseurs centraux maliens. Une option risquée dans la mesure où il a obligé les défenseurs guinéens à balancer de longs ballons. C’était une erreur et les choses auraient pu se passer autrement.
Ce choix est d’autant plus discutable que des petits gabarits rapides (Seydouba Soumah, François Kamano) capables de coulisser dans le dos de la défense adverse – ou dans les intervalles – auraient pu gêner les colosses maliens. Pour cela, il fallait bien entendu poser le jeu afin d’empêcher les Aigles d’abuser de ces longs ballons, véritable calvaire pour la défense guinéenne durant toute la partie.
Il est vrai que cette dernière était fortement handicapée par un Issiaga Sylla totalement emprunté, véritable passoire pour le flanc droit de l’attaque malienne, conduite par Modibo Maïga et Abdoulaye Diaby. On se demande même comment Dussuyer n’a pas pu déceler plus tôt ce danger qui pesait sur la confiance de l’équipe guinéenne. Une situation d’autant plus compliquée que le feu follet Ibrahima Traoré, cible des défenseurs maliens, est sorti sur blessure (espérons que ce n’est pas grave) ou plutôt sur une agression caractérisée.
Cela dit, même si ce n’est une excuse, l’équipe guinéenne a été très gênée par la mauvaise qualité de la pelouse de Mongomo, favorisant les costauds maliens. Cette rencontre importante aurait pu se jouer sur un autre terrain (à Malabo ou à Bata) et changer complètement le destin du Syli national de Guinée.
L’une des équations non résolues par les Guinéens durant près de 80 mn était la maîtrise technique au milieu de terrain qui, face au défi physique imposé par les adversaires, a eu du mal à poser le jeu. Toutes ces actions où on voit Ibrahima Sory Conté « Maïbra » à la peine, bousculé par plus fort que lui, ne sont que l’illustration de ce fait. Ce n’est pas pour rien qu’avec les changements opérés, la Guinée a réussi à équilibrer un peu mieux le jeu mais ce fut tellement laborieux !
A présent, tous les regards sont tournés vers Malabo où un cruel tirage attend les deux équipes. Ce sera, selon les commentateurs de CANAL+ à 15h GMT. On croise les doigts…
LES NOTES DU MATCH
Naby Yattara (7,5/10) : Un penalty arrêté, quelques bonnes interventions, le gardien de but guinéen a rempli son contrat. Dans un match où son équipe était dominée, il a fait son job. Très bon match.
Abdoulaye Cissé (7/10) : l’arrière latéral droit guinéen a été l’un des joueurs qui a pu garder la sérénité durant toute la partie, en dépit du rythme imposé par les Maliens. Son gabarit lui a permis de s’imposer contrairement à son alter égo du flanc gauche. Très bon match.
Baïssama Sankoh (6,5/10) : Il s’est défendu comme il a pu, avec ses armes. Son petit gabarit ne l’a pas aidé face à Moustapha Yattabaré, surtout dans les duels aériens. Mais il a bien bouché les trous. Assez bonne partie.
Fodé Camara (7/10) : Voilà un joueur qui ne s’est pas laissé faire. Durant toute la rencontre, il est allé au charbon pour contrer les adversaires. Un match de guerrier, malgré les insuffisances d’un milieu de terrain qui a eu du mal à conserver le cuir.
Issiaga Sylla (4/10) : Souvent dans le vent, trop hésitant, l’arrière latéral gauche a été le talon d’Achille de l’équipe guinéenne. On l’avait déjà senti à la peine lors de la première rencontre contre la Côte d’ivoire. L’égalisation malienne vient après une action où Diaby le dépose comme à l’entraînement. Heureusement que le jeune Djibril Tamsir Paye est venu le suppléer pour stabiliser le côté gauche de l’équipe guinéenne. Si la Guinée se qualifie, Dussuyer devra résoudre l’équation Sylla, un joueur auteur d’un match médiocre.
Boubacar Fofana (6,5/10) : Le guerrier du milieu de terrain guinéen a engagé le combat mais il manquait de soutien. On peut le créditer d’un match correct malgré les circonstances.
Naby Keïta (6,5/10) : A l’image de Fofana il s’est démené comme un beau diable au milieu de terrain. Malheureusement ses initiatives ont été souvent gênées par la mauvaise qualité de la pelouse. Match correct.
Ibrahima Sory Conté (6/10) : Il a véritablement été l’un des joueurs guinéens à la peine au milieu de terrain, dans une forêt de costauds. Il a fait ce qu’il a pu. Son remplacement était nécessaire à notre avis.
Kevin Constant (7/10) : Auteur d’une magnifique Panelka sur le penalty guinéen, l’ancien milanais a été l’un des joueurs du milieu du terrain qui a pu lutter à armes égales avec les Maliens. Ce n’est pas un hasard s’il a terminé la partie sur les rotules, complètement cramé. Très bonne partie.
Ibrahima Traoré (6/10) : Ce fut sans doute l’un des plus mauvais matches du symbole du renouveau du football guinéen. Mais ce n’est vraiment pas de sa faute avec des défenseurs dans le dos qui jouaient sur l’homme à la limite de l’agression. Sa blessure est provoquée par un tacle assassin du latéral gauche malien. Le cas Traoré devrait inciter les arbitres africains à mieux protéger les créateurs de jeu. Match très difficile.
Mohamed Yattara (6,5/10) : Il a fait son travail et résisté à l’impact des défenseurs maliens, les dominant même par moment. Vu les circonstances, il a été auteur d’un match correct même si un bon avant-centre est celui qui trouve le chemin des filets.
Seydouba Soumah et Abdoul Razzagui Camara (non notés).