Le directeur général du CHU d’Ignace Deen, Dr Mohamed Awada, a informé cet après midi votre quotidien de l’ouverture d’une enquête en vue de situer sur le cas d’une femme en état de grossesse avancé, et qui n’aurait pas été prise en charge par les services de la maternité de son institution.
« Nous allons ouvrir une enquête pour comprendre comment cela s’est passé…Ce sont les gens qui m’ont appelés pour me tenir informé » affirme le directeur général du CHU Ignace Deen le deuxième grand centre hospitalo-universitaire de la Guinée.
« Les premières enquêtes que j’ai faites au niveau de la Maternité n’ont rien données….On m’a dit làbas qu’ils n’ont pas vu cette dame et elle n’existe pas dans le registre des consultations. Mais nous allons continuer l’enquête en profondeur » poursuit Dr Awada.
Ce médecin ne comprend pas encore si cette dame en grossesse a été suivie ou pas par un gynécologue durant ses 9 mois.
Dans l’émission de ce lundi des « Grandes Gueules » sur Espace fm, Aboubacar Camara, l’époux de la défunte a expliqué, comment à Ignace Deen, les médecins ont raconté le manque de matériels d’accouchement, en dépit de la grossesse avancée de la dame. Au CHU Donka, en banlieue de Conakry, aux urgences, la même rhétorique.
« Ma femme a demandé à aller aux toilettes. A son retour, elle a eu une douleur atroce. Et c’est dans cette salle qu’elle a commencé à accoucher. Les médecins sont restés là à nous regarder. Ma femme a accouché, à même le sol », pleurniche le veuf, Aboubacar Camara.
Déboussolé, cette victime qui se console avec son bébé, entend porter plainte pour non assistance de personne en danger.
Dr Anneke Vercoutere, une gynécologue-obstétricienne contactée par Guinéetime en Belgique, affirme que cette histoire de la mort soudaine de cette femme est bizarre. C’est pourquoi il faut enquêter et rechercher ce qui s’est passé! On ne peut pas vite prendre des conclusions et on doit bien investiguer sur ce qui est passé pour éviter que ça se ne reproduise dans le futur. Car la cause peut être évitable » tente-t-elle d’analyser.
Dr Vercoutere soutient qu’il peut y avoir plusieurs causes médicales liées à ce cas dont une « embolie amniotique ». Ceci est « un événement médical rare et souvent dramatique qui peut survenir lors d’un accouchement par voie basse ou par césarienne. Cette embolie amniotique ne peut être ni prévue, ni prévenue et chaque année en France, elle représente environ 10% des décès maternels.
Selon des spécialistes, beaucoup de femmes laissent la vie pendant la grossesse, l’accouchement et en postpartum en Guinée…
Selon l’OMS, le taux de mortalité maternelle en 2010 est de 610. « Un chiffre qui peut et doit baisser » soutient Dr Vercoutere.
La quasi-totalité des décès maternels (99%) se produisent dans des pays en développement, dont plus de la moitié en Afrique subsaharienne et près d’un tiers en Asie du Sud.Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement est de 230 pour 100 000 naissances, contre 16 pour 100 000 dans les pays développés. On note d’importantes disparités entre les pays, quelques-uns ont un ratio de mortalité maternelle extrêmement élevé, qui est près de 1000 ou davantage pour 100 000 naissances vivantes. On observe également de grandes disparités à l’intérieur d’un même pays, entre les populations à faible revenu et à revenu élevé et entre les populations rurales et urbaines.lit-on sur le site de l’OMS.
La gratuité de la césarienne et des frais médicaux liés à l’accouchement, était une première mesure prise par le Pr Alpha Condé dès son élection en 2010 en Guinée.
A suivre…
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